Il y a 10 ans, c'était la concrétisation d'une blague un peu folle des Trois Accords. Aujourd'hui, le Festival de la poutine attire quelques dizaines de milliers de gourmands à Drummondville. Et des artistes de renom. Hubert Lenoir, 2Frères, Robert Charlebois, Lisa LeBlanc, les Dead Obies et Marjo, entre autres, se succéderont au Centre Marcel-Dionne, de jeudi à samedi prochains. Rencontre avec Charles Dubreuil, batteur chargé de la programmation, et Simon Proulx, guitariste, chanteur et directeur exécutif du festival.

Vous avez des grands noms, mais aussi de jeunes talents.

Charles Dubreuil: Oui. On essaie de trouver des artistes émergents qui vont plaire le plus, qui sont populaires dans le monde ou à Montréal mais pas forcément connus ici. Comme Geoffroy, il a un follow up mondial, c'est un artiste exceptionnel mais qui est très peu connu à Drummondville. Fait que dans ce cas-là, c'est vraiment un désir de faire découvrir cet artiste que je trouve ultra pertinent. On essaie de trouver le plus tôt possible l'artiste qui sera rendu le plus loin possible au festival, étant donné qu'on est le dernier festival de l'année.

Comment avez-vous choisi la programmation musicale?

Charles Dubreuil: La programmation est influencée par la disponibilité des artistes, leur pertinence et si on a les moyens de les produire ou non. J'essaie le plus possible de mélanger les styles. C'est un festival fait pour tout le monde. Je pense qu'on peut mettre une chanteuse populaire après un groupe de rap ou un band de metal.

C'était une évidence pour vous d'associer poutine et musique?

Simon Proulx: On voulait faire quelque chose de chouette qui allait plaire à la population drummondvilloise. On en parlait dans le camion, on se disait que ce serait cool de faire un festival de la poutine, que ce serait vraiment drôle. Mais on était certains que quelqu'un aurait l'idée avant nous. On se disait « ça ne se peut pas qu'il n'y ait pas de festival de la poutine ailleurs au Québec », on trouvait ça incroyable. Au départ, c'était comme plus une histoire d'amis.

Charles Dubreuil: En tant que groupe de rock, on avait joué partout au Québec, au Canada, en France, en Belgique, mais pas dans notre ville. C'était une absurdité pour nous. On voulait aussi diversifier nos activités économiques, pour enlever un peu de pression économique sur le band, sur l'écriture. On voulait mettre à profit nos talents d'une autre manière que dans la musique, s'épanouir en tant que personnes et hommes d'affaires, aussi.

Arrivez-vous facilement à concilier vos activités musicales et l'organisation de ce festival?

Charles Dubreuil: Organiser ce festival est un métier presque à temps plein, on passe énormément d'heures dessus. Je me charge de la programmation et de la production du spectacle et je n'arrête jamais. Je suis déjà en train de programmer 2019. C'est assez lourd, niveau implication. Ça devient parfois un défi quand on doit trouver quelque chose un jeudi à 9 h du soir et que les magasins sont fermés. C'est ultra excitant et intéressant. On a fait ça pour le plaisir et on aime ça.

Et puis finalement, à travers tous vos concerts, vous étiez assez familiers avec les festivals?

Charles Dubreuil: Oui, et on a toujours été nos propres producteurs, on a toujours fait des budgets pour nos albums, nos tournées... On a toujours été ceux qui signaient les chèques pour les techniciens. Alors la production, ce n'est pas trop compliqué quand tu es dedans [rires].

Dans une entrevue, vous racontiez qu'il  y avait parfois quelques déconvenues, comme au Festival de la blague où vous avez vendu des places qui n'existaient pas.

Charles Dubreuil: Dans le plan du lieu qu'on avait reçu, la rangée y était [rires]. Dans la section des surprises, chaque année, il y a des trucs. Là par exemple, je viens d'apprendre que la zone backstage pour recevoir les artistes, c'est une pente. Il faut que je redessine l'arrière-scène. L'environnement change chaque année, ça reste un truc évolutif qui demande beaucoup d'adaptation.

Chaque année, le festival décerne une Fourchette d'Or, un trophée pour récompenser la meilleure poutine. Quelles sont les caractéristiques d'une poutine qui mériterait ce prix?

Charles Dubreuil: Certains diraient la qualité des produits, mais on s'est rendu compte qu'il y avait d'excellentes poutines faites avec des trucs congelés... C'est magique, en fait. Il y a des poutines ultra cheap de bouis-bouis dégueu qui sont incroyablement bonnes. Il y a d'autres poutines servies dans des restaurants qui se disent extrêmement chics et qui sont vraiment mauvaises. Fait que... Je ne sais pas.

Simon Proulx: On peut faire une excellente chanson avec une mauvaise guitare.

Charles Dubreuil: Excellent! Et un mauvais piano...

Simon Proulx: [Rires] C'est déjà arrivé.