Oubliez le Quartier des spectacles, on se serait pratiquement cru au coeur du quartier français, le fameux «French Quarter» de La Nouvelle-Orléans, mardi soir, où des milliers de spectateurs étaient venus assister au défilé et au spectacle du Mardi gras organisés dans le cadre du 31e Festival international de jazz de Montréal ! Laisse le bon temps rouler... et la sueur dégouliner !

En effet, dans une chaleur encore plus torride que celle qui a cours en février en Louisiane, le tout-Montréal semblait s'être donné rendez-vous rue Sainte-Catherine, où se déroulait le défilé modeste, mais extrêmement sympathique : de la dizaine de chars allégoriques compacts, seul le dernier, en forme de bateau à vapeur du Mississipi, rempli des chanteurs du Choeur interculturel de Montréal, était de la dimension «normale» d'un char de «New Orleans».

Saltimbanques, acrobates, percussionnistes, joueurs de cornemuse (!), échassiers, cheerleaders et marionnettes géantes ont, tout le long du parcours de deux kilomètres, fait plaisir à la foule très familiale, multigénérationnelle, multiculturelle - et écarlate (il faisait vraiment chaud) -, qui a suivi la «parade» jusqu'à la place des Festivals, délicieusement rafraîchie par une petite brise.

C'est là que Zachary Richard, d'abord à la tête du défilé, a donné ensuite un chouette petit spectacle en formule quatuor en plein milieu des spectateurs (on aurait bien aimé plus de chansons en français, mais bon...)

Quand les musiciens du Soul Rebels Brass Band ont traversé la foule qui se massait sur la place des Festivals pour se rendre jusqu'à la grande scène, on savait qu'on était en voiture pour une soirée joyeuse et mémorable.

Le Soul Rebels Brass Band a effectivement donné un super spectacle, où le dixie se mêlait au hip-hop avec pertinence et plaisir. Très forts, les rebelles de l'âme, pour brasser une foule! Qu'ils reviennent l'an prochain avec un spectacle complet, s'il vous plaît, petit Jésus!

C'est sur quelques notes de guitare «wawa» disco que Trombone Shorty s'est ensuite avancé sur scène pour un de ses spectacles funk, rock, r'n'b et jazz qui déménagent d'aplomb. Oh boy, qu'il faisait chaud et que c'était agréable ! Musicien de grand calibre (trombone et trompette), chanteur inspiré et beau bonhomme, Trombone Shorty a fait les choses en grand (oh, oh, le jeu de mots...), appuyé par un excellent band et de fort jolies projections en arrière-scène. La version d'American Woman en jazz-funk était é-coeu-rante ! En fait, tout son show était assez écoeurant.

Qu'il s'agisse d'interpréter son propre répertoire (Show Me Something Beautiful était effectivement «beautiful») ou du James Brown, Trombone Shorty et ses acolytes ont fait la preuve que le son de la Nouvelle-Orléans était on ne peut plus contemporain. Vraiment une prestation qu'on n'oubliera pas. On a beaucoup dansé malgré la chaleur, c'est dire! Qu'il nous revienne, lui aussi, tous les ans, pas de problème....

Ce n'était pas évident faire suite à un tel spectacle... La bonne idée, c'était donc de faire succéder à deux prestations qui illustraient le son de la Nouvelle-Orléans d'aujourd'hui par le spectacle d'un des pionniers du genre, l'un de ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse à la musique de New Orleans : c'est justement ce qu'a fait Allen Toussaint, grand maître du piano, de la mélodie qui tue et de la grâce faite homme. Il a fallu quelques morceaux pour qu'il établisse un autre climat, mais comment résister à un tel musicien lorsqu'il interprète aussi bien ses succès (dont les fameux Yes We Can Can et Southern Nights), une couple de morceaux de son dernier disque (l'excellent Bright Mississipi), un classique d'entre les classiques (When The Saints Go Marching In, avec de bien bons musiciens en plus? C'était la classe, la vraie.

Et comme si ça ne suffisait pas, un vrai beau feu d'artifice s'est élevé au-dessus (et même sur) la grande scène de la Place des festivals! C'est donc sur une note lumineuse, pétaradante et féérique que  s'est terminé l'un des très beaux spectacles de clôture du FIJM. Rendez-vous l'année prochaine, du 25 juin au 4 juillet.