Henri Godon, c'est l'alter ego de Denis Massé, conteur, joueur d'accordéon et chanteur du groupe trad Les tireux d'roches. Suite logique de son disque festif et rigolo Chansons pour toutes sortes d'enfants, le chanteur se promène depuis un an et demi avec un spectacle tout aussi swinguant. Il sera de passage à la Cinquième Salle de la Place des Arts à l'occasion de Coups de coeur francophone.

Q Quelle est la différence entre une chanson des Tireux d'roches et une chanson d'Henri Godon?

R La chanson pour enfants me permet d'aller dans plein de directions musicales. Les Tireux ont une tendance traditionnelle, tandis qu'Henri Godon, c'est la pleine liberté. Ça peut être du jazz, du blues, du rock, du trad. Si une chanson m'inspire un boogie-woogie, je vais le faire. On peut dire par contre qu'on est résolument roots. Henri Godon a même gagné le prix de l'album de l'année jeunesse aux Prix de musique folk canadienne 2012.

Q Comment est né Henri Godon?

R Je travaille dans les écoles primaires depuis longtemps avec le programme Culture à l'école, et mon but a toujours été d'amener le trad aux enfants. Ç'a été mon élément déclencheur. J'ai commencé par envoyer quelques chansons à Jeannot Bournival (le réalisateur de Fred Pellerin) et il m'a dit qu'il préférait mes compos aux pièces trads. On a fait ce disque pour s'amuser, en se disant qu'on n'avait pas de temps pour faire des spectacles. Mais la demande est arrivée et on n'a pas eu le choix: il a fallu monter un show d'Henri Godon et son Bedonband.

Q À quoi ressemble un spectacle d'Henri Godon?

R Je ne voulais surtout pas chanter sur des musiques préenregistrées. Alors, on a monté une équipe de feu avec rien de moins que les meilleurs musiciens! On est six sur scène. Je voulais offrir ça aux enfants, qu'ils voient un vrai solo guitare électrique, un vrai solo de drum, un vrai band! Et ça le fait ben, tsé. Je suis content parce que c'était le bon choix. On a fait 60 spectacles en un an et demi, des belles salles, on arrive même de France où ç'a été magique. Maintenant, on voit grand: on vise le centre Bell, la grosse scène au Festival de jazz! Moi, je le vois gros, Henri Godon.

Q Quel a été l'apport de Bryan Perro à la mise en scène?

R J'avais un paquet d'idées, mais je ne savais pas quoi faire avec. Bryan, que je connais depuis longtemps, a placé tout ça. C'est lui qui a installé le concept de la fête d'enfants et c'est ça le spectacle: un gros party avec plein d'invités. Et à la fin, la chambre est virée complètement à l'envers. Mais on fait le ménage, par exemple...

Q Vous avez envie de dire quoi aux enfants?

R En bas d'avoir du fun, ça ne m'intéresse pas de faire ce projet. J'ai justement envie de dire aux enfants de s'amuser, et que le rêve est permis. Je suis en train d'écrire une chanson sur les métiers en ce moment et je mets tout ce qu'ils peuvent avoir dans leur tête, j'invente plein d'affaires. L'enfance, c'est la période idéale pour rêver à un monde idéal, à son propre monde idéal. La réalité nous rattrape assez vite.

Q Quels sont vos projets dans les prochains mois?

R Le disque va sortir en France avec la maison de disque d'Henri Dès. Je suis en train d'écrire un nouveau disque pour l'automne 2014 ou le printemps 2015. Et on est en train de développer un projet de dessins animés avec notre fabuleux illustrateur, Fabio Pellegrino.

Q Qu'est-ce que vous apportent les enfants?

R Tout. Se sentir une rock star auprès des enfants, ça n'arrive pas à la cheville d'un public adulte. Quand ils sont 400 à chanter ensemble une de mes chansons, ça me donne des frissons. Depuis 20 ans dans les écoles, j'ai dû rencontrer quelque chose comme 100 000 enfants et on se comprend, eux et moi. Ça m'aurait manqué si je n'avais pas fait ce projet. J'étais destiné à chanter pour eux.

Henri Godon et son Bedonband de passage le dimanche à 15h à la Cinquième Salle de la Place des Arts.