Peu après le début du spectacle d'America, hier soir à Wilfrid-Pelletier, Gerry Beckley et Dewey Bunnell se sont assis sur des tabourets pour jouer dans l'ordre les chansons de la face A de leur premier album qui a 40 ans.

Ce volet feu de camp illustrait parfaitement pourquoi la musique d'America est encore belle à entendre en 2011. À cause des harmonies vocales de Beckley et Bunnell, et de leur bassiste Rich Campbell, du mariage de leurs guitares acoustiques et de ces chansons pop tellement parfaites qu'il est inutile de les étirer sous prétexte de les rajeunir.

America ne passera peut-être pas à la grande histoire du rock, mais certaines de ses chansons, sans doute: A Horse With No Name, bien sûr, qu'ils nous ont faite à la toute fin, Ventura Highway ou même une Sandman plus rock que la moyenne qui a fait lever les spectateurs pendant que défilaient à l'écran des images des grouillantes années 60. Et Sister Golden Hair qui a accroché un sourire à chacun des 3000 membres d'une chorale improvisée.

Nostalgie, oui, mais plus que ça. America a aussi ouvert la voie à bon nombre d'artistes, y compris les Eagles, et sa chanson Three Roses annonçait le premier album d'Harmonium, un autre disque qui a plutôt bien vieilli, merci.

Hier en tout cas, le charme des chansons de ces trois ti-culs américains qui ont baigné dans le Swinging London des années 60 opérait parfaitement.

Don McLean, le méconnu

En début de programme, Don McLean a évidemment chanté American Pie. Le public, qui l'avait écouté sagement jusque-là, s'est levé et a chanté avec lui cette chanson de bonne humeur, dont le point de départ était la mort de Buddy Holly, mais qui est devenu un hymne à la Forrest Gump et, d'une certaine façon, la soeur aînée de la Rockcollection de Laurent Voulzy.

American Pie a assuré le confort de Don McLean, mais elle a relégué sa contribution artistique au second plan. Le public de Wilfrid-Pelletier a découvert hier un chanteur d'inspiration country-folk, auteur de chansons dénonciatrices sur la mode, la consommation, la guerre et les enfants soldats. Un conteur d'histoires doué qui a une vision un peu idyllique de Montréal dont il a marié une fille il y a 25 ans.

McLean a commencé par un pot-pourri de chansons de son idole Buddy Holly, il a emprunté Crying à Roy Orbison et il a chanté sa composition And I Love You So qui a également garni son compte en banque. Mais, curieusement, il a omis son seul autre succès, Vincent, inspiré par Van Gogh.