Gonzalo Rubalcaba était de blanc vêtu, Richard Galliano de noir. Aurores, une composition de ce dernier, fut introduite au mélodica, après quoi Rubalcaba a esquissé ses premières harmonies aux ivoires. Puis le deuxième clavier s'est mis en marche jusqu'à ce que le poumon de l'instrument émette de puissantes expirations. L'instrument du maître évoquait le vent. Très beau.

Parsemée d'interventions solo, cette conversation entre le pianiste cubain et l'accordéoniste française n'a pas encore atteint son plein potentiel, mais on a pu imaginer vendredi au Théâtre Maisonneuve.

La machine de ces deux supra virtuoses s'est vraiment mise en avec Bebe, créée par le grand compositeur brésilien (et aussi accordéoniste à ses heures) Hermeto Pascoal. Puis Heavy Tango, une pièce de Galliano, sera l'occasion d'autre démonstration hallucinante de son talent. Le reste su programme sera plus aléatoire :  entre autres expériences, l'accordéon et le piano se mettront à des évocations baroques, l'esprit de J.S. Bach se manifestera dans la salle. Et ainsi de suite.

Des collègues français m'ont fait savoir que le pianiste cubain et l'accordéoniste français ont déjà partagé une même scène dans l'Hexagone, la direction artistique savait que Galliano et Rubalcaba ont déjà fait ce duo en Italie, mais il semble que la tournée nord-américaine de ce duo soit la première de toutes. De surcroît, présentée chaudement par le directeur artistique du FIJM, avant que les deux hommes ne montent sur scène.

Bon, je n'affirerais pas que Galliano est le «meilleur musicien français» comme le soulignait vendredi André Ménard et faisant partie de son «top 5 personnel» de tous les musiciens... mais je n'hésiterais pas à le qualifier de meilleur accordéonniste-bandonéoniste jamais vu et entendu au long de ma carrière. Franchement d'une classe à part, et il nous l'a encore démontré cette fois-ci.

Quant à Gonzalo, l'heure passée à la PdA ne me permet pas de conclure que ce fut sa plus grande performance. Il arrive à ce pianiste, capable de tous les paroxysmes, de ne laisser paraître que quelques pointes de sa supra virtuosité et d'essayer plutôt de trouver le point focal de la musique jouée ici et maintenant. Affairé (un peu trop?) à fusionner avec son merveilleux collègue, ce grand musicien cubain n'a pas cherché à éblouir. Alors que Galliano, lui, n'avait rien perdu de la verve qu'on lui connaît.