Suoni Per Il Popolo se consacre aux tendances extrêmes de la musique tous genres confondus, qu'il s'agisse de jazz, de musique contemporaine, de punk hardcore ou de hip-hop alternatif, entre autres. Voici nos suggestions.

Object Collection

À la Sala Rossa, le 5 juin

Object Collection a été fondé en 2004 par l'écrivaine et réalisatrice Kara Feely et le compositeur et musicien Travis Just. Établi à Brooklyn, le groupe met en scène les pratiques croisées de la performance, de la musique expérimentale et du théâtre. Ces artistes se penchent sur les notions de la simultanéité, de la complexité et de la radicalité. Plus concrètement, ils s'affairent à créer des surimpressions de texte, de notation et d'objets à travers différents processus d'assemblage multidisciplinaire. Leurs productions bousculent ainsi les notions acquises du temps, du rythme, de la virtuosité ou de la cohésion. Object Collection présentera aux Suoni un «opéra en suspension» intitulé It's All True, inspiré d'archives audiovisuelles de l'incontournable groupe post-hardcore Fugazi. Il faut ainsi s'attendre (enfin...) à une performance post-post-punk surréaliste et radicale, non sans humour. Chanteur et guitariste de Fugazi, Guy Picciotto qualifie ce travail de «condensé d'histoire et de politique sociales, sorte de résidu repérable dans les moments qui semblent les plus accidentels».

Zimpel/Ziołek et Amato/Charbonneau

À la Casa Del Popolo, le 7 juin

Le clarinettiste Wacław Zimpel et le guitariste et créateur électronique Kuba Ziołek sont considérés parmi les artistes émergents les plus créatifs de la scène polonaise des musiques actuelles. Leur premier album s'intitule carrément simplement Zimpel/Ziołek, l'enregistrement se compose de quatre pièces en format long et révélant une mixtion fort intéressante; rares sont les artistes capables d'intégrer le folk progressif, la musique contemporaine/minimaliste/répétitive, le post-rock, l'électroacoustique et l'improvisation libre de tradition jazz. Le premier passage du tandem aux Suoni pourrait être une révélation, rien de moins. Zimpel et Ziołek partageront le même programme qu'un autre tandem, cette fois constitué de musiciens reconnus de l'indie montréalais: le corniste Pietro Amato (Bell Orchestre, The Luyas, etc.) et le claviériste Mathieu Charbonneau (Timber Timbre, Avec pas d'casque) lancent le projet Synth Works Vol.1.

Limp Wrist

À la Sala Rossa, le 9 juin

Limp Wrist (poignet mou) est un groupe de punk/hardcore américain formé en 1998, et son répertoire est constitué d'une pléthore de chansons courtes, très rapidement exécutées. Issus de la communauté gaie, ces mecs qualifient leur art de queercore, question de marquer clairement leur assomption. Installés dans différentes villes américaines (Albany, Chicago, Philadelphie), les artistes de Limp Wrist tournent rarement, d'où l'intérêt suscité par leur escale montréalaise pour les amateurs du sous-genre. Le groupe partagera le programme avec plusieurs groupes d'allégeances punk, noise ou industrielle; Plack Blague de Lincoln (Nebraska), dont l'approche consiste à hypersexualiser les sons et les mots, sans compter les formations montréalaises Pelada, Niños Rata, Odd et Dead Dog.

Milford Graves et William Parker

À la Sala Rossa, le 10 juin

Ayant collaboré naguère avec Paul Bley, le New York Art Quartet, Pharoah Sanders et autres Albert Ayler, le batteur et percussionniste Milford Graves fut une figure marquante du jazz d'avant-garde des années 60, en plus de s'avérer un maître en arts martiaux et un connaisseur autodidacte des médecines alternatives. Son passage à Montréal se décline en plusieurs événements: atelier de percussion, projection d'un film à son sujet suivie d'une discussion avec le professeur Eric Lewis, de l'Université McGill, dont la recherche se concentre sur la philosophie de la musique improvisée. Le soir venu, Milford Graves se produira en duo avec le contrebassiste William Parker, un habitué des Suoni qui vient à peine de participer à l'un des meilleurs concerts du dernier FIMAV. Le tandem partagera le programme avec Jason «Blackbird» Selman, poète et trompettiste montréalais dont l'oeuvre fréquente l'ethnomusicologie et le surréalisme et se penche sur «l'intersection entre la masculinité et la vulnérabilité émotionnelle».

Photo Martin Sorrondeguy, fournie par Suoni per il Popolo

Le groupe Limp Wrist

Craig Taborn, Mette Rasmussen et Ches Smith

À la Sala Rossa, le 13 juin

De plus en plus sollicitée par la communauté des praticiens de l'improvisation libre et de la recherche texturale en musique, la trentenaire Mette Rasmussen est une saxophoniste danoise établie à Trondheim, en Norvège. Tout récemment, on l'a vue à l'oeuvre au FIMAV avec la formation Fire! Flamboyante et incisive, cette excellente musicienne se produit cette fois avec le maître pianiste, claviériste, improvisateur et compositeur américain Craig Taborn ainsi qu'avec le batteur américain Ches Smith. Ce programme est partagé avec des improvisateurs et instrumentistes de haut niveau, que l'on a connus dans le giron de John Zorn: la pianiste helvète Sylvie Courvoisier fait tandem avec l'Américain Mark Feldman, son violoniste de mari. Inutile de souligner que le lien conjugal s'accompagne d'une vraie quête musicale.

Efrim Manuel Menuck

À la Sala Rossa, le 14 juin

Cofondateur de Godspeed You! Black Emperor et d'A Silver Mt. Zion, copropriétaire du club Ritz PDB, Efrim Manuel Menuck a lancé récemment l'excellent album Pissing Stars, sous étiquette Constellation. Le corpus ici défendu se distingue des deux véhicules de son expression même s'il en est forcément tributaire, quelque part entre les approches post-rock, folk rock, électroacoustiques, bruitistes et la forme chanson qui mène le compositeur, interprète et auteur à explorer poétiquement plusieurs axes dystopiques, sociétaux, environnementaux et relationnels. Force est de constater (une fois de plus) le rôle central qu'il occupe dans la communauté des artistes avec lesquels il évolue depuis les années 90. Menuck partagera ce programme avec sa collègue Jessica Moss, violoniste et fondatrice d'A Silver Mt. Zion, qui présente un projet audiovisuel de concert avec le cinéaste Charles-André Coderre (Jerusalem In My Heart).

Photo fournie par Suoni per il popolo

La saxophoniste Mette Rasmussen