On a déjà vu des pianistes énervés grimper sur leur instrument et de vénérables musiciens faire courir leurs doigts octogénaires sur un clavier. Puisqu'il faut bien commencer quelque part, sur l'esplanade de la Place des Arts, les petits apprennent encore à jouer du piano... avec leurs pieds. Le périmètre «jazzifié» a beau ressembler par endroits au reste de la ville - c'est-à-dire à une éprouvante zone de construction -, le Festival de jazz ne les a pas oubliés.

Sous un ciel incertain, dimanche après-midi, des dizaines de petits s'en donnaient à coeur joie dans le «Parc musical». Quelques-uns sautillaient sur les dents du clavier géant (un classique), alors que d'autres attendaient patiemment leur tour pour sauter dans la maison gonflable, humant au passage l'odeur sucrée qui s'échappait d'un stand situé à proximité. Gaufre? Crêpe? Queue de castor? La maman d'une petite Liliane n'arrivait pas à deviner, mais peu importe ce que c'était, elle en avait envie...

Il y a un peu de tout dans la zone pour enfants. Des jeux pour les plus vigoureux, comme une guitare pour grimper, mais aussi des activités pour les moins sportifs: bricolage, atelier d'éveil musical et, un autre grand classique, une tente à maquillage, dont la file d'attente a l'avantage de se trouver souvent à l'ombre, selon les prévisions solaires échafaudées par La Presse. Les enfants à roulettes - et à sucettes - sont aussi les bienvenus. Un stationnement à poussettes a été prévu, de même qu'une tente où le parent qui perd à la courte paille pourra changer la couche du petit dernier.

L'incontournable petite école

Escale inévitable, La petite école du jazz a repris du service. Rémi Doré, interprété pendant une éternité par Jacques L'Heureux, n'y est plus, mais le professeur, campé depuis les débuts par Victor-Jacques Ménard, s'amuse encore à enseigner que «tout peut être du jazz». Même I Gotta Feeling des Black Eyed Peas...

La nouvelle version du spectacle, réinventé l'an dernier, mise plus sur le théâtre et moins sur les jeux d'adresse. Fini les défis lancés aux musiciens (jouer les yeux bandés, les mains croisées, etc.). La petite intrigue tourne autour du personnage du professeur qui, le jour de son anniversaire, se fait jouer des tours pendables par sa classe (quatre chanteurs et danseurs, ainsi qu'un quatuor jazz toujours mené par James Gelfand). Et par Ste-Cat, le grand chat bleu qui continue de faire briller les yeux des petits.

Des détails restent à peaufiner dans la nouvelle formule. Ou à changer, comme cette finale qui transforme le spectacle en objet promotionnel... L'interaction accrue avec les enfants semble en revanche une bonne piste. Surtout si le gamin invité sur scène est aussi dégourdi que le petit Ryan vu dimanche. Il n'a pas seulement bien joué son rôle, il l'a pris tellement au sérieux qu'il s'est carrément imposé dans le spectacle, forçant les comédiens et les musiciens à improviser pour le suivre, lui. Il méritait un gros cornet de crème glacée, celui-là!