La foule a doublé, de 10 000 à 20 000 spectateurs. Or, un segment de mauvais temps, des spectacles annulés et des changements d'horaire ont causé de vives frustrations parmi les spectateurs du festival de musique Santa Teresa, qui avait lieu ce week-end à Sainte-Thérèse.

Le bilan des organisateurs est somme toute positif. Il y aura une troisième présentation l'an prochain. «Les gens ont pu voir ce qu'on veut faire dans le futur», a dit hier le cofondateur Julien Aidelbaum.

Une année de transition et d'ajustements, donc, pour un festival qui a été victime de son succès... et d'annulations.

Dimanche soir, Lil Uzi Vert - la tête d'affiche principale - devait monter sur scène à 21 h 30. Près de deux heures plus tard, les organisateurs du festival ont annoncé que le rappeur américain était coincé aux douanes. Or, un message publié sur la page Facebook du festival plus tôt dans la journée indiquait que Lil Uzi Vert était «en ville».

Des festivaliers mécontents ont lancé des bouteilles et fait du grabuge. Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont été virulents. «Un flop», a dit l'un. «Un mensonge», a dit l'autre.

Pourquoi avoir déclaré que Lil Uzi Vert était «en ville»? «La moitié de son équipe était arrivée samedi», indique Julien Aidelbaum. C'était malgré tout «précipité» de dire que le rappeur était là, alors que dans les faits, «il allait atterrir une heure et demie avant le show».

Santa Teresa parle d'«un problème de communication» entre son équipe et celle de Lil Uzi Vert (qui a aussi été bloqué par des agents des services frontaliers au dernier festival Osheaga).

Les gens qui ont acheté un billet journalier pour la journée de dimanche peuvent par ailleurs se faire rembourser. 

«Je suis triste pour les festivaliers qui ont attendu trop longtemps. On s'en excuse, mais on a fait du mieux qu'on pouvait... Dans les années à venir, la communication sera à revoir, mais la sécurité était notre principale préoccupation», explique Julien Aidelbaum, cofondateur du festival.

D'autres contretemps

Samedi, le spectacle extérieur des Voidz - le groupe de Julian Casablancas, des Strokes - a été annulé à cause du mauvais temps, ainsi que ceux de Her et d'Alice Glass. En fin de soirée, Nick Murphy n'a joué que quelques chansons en raison d'un retard et du couvre-feu extérieur à 23 h.

Dimanche, en plus de Lil Uzi Vert, deux autres formations hip-hop, Trippie Redd et Ski Mask The Slump God, ont brillé par leur absence. Heureusement qu'il faisait un temps radieux pour les prestations extérieures de Loud et de Dead Obies.

Pour ce qui est de la programmation en salle, des détenteurs d'une «passe» n'ont pu voir certains spectacles trop courus, dont ceux de Milk & Bone et Wolf Parade, samedi.

Le lendemain, le bar Le Cha-Cha était beaucoup trop petit pour les nombreux festivaliers qui faisaient la file pour Lydia Képinski et Hubert Lenoir.

La Presse a croisé des gens mécontents, mais aussi des mélomanes qui veulent voir le festival grandir. «C'est la deuxième année et malgré des problèmes d'organisation, je suis impressionné de l'ambiance du festival qui me plaît plus que la formule d'Osheaga», a dit à La Presse Colin, 27 ans. «Des artistes dans la marge sont moins prévisibles», a ajouté son ami Félix, soulignant que la «passe» ne coûtait que 80 $ pour les trois jours.

Un lieu prometteur

Le site du festival - avec un tronçon de rue fermé à la circulation - a en effet tout pour plaire. Sainte-Thérèse est un «college town» avec des cafés, des restaurants et des bars. La scène principale et les nombreux aménagements du festival se déploient en plein coeur de son petit centre-ville.

Santa Teresa a attiré des familles, des adolescents et beaucoup de jeunes. La jeunesse se voyait même parmi les personnalités publiques que nous avons croisées: Ludivine Reding, Phil Roy, Jay du Temple et Juliette Gosselin, pour ne nommer que celles-ci.

Dimanche, le public a pu voir les artistes québécois de l'heure. Dead Obies a été explosif, faisant oublier à la foule que c'était son premier spectacle sans Yes Mccan. Loud a été accueilli comme une star, ce qu'il est devenu et ce qu'il avait prédit dans la chanson-titre de son album Une année record, sorti à l'automne dernier.

Plus tard en soirée, Hubert Lenoir - qui avait donné un spectacle secret en après-midi - s'est produit au Cha-Cha en rock star. Avant le rappel, il a même fait un medley I Will Always Love You de Whitney Houston et Time of Your Life de Green Day. Pour Hubert Lenoir, tout est permis.

Une chance qu'il s'est élevé parfois dans la foule, car il était difficile de l'apercevoir tellement le bar - au plafond bas - était rempli. Avant lui, nous avons seulement pu entendre - et à peine voir - Lydia Képinski chanter.

Sur le coup de minuit, alors que l'atmosphère était tendue à l'extérieur avec l'annulation de Lil Uzi Vert, un grand calme régnait dans l'église Sainte-Thérèse, où Klô Pelgag, en toge, interprétait magnifiquement au piano sa chanson de circonstance J'arrive en retard («Je ne prie jamais/Jamais que pour toi», y chante-t-elle).

Le but de Santa Teresa «est de vivre une expérience», rappelle le cofondateur Julien Aidelbaum.

Une expérience moins convenue que les autres festivals. Mais une expérience qui a cependant besoin d'ajustements, selon les nombreux commentaires qui circulent sur les réseaux sociaux.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, archives LA PRESSE

Julien Aidelbaum, cofondateur du festival Santa Teresa