Peu connu en Amérique du Nord, sauf chez les connaisseurs de hip-hop français, Guts est très respecté en Europe. La direction artistique de MEG Montréal, qui se tient désormais au tournant de septembre, estime avoir réalisé un coup fumant en l'invitant à offrir un DJ set en ouverture de festival ce soir.

Fabrice Henri portait le surnom Gutsy au sein d'Alliance Ethnik, groupe de rap français qui s'est illustré dans les années 90, à l'âge d'or d'un hip-hop hexagonal enraciné dans la culture populaire depuis lors.

«J'étais le noyau du groupe, précise l'artiste, joint à Ibiza où il vit. Je faisais alors le lien entre les membres, je m'occupais surtout de la création musicale en tant que beatmaker - on appelait ça "programmateur" à l'époque. Alliance Ethnik a duré de 1995 à 2000, après quoi tous sont partis vers d'autres horizons créatifs.»

Gutsy a par la suite travaillé auprès d'artistes français tels Big Red de Raggasonic, Svinkels, Sages Poètes de la Rue et a même collaboré avec des pointures américaines telles Common, De La Soul, Rahzel de The Roots. En 2007, il déménageait ses pénates en Méditerranée.

«Ibiza, c'était d'abord une histoire de famille. Mon père y était déjà depuis 1969. Cette relocalisation n'a rien à voir avec une quelconque propension au clubbing renommé dans l'île. J'y suis pour la douceur de vivre, l'environnement naturel, le soleil, la mer, le climat...»

Et aussi pour la musique, on s'en doute bien: outre son nightlife trépidant, Ibiza est un territoire propice à la création et à la production en musique électronique. Gutsy y a effacé le «y» de son pseudo et y a lancé sa carrière solo.

«J'y ai d'abord sorti l'album Le bienheureux, en licence chez le label Wax On du producteur anglais Nightmares On Wax, qui était aussi débarqué à Ibiza en 2007.»

Ce premier album solo a obtenu un succès d'estime en Allemagne, en Angleterre, en Europe de l'Est, en Australie et... il est passé inaperçu en France. Freedom, son deuxième album sorti en 2009 chez Pura Vida, s'est mieux vendu là-bas. Idem pour Paradise for All, sorti en 2011, puis ce fut de nouveau l'appel du regroupement humain pour le quatrième opus, Hip Hop After All, sorti en 2014 sous étiquette Heavently Sweetness.

«En invitant rappeurs et chanteurs à poser leurs voix sur mes tracks, je suis revenu à mes premières amours, c'est-à-dire comme à l'époque d'Alliance Ethnik. Pour défendre Hip Hop After All sur scène, j'ai monté un groupe avec musiciens [claviers, basse, guitare, batterie, machines], chanteurs et rappeurs. De mon côté, j'ai des boîtes à rythme, échantillonneurs, synthés. Et il m'arrive d'inviter une section d'instruments à vent.»

Depuis lors, Guts croit être devenu «de plus en plus chef d'orchestre».

«Je peux solliciter une palette de musiciens avec qui j'écume plusieurs salles en Europe. Après la tournée Hip Hop After All, j'ai fait de même pour Eternal, mon cinquième album sorti en 2016, et mon tout récent EP, Stop the Violence

La formation de Guts ne s'est toutefois jamais présentée en Amérique du Nord, et cela ne se produira pas non plus à MEG Montréal: «Je viens plutôt y faire un DJ set, c'est-à-dire y jouer la musique qui m'inspire. J'adore ça, je le fais de plus en plus, j'alterne avec les concerts.»

Issue du hip-hop et de la soul/R&B, la musique de Guts s'est considérablement étoffée depuis ses débuts.

«Encore aujourd'hui, je reste ancré dans cette énergie originelle, mais, étant un fervent collectionneur de disques, ma palette musicale s'est considérablement élargie: jazz, disco-funk, afrobeat, mandingue, caribéen, brésilien, cubain, colombien, oriental... découvertes de plus en plus plus pointues. La musique dont je me nourris ne peut que nourrir ma musique.»

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Au Belmont ce soir, de 22 h à 3 h, dans le cadre de MEG Montréal.

Trois priorités à MEG Montréal

CRi - Au Théâtre Fairmount, demain, 20 hCRi, Christophe Dubé de son vrai nom, fait parler de lui depuis un moment, notamment pour la qualité de ses clips et de Someone Else, EP lancé il y a quelques mois. Il est de cette école à forte teneur house et bass music, mais incluant la forme chanson, c'est-à-dire les mélodies poignantes, harmonies pop et voix humaines souvent à l'appui - on pense à Jamie XX, Caribou, Apparat et autres HAELOS. Promis à un avenir brillant, CRi investit le grand circuit électro - Montréal demain, New York samedi, Toronto dimanche, Québec la semaine prochaine...

Clyde P - Au Métropolis, samedi, 23 h - afterparty de l'Électro-ParadeLe fameux magazine en ligne Resident Advisor considère ce producteur et DJ comme l'un des secrets les mieux gardés en France. Il a d'ores et déjà collaboré avec des producteurs classiques tels Étienne De Crecy et Kerri Chandler. Éclectique, son infusion de genres propices à la piste de danse se fonde sur la house. Sa carrière a pris une ampleur particulière en 2016: on l'a vu à l'oeuvre dans les clubs de réputation internationale Ministry Of Sound, Arena Club, Exchange, Output ou encore dans les afterparties du festival Coachella.

Clément Bazin - Au Newspeak, dimanche, 22 hLe Parisien Clément Bazin a tourné deux années durant aux côtés de Woodkid, pendant lesquelles il a mis au point ses premières productions d'envergure. Recruté par le label Nowadays Records (La Fine Équipe, Douchka, Fakear, etc.), ce percussionniste de formation (professeur de steelpan) et producteur préconise une musique électronique mâtinée d'accroches pop et de soul/R&B. Lancé en 2016, son troisième EP, Return to Forever, dépasse les 4 millions d'écoutes. C'est aussi très bien parti pour US, quatrième maxi lancé en mars dernier.

Photo Jerry Pigeon, fournie par MEG Montréal

CRi, Christophe Dubé de son vrai nom, fait parler de lui depuis un moment, notamment pour la qualité de ses clips et de Someone Else, EP lancé il y a quelques mois.