Environ 320 000 disques vendus en France, un clip qui tourne dans toute l'Europe et au-delà, des spectacles ici qui lui ont assuré des tas de fans, l'été dernier: Zaz, jeune chanteuse française à l'énergie peu commune et à la gouaille toute «piafienne», revient en spectacle au Québec ces jours-ci, notamment à Coup de coeur francophone. Entrevue avec une fille qui veut «d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur», mais aussi cinq minutes pour respirer un bon coup!

Le succès de Zaz, alias Isabelle Geoffroy, native de Tours, n'a rien d'une fiction gonflée aux stéroïdes marketing: l'été dernier, en Italie, j'ai pu bel et bien voir tous les jours son clip, en français, entre vidéos anglo-saxons et italiens, aux heures de grande écoute. «Tu te rends compte, lance Zaz au bout du fil, en Italie! C'est fou, c'est extrême, c'est surréaliste, non? Là, il y a le Japon, la Suède et l'Autriche qui nous font des demandes: tous les jours jusqu'au 20 décembre, j'ai soit des entrevues, des émissions de télé, des spectacles. Ah la la! mais qu'est-ce que je vais faire, moi?»

Eh bien! elle va tout faire, et avec le coeur solidement accroché parce qu'elle a du métier, la sémillante petite Zaz: 10 ans qu'elle chante parce qu'elle aime ça, 10 ans qu'elle fait des spectacles dans toutes sortes de conditions. Il a fallu qu'un jour le chanteur français Raphaël la voie chanter pour que celui-ci décide de la soutenir - il lui a d'ailleurs écrit trois chansons. Le premier album de Zaz, éponyme, sortait en mai, et en juin, la chanson Je veux grimpait à toute vapeur dans les palmarès de la francophonie... et d'ailleurs: son album, lancé dans une vingtaine de pays (!), est aujourd'hui disque d'or ou disque platine, selon l'endroit, et on se l'arrache, tant son énergie, son bagout - et sa chanson Je veux - réveillent les affections.

C'est vrai qu'il y a quelque chose de la môme Piaf dans Zaz: silhouette, timbre, rejet des formalités, franc-parler. Mais il y a aussi Isabelle tout court, qui a décidé de chanter dans la rue par choix et non par obligation, Isabelle qui dit: «Tout le monde me dit que j'ai enfin du succès. Mais ça dépend de ce que ça veut dire pour toi, réussir, hein? Moi, je trouve que je réussis depuis 10 ans parce que ça fait 10 ans que je vis de ce que j'aime, tu comprends?»

Aux Francos, l'été dernier, elle a d'ailleurs fait un malheur, tant à l'extérieur qu'en première partie de Bïa, tant et si bien qu'elle a vendu un max d'albums sur le site ddu festival. Et au Festival d'été de Québec? Autre succès, notamment quand elle a repris, en duo avec Ariane Moffatt, la chanson Oxygène de Diane Dufresne. Maintenant, voici pourquoi Zaz plaît autant: en entrevue, elle aurait pu dire à quel point elle a toujours aimé Dufresne ou patati ou patata. Nenni, elle a préféré être honnête!

«Je ne connaissais pas du tout Diane Dufresne, explique la jeune femme de 30 ans, c'est Ariane qui m'a proposé la chanson et j'ai bien aimé. Mais il y a quelques jours, j'ai vu Dufresne en spectacle pour la première fois, en Suisse (où toutes deux participaient aussi au sommet de la Francophonie). Ah! dis donc, elle est incroyable: elle a un côté sorcière de la terre, au sens noble du terme, tu vois, elle entre dans la lumière et dans l'ombre, ce qui n'est pas évident, et elle y va comme une reine, comme une déesse! J'ai simplement eu envie de dire merci.»

Si elle a un côté organique, elle aussi, Zaz se considère plutôt comme «une sorcière du tsunami», dit-elle en riant. «J'ai une bonne capacité d'adaptation, tant mieux, mais disons que là, je suis tout de même un peu dépassée.»

Son passage au Québec va la calmer un peu, espère-t-elle. Elle donnera enfin son spectacle complet, soit 1h30, à cinq musiciens: «Et ça me fait plaisir, parce que bizarrement, on a très peu eu l'occasion de le donner, ce spectacle, tant on fait plutôt des trucs de «showcases» et de promo et de télé, toujours courts. On a une mise en scène parfois rigolote et des chansons qui ne sont pas sur le disque, comme La pluie et Ma folie, et deux reprises, dont une en espagnol parce que j'aime l'espagnol. Allez, je dois y retourner, je donne un spectacle, gros bisous!»

Zaz en spectacle mardi à Sherbrooke, mercredi à Québec, jeudi à Laval et vendredi à Montréal, au Club Soda (dans le cadre de Coup de coeur francophone).

D'autres coups de coeur...

Quelques suggestions, parmi la quarantaine de spectacles au menu de la première semaine du festival Coup de coeur francophone, à Montréal.

Wop Pow Wow

Jeudi, 20h30, Lion d'or:

C'est éclaté, hybride, drôle, sensuel et italien, c'est surtout le projet musical du très chevronné bassiste Angelo Finaldi et ses amis. Veramente differente...

Chinatown

Vendredi, 20h, Maison de la culture Maisonneuve

Pas un hasard si le groupe montréalais figure parmi les artistes en nomination pour le Félix Révélation de l'année de l'ADISQ. La pop-rock du quintette a quelque chose de carrément gracieux.

Exterio

Vendredi, 20h30, Cabaret Juste pour rire

C'est eux, les musiciens punk-rock qui accompagnent les Chick'n'Swell sur le tube de l'été LOL. Mais c'est leur album triple L'album monstre qui sera au coeur de leur spectacle. Ça va hurler.

Jorane

Samedi, 11h, Lion d'or

Jorane à la voix et au violoncelle, avec l'excellent Anthony Rozankovic au piano, le matin, que peut-on demander de plus pour s'éveiller en beauté?

Rendez-vous

Samedi, Lion d'or, 20h30

Le batteur-réalisateur doué qu'est François Lalonde est une des âmes de cet alliage étonnant qu'est le groupe Rendez-vous, qui évoque parfois Camille, parfois Gotan Project, parfois tout autre chose d'infiniment musical! En doublé avec le très dynamique groupe Oztara, qui a le tour pour faire lever une salle, comme on a pu le constater aux dernières FrancoFolies.

Plus d'information sur la programmation sur le site coupdecoeur.ca