Basia Bulat à la Salle du Musée d'Art Contemporain

Un secret bien caché que la blonde ontarienne Basia Bulat - cachée, parce que logée dans la salle la moins accessible du site du festival, celle du Musée d'Art Contemporain, qui se révèle à nous après avoir parcouru le dédale des travaux souterrains de la Place des Arts.

«Je suis contente que la glace soit enfin brisée», a dit samedi soir l'auteure, compositrice et interprète folk. «Lors de ma première hier, je me sentais comme devant des juges qui notaient ma performance!», a-t-elle ajouté à la blague, avant de se lancer dans une de ses chansons, avec cette passion qui la caractérise.

Basia Bulat a offert deux charmants albums (Heart of my Own, le plus récent, paru en janvier), mais ce n'est véritablement que sur scène que l'artiste se révèle. Ses chansons gagnent en souffle, alors qu'elles paraissent souvent convenues sur disque.

Ses multiples talents d'instrumentiste brillent; Bulat passe du piano à la guitare avec assurance, joue de manière convaincante. Curieusement, le seul instrument qu'elle maîtrise moins bien, c'est l'auto-harpe qui lui est devenue sa marque de commerce. Plougne-plougne-plougne, lorsqu'elle en joue, l'instrument comme seul accompagnement à sa jolie et touchante voix.

Bon orchestre (basse, violon, piano-guitare, et son frère à la batterie), franche énergie, on recommande puisque Basia Bulat est encore en concert ce soir (dimanche).

Spank Rock, Kid Koala & DJ Food au Métropolis

Premier de quatre spectacles logés à l'enseigne Ninja Tune, label britannique qui, à sa manière, a marqué les vingt dernières années de musique qui groove. Le Métropolis était juste assez bondé du parterre pour qu'il y ait une bonne atmosphère, mais on s'étonne tout de même qu'une telle invitation à la fête, un samedi soir par surcroît, n'ait pas été plus couru.

Après une brève performance de DJ Food, Spank Rock a pris les commandes de la soirée. Le duo (devenu quatuor sur scène, avec l'ajout d'un batteur et d'un second DJ) s'était tenu tranquille depuis au moins deux ans, alors que le successeur de son premier album YoYoYoYoYo (2006) se fait attendre (entre temps, le DJ XXXChange a réalisé l'album solo de Kele Okereke de Bloc Party).

Bref, s'il faut se fier à ce que nous avons entendu hier, Spank Rock a toujours le feu au derrière. Cette fois cependant, il carbure au vieux rave/acid-house, aux breakbeats old school, plutôt qu'au son de Baltimore sur lequel avait surfé le duo il y a quatre ans. MC Spank Rock lui-même semble avoir été transformé depuis, passant davantage pour un leader de formation rock que pour un rappeur, disons, «traditionnel». Dynamique et engageant, le groupe a réussi son retour à Montréal.

Kid Koala a ensuite pris place derrière les platines, offrant une quarantaine de minutes en solo avant d'inviter les collègues de The Stew à foudroyer la foule de leur alliage de rock pesant et de scratchage frénétique. Torride performance, avec Koala qui court et saute partout sur scène, terminant la performance en massacrant l'une de ses pauvres tables tournantes. L'atypique orchestre a réservé un studio à Montréal, dans lequel il passera les prochains jours à enregistrer les bases de son second disque.

Enfin, DJ Food a été égal à lui-même en proposant sa sélection de funk éclectique. Et son concept de performance audio-visuelle? Correct, mais sans plus, les vidéos s'enchaînant en cadence avec le rythme, c'était divertissant, mais finalement bien secondaire à la proposition musicale.

Émilie Simon au Club Soda

Fin de soirée au Club Soda pour entendre l'Émilie Simon «nouvelle» défendre The Big Machine, l'album anglo qu'elle a lancé en septembre dernier.

Sur scène, elle s'accompagne elle même, alors qu'un batteur vient lui prêter main forte. Simon, dans une robe excentrique, travaille fort derrière ses machines, jouant du clavier, du séquenceur, du Tenori-On (l'instrument dont l'écran faisait des petites lumières blanches) et son «bras mécanique» lui permettant de trafiquer sa voix en direct - scientifiquement baptisé le Brissot Radio Acquisition for A Cappella Hand Selector, ou BRAAHS, sans blague.

Émilie Simon a réussi à faire danser l'auditoire avec sa pop électronique qui tend à prendre ses distances des expérimentations de ses premiers albums. Imaginez Kate Bush chantant pour New Order, ça vous donne une assez bonne idée du son, à la fois du disque et du concert, ce dernier nous paraissant cependant plus dégourdi et agréable.