De sa suite du Waldorf-Astoria, à New York, Smokey Robinson croit qu'il parle à un journaliste de Toronto. «Daniel is from Montreal», corrige son gérant qui tente de diriger l'entrevue, sur la troisième ligne de l'appel-conférence. «Oh! Montreal. Oui, j'y suis allé dans le temps. Je me souviens juste que c'est une ville magnifique!»

«Mister Robinson, vous savez que le Festival de jazz vous remettra son Spirit Award pour votre apport à la musique pop?

- Ah! non, je ne savais pas. C'est merveilleux!

- Vous succédez à Paul Simon, Bob Dylan, Leonard Cohen et Stevie Wonder...

- Merveilleuse compagnie!»

Smokey Robinson a commencé sa carrière en 1954 comme chanteur d'un groupe qui s'appellera finalement The Miracles et qui, en 1960, aura le premier hit millionnaire de la nouvelle étiquette Motown: Shop Around, une chanson de Smokey Robinson, qui placera au palmarès 36 autres de ses créations.

En 1961, le chanteur des Miracles est nommé vice-président de Motown, qu'avait fondée Berry Gordy. Motown, comme dans «Motor Town», surnom donné à la ville de Detroit au temps de la gloire de son power trio GM-Ford-Chrysler. William Robinson Junior y est né en 1940. Le surnom de Smokey Joe, terme raciste par lequel les Blancs désignaient les Noirs à la peau foncée, lui aurait été donné par son oncle qui ne voulait pas que son neveu «oublie qu'il est Noir». Même si ce Smokey-ci a la peau plutôt claire.

Quoi qu'il en soit, avec les Miracles ou seul (après 1972), Smokey Robinson vendra des millions de disques aux Blancs - tout le packaging de Motown, des tenues de scène aux chorégraphies, portait vers le «white market»: rappelons-nous, entre autres, les Supremes et les Temptations pour qui Smokey R. écrira The Way You Do The Things You Do, Get Ready et la merveilleuse (eh! oui) My Girl.

Les hommages sont venus de partout. En 1963, les Beatles ont repris You Really Got a Hold on Me, un hit des Miracles. Plus tard, Bob Dylan a dit de lui qu'il était «le plus grand poète de l'amour».

«Les grandes chansons de Motown ne vieillissent pas», convient M. Robinson, qui a charmé spectateurs et critiques dans un spectacle extérieur présenté au parc de la Confédération d'Ottawa, jeudi dernier. Gageons qu'il en sera de même ce soir à Wilfrid-Pelletier où le «über-entertainer» s'amène avec six musiciens, trois choristes et deux danseuses. «Haut jambées», comme le précisait la critique du Citizen... Le contraire nous aurait surpris.

Le chanteuse de R&B Nadja se produira en première partie (débutant à 19h ), accompagnée de cinq musiciens dont son mari Taurey Butler, le pianiste résident de la Maison du jazz, l'ex-Biddles de la rue Aylmer.

Mr. Robinson suivra avec son inimitable voix de fausset qui n'a pas changé d'un poil, tel qu'on peut le constater sur son dernier disque, Time Flies When You're Having Fun où il reprend la très belle Don't Know Why de Norah Jones. «Je ne la connais pas, mais c'est une merveilleuse chanteuse. Le showbiz est une petite communauté, vous savez. Un jour, je vais la rencontrer et je vais lui dire «Hi! How are you?», comme à une vieille amie...»

Des amis, Smokey Robinson en a aussi de nouveaux, au nombre desquels comptent les Australiens de Human Nature qui ont viré le marché à l'envers, «Down Under», avec Reach Out: The Motown Record. Le quatuor, qui a déjà chanté en première partie de Céline Dion, rapplique avec Dancing in the Street: The Songs of Motown II. «J'ai découvert ces merveilleux garçons à Los Angeles. En spectacle, ils sont renversants. Je suis devenu leur producteur et je les ai amenés à Las Vegas.» Et l'Imperial Palace d'annoncer: «Smokey Robinson présente Human Nature d'Australie - L'ultime célébration du Motown.»

«Ils chantent deux de mes chansons. Ils sont merveilleux», lance encore Smokey Robinson qui se contente de l'humble titre de «roi du Motown». Merveilleux!

 

 

Smokey Robinson, ce soir, 19h, à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA.