Le nom pourrait être celui d'une divinité hindoue ou africaine de la musique, mais il désigne une ville indonésienne, un hameau congolais... et un trio montréalais qui fait dans ce que Jean Félix Mailloux, le «centre» du groupe, appelle «jazz du monde». À entendre ce soir, 20h, sur la scène Radio-Canada.

Vous êtes le MA de Bomata. Qui sont le BO et le TA?

Le BO, c'est le clarinettiste Guillaume Bourque et le TA, le percussionniste Ziya Tabassian. Guillaume vient de Laval, moi de Montréal et Ziya est d'origine iranienne. Nous nous sommes rencontrés à la Faculté de musique de l'Université de Montréal et nous sommes des amis et des complices depuis ce temps.

Le jeu percussif de Ziya Tabassian, d'une grande subtilité, a peu d'équivalents ici: quel est son apport?

Ziya est un maître du tombak. Personne ne joue comme lui au Canada, et il est en demande partout dans le monde. Le problème avec un musicien de cette trempe, c'est qu'il est difficile à remplacer... Moi, je compose pour la contrebasse et la clarinette et je laisse une grande liberté à Ziya qui l'utilise pleinement. Il apporte cette touche méditerranéenne, moyen-orientale qui fait le son world de Bomata.

Guillaume Bourque, lui, joue de la clarinette basse, un instrument assez expressif...

Oui, comme la clarinette... La clarinette basse est juste une octave en dessous, dans le registre de la voix d'homme où elle peut exprimer une grande mélancolie. Par contre, comme tout instrument soufflé, la clarinette basse, quand elle est bien jouée et c'est le cas avec Guillaume , émet des sonorités chaleureuses et réconfortantes.

Que représente pour vous le concours de jazz du Festival, où l'on vous a déjà vu deux fois?

Les deux premières fois, j'avais été invité, mais, cette année, nous avons demandé à y être; la liste était complète, mais un groupe s'est désisté et nous sommes entrés. Ce concours, d'abord et avant tout, représente une belle vitrine. Les gagnants peuvent profiter du prestige du Festival en plus des heures de studio d'enregistrement. Dans l'état actuel du marché, ce n'est pas à dédaigner.

Qu'en est-il du jazz à Montréal?

Personnellement, j'arrive à gagner ma vie avec les droits de mes compositions et en jouant beaucoup. Mais il reste que, à part les bars comme Upstairs et Diese Onze et les maisons de la culture, il y a peu de lieux à Montréal où l'on présente du jazz. Peut-être parce que les gens n'y croient pas assez... Est-ce la faute des musiciens, des responsables ou du public? Je ne sais pas...