Pour le 31e Festival international de jazz de Montréal, le saxophoniste montréalais Joel Miller a eu l'excellente initiative d'inviter le pianiste Geoff Keezer à venir partager avec lui la scène de l'Upstairs.

 Il y a un an, à pareille période, Keezer était au Théâtre Maisonneuve. Mercredi et jeudi derniers, il jouait à l'Upstairs! En juillet 2009, il remplaçait Danilo Perez dans le quartette de Wayne Shorter. En juillet 2010, il jouait à Montréal avec un collègue new-yorkais et deux montréalais.

 Complétaient ainsi ce quartette  Rémi-Jean Leblanc, contrebasse et basse électrique, et Jon Wikan,  batterie. En fait, Wikan est le mari de la trompettiste Ingrid Jensen, et donc le beau-frère de Joel Miller, lui-même marié à la saxophoniste et compositrice Christine Jensen, frangine d'Ingrid. Il appert que Goeff Keezer est un ami proche du couple Wikan-Jensen. Affaire de famille, donc.

Une fois de plus, l'Upstairs s'imposait comme LE lieu des rencontres Montréal-New York. Au cours des mois précédents, le batteur Matt Wilson s'y est produit avec Joel Miller, le violoniste Mark Feldman et le saxophoniste Tony Malabi y ont joué avec la pianiste Marianne Trudel, le pianiste John Cowherd y a collaboré au projet du contrebassiste Fraser Holland, le batteur Nate Smith y a répondu à l'invitation du saxophoniste Samuel Blais, le batteur Bill Stewart à celle du saxophoniste Chet Doxas. Et c'est loin d'être terminé, assure la direction de l'Upstairs.

Au milieu du 31e FIJM, donc, Joel Miller proposait aux jazzophiles montréalais un autre rendez-vous de niveau international avec l'un des meilleurs pianistes de New York. Encore une fois, Miller  a impressionné pour la qualité et la richesse de ses compositions, nettement au-dessus de la moyenne montréalaise. Ce qu'en a fait Keezer, le meilleur musicien des quatre en termes de virtuosité pure, a servi l'imagination de son hôte qui lui a rendu la pareille en s'impliquant dans l'interprétation de son matériel original. Rémi-Jean Leblanc nous a fait aussi honneur, particulièrement à la basse électrique. Ce jeune musicien d'ici a encore haussé son jeu d'un cran avec un pianiste de niveau clairement supérieur.

Plus tôt la semaine dernière, on assistait à une autre rencontre Montréal-New York des plus réussies, cette fois entre le trio de la pianiste Julie Lamontagne et le vétéran saxophoniste Houston Person. Ce dernier en avait ravi plus d'un il y a une paire d'années avec le pianiste Bill Charlap, les jazzophiles alors présents au Gesù en gardent un souvenir impérissable.

Pour l'occasion, Jim Hillman assure à la batterie, Dave Watts à la basse,  et notre Julie Lamontagne s'y surpasse au piano. Partager la scène avec une légende comme Houston Person, ça fait prendre du gallon! Des saxophonistes au son bien gras comme celui de ce très sympathique septuagénaire, est-il besoin d'ajouter qu'il ne s'en fait plus. Au programme de ces deux soirées, le Great American Songbook : standards et tubes des années 60-70 jazzifiés pour l'occasion, de la pièce bebop Lester Leaps In à The Way We Were, célébrissime ballade de Barbra Streisand. 

Qui seront les prochains à emprunter le pont de l'Upstairs ?