Liza Minnelli ne sait pas trop pourquoi elle n'a jamais chanté au Festival de jazz. Aux journalistes montréalais qui participent à sa conférence téléphonique, elle répond qu'elle a toujours voulu être du festival montréalais, mais qu'elle devait être occupée ailleurs. «Finalement, lance-t-elle, je reviens dans une de mes villes préférées.»

C'est un fait, on n'a pas vu souvent «Liza avec un Z» au cours des dernières années. Avant sa participation au spectacle collectif de la cérémonie de clôture des Outgames au Stade olympique en 2006, c'est au Cabaret du Casino de Montréal qu'on avait vraiment pu goûter son spectacle il y a 15 ans.

Il faut dire que, toute star qu'elle soit, la fille de l'immortelle Judy Garland et du cinéaste Vincente Minnelli ne l'a pas eue facile. Elle a connu la gloire dans le film Cabaret et à Broadway, mais elle a aussi vécu plus que sa part de problèmes de tout ordre, dont une encéphalite qui a failli l'emporter. Malgré tout, elle est encore là, à 66 ans, à faire des disques et à donner des spectacles. Une survivante.

«Tout ce que je sais, c'est que j'allais survivre à tout, dit-elle d'un ton convaincu. On me disait que quelque chose n'allait pas? Je répondais: comment ça se répare, qui dois-je consulter, quelle est la meilleure approche? Je n'ai jamais pensé, pas même une seconde, que je ne passerais pas au travers, quel que soit le problème. À cause de l'encéphalite, on m'a dit que je ne pourrais plus marcher ni parler et je me suis dit: ils se trompent [...] Comme m'a toujours dit mon père: «Réfléchis, il doit y avoir un moyen».»

En 1997, au Casino, Liza Minnelli se remettait d'une opération aux cordes vocales, mais elle avait dit au public montréalais qu'elle chantait mieux qu'avant. «Vous savez pourquoi? Parce que pour entraîner à nouveau mes cordes vocales, j'ai dû consulter des coachs vocaux qui savaient ce qu'ils faisaient. Donc, j'ai appris à chanter plus correctement sans modifier le son de ma voix», dit-elle aujourd'hui.

Retour au Winter Garden

Plus tôt cette année, on a réédité sur CD son spectacle au théâtre Winter Garden de Broadway en 1974. À l'époque, ledit album avait été rapidement retiré du marché parce que la compagnie de disques concurrente qui venait de lancer le disque Cabaret craignait que l'album du spectacle nuise aux ventes de la bande originale du film.

«Je ne savais même pas que le disque (du Winter Garden) n'était pas sorti (à l'époque)», commente la chanteuse qui confirme qu'elle n'a pas eu son mot à dire dans cette réédition récente. «Quelqu'un m'a appelée et m'a dit: ils viennent tout juste de sortir l'album du Winter Garden», raconte-t-elle en pouffant de rire. N'empêche, elle garde un souvenir précieux de cette période glorieuse de sa carrière: «En plus, j'ai gagné un Tony (pour ce spectacle).»

Elle se propose même de reprendre quelques chansons du spectacle du Winter Garden dans celui qu'elle donnera à Wilfrid-Pelletier. On ne peut que s'en réjouir parce que l'essentiel de ce spectacle intimiste, dans lequel elle sera accompagnée de six musiciens, portera sur son album de 2010, Confessions, composé de standards connus certes, mais pas des chansons que voudra entendre son public montréalais.

Aznavour, Lady Gaga et Ella

Liza Minnelli a de bons mots pour son fréquent complice Charles Aznavour: «J'avais 18 ans la première fois que je l'ai vu et il m'a jeté par terre. Il faisait de chaque chanson un film, un personnage différent. C'est ça que je voulais faire. Je suis allée le trouver et je lui ai dit: s'il vous plaît, puis-je être votre élève et vous, mon mentor? Il a dit bien sûr, il m'a formée, a écrit pour moi et il est devenu un élément important de ma vie.»

Elle est également une fan de Lady Gaga: «Elle est très intelligente, elle s'intéresse à tout et c'est une musicienne.» Mais elle s'enflamme surtout quand les journalistes mont-réalais lui apprennent que le Festival de jazz va lui remettre le prix Ella-Fitzgerald. «C'est vrai! Oh, mon Dieu! c'est ma préférée! Je suis tout excitée. C'était la femme la plus gentille qu'on puisse rencontrer et quelle musicienne! Elle avait des instruments en tête quand elle scattait: elle pouvait être une trompette, puis une flûte, puis un saxo.»

Par contre, son enthousiasme s'éteint complètement quand je lui demande si elle a vu, en personne ou sur DVD, le spectacle de Rufus Wainwright à Carnegie Hall dans lequel il reprenait celui de Judy Garland dans la même salle en 1961. Elle répond sèchement «oh, s'il vous plaît» puis demeure silencieuse un long moment. «Bien sûr que non, finit-elle par ajouter dans un rire teinté d'ironie. J'ai vu ma mère!»

Liza Minnelli, salle Wilfrid-Pelletier, le 5 juillet, 19h30.