Dans le cadre du Festival international de la littérature, Dany Boudreault et Emmanuel Schwartz présentent La fin du monde est une fausse piste. Poésie et musique des désirs.

Fatigués des excès délétères de l'époque, deux amis prennent le monde dans leurs bras et le serrent fort, fort. Avec leur spectacle La fin du monde est une fausse piste, Dany Boudreault et Emmanuel Schwartz disent qu'il n'est pas trop tard, qu'on a encore le temps de retrouver le chemin des désirs.

«On est tellement dans une ère catastrophiste, du genre "tout va s'écrouler". Mexico, Maria, Irma, Trump... On est une génération exposée à un avenir incertain, mais je crois qu'il faut s'armer de lucidité. La lucidité peut être un moteur d'exaltation», croit Dany Boudreault.

Le comédien-poète a écrit la plupart des textes du spectacle. Emmanuel Schwartz, à la guitare, a pondu la musique et les chansons dans une mise en lecture d'Alice Ronfard, amie et enseignante des deux complices à l'École nationale de théâtre.

Emmanuel Schwartz était musicien et Dany Boudreault, poète, quand ils se sont connus à Cégeps en spectacle il y a presque 20 ans.

«On a reconnecté sur le projet d'Hanna Abd El Nour [magnifique mise en scène des poèmes de Geneviève Desrosiers, Nombreux seront nos ennemis, en 2014]. Hanna nous a réunis», décrit Emmanuel Schwartz.

Il nous explique le titre du spectacle qui s'appelait au départ Ainsi tombent les princes.

«En voulant mettre le pied sur le gaz des racines et de la définition de soi, on constate la futilité de ces étiquettes. La civilisation va s'écrouler à un moment donné et on n'en reviendra juste pas, mais ça va continuer. Ça n'est pas la fin du monde, c'est la fin d'un monde.»

Entre les extrêmes

Les amis ont concocté un spectacle qui refuse les extrêmes en cette époque où tout semble possible, mais où rien n'est permis.

«Les extrémistes vont tous dans le même sens, finalement. Mais il n'y a pas d'extrême folie de générosité, d'empathie ou encore de destruction de marchés. Ça tient très bien, ça, le marché. Pourtant, on vit des extrêmes de décadence et d'oligarchie.»

Dany Boudreault croit que, face aux extrêmes, rien ne sert de paniquer.

«Il faut accepter l'inconfort et arrêter de penser que l'équilibre est quelque chose de gris et de plate, que pour cette raison, il faut tout aplanir. L'équilibre, c'est l'alternance entre les extrêmes. Tout le monde veut que tout soit consensuel. Mais non, on passe du laid au beau constamment.»

Pas une raison pour en finir, pas une raison pour crier au meurtre ou au scandale, pas une raison pour crier. Point.

«Il suffit de faire un high five de temps en temps avec des gens qui nous comprennent, croit Emmanuel Schwartz. Comme ça, on peut se dire qu'on n'est pas complètement à côté de la plaque. On a tous nos identités et nos désirs propres.»

En dehors des lieux communs et des formules toutes faites. 

« On est des êtres multiples, poursuit-il. Tu nous vois aller dans une direction, ça nous stimule et ça nous donne l'impulsion d'aller dans le sens contraire. »

Extrait du spectacle

«Aimer est abrasif. Tu réalises que depuis que nous sommes citoyens du monde, nous sommes condamnés à tâter dans le noir. Aucune emprise. Dire ton vide te force à admettre que rien ne te comble. Alors tu bouges. Tu quittes les mondes, tu commences au milieu, tu arrives pour passer. Petit à petit, tu te mets à aimer l'enfant que tu as été. Seulement, quand ton enfance reconnaît son enfance et que vos enfants dansent, tu oublies la physique.»

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La fin du monde est une fausse piste, ce soir, à 21 h, à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts