Échelonné pendant la majeure partie de juin, le festival Suoni Per Il Popolo offre une variété impressionnante de nutriments sonores tous azimuts, tous cultivés dans le champ gauche. Voici nos suggestions.

Ellen Fullman et Greg Davis

Ce soir, 20 h, Centre Phi

La compositrice, improvisatrice et iconoclaste américaine Ellen Fullman est réputée dans le monde de la musique contemporaine pour la conception et l'usage du Long String Instrument, un instrument à cordes de 21 m de longueur accordé en intonation juste. L'escale montréalaise requiert deux journées d'installation, des pièces construites sur place et même 800 kg de sable. Quant à Greg Davis, un compositeur de musique électroacoustique du Vermont, sa pratique se concentre sur le traitement numérique d'une variété d'instruments et de sons captés sur le terrain.

Musiques d'Alison Cameron et de Marielle Groven

5 juin, 20 h, Sala Rossa

En collaboration avec les festivals canadiens Trading Places, Music on Main, Coastal Jazz and Blues, Now Society, Western Front et avec le Quatuor Bozzini, des oeuvres des compositrices canadiennes Alison Cameron et Marielle Groven seront interprétées par la chanteuse légendaire Mary Margaret O'Hara, la violoncelliste Peggy Lee et le quatuor montréalais. Ces interprètes et improvisatrices joueront les oeuvres dans différentes configurations; elles seront rejointes par les compositrices en cours d'exécution.

Horse Lords, Phern et invité surprise

7 juin, 20 h 30, Casa del Popolo

Le groupe Horse Lords, de Baltimore, s'inscrit dans le vaste corpus de l'avant-rock instrumental, surtout pour l'essentiel de sa lutherie-percussions, basse, saxophone, guitare jouée en intonation juste, électronique. Les référents y sont particulièrement éclatés, on puise dans le blues touareg, l'afro-beat nigérian, le krautrock allemand, le minimalisme américain, le rock progressif, le jazz contemporain ou l'électroacoustique. De son côté, Phern s'amuse ferme à créer une diffraction de pop culture, suggérant ainsi un corpus déglingué, somme toute divertissant.

Princess Nokia, Strange Froots, Debby Friday, Aïsha Vertus

8 juin, 20 h 30, Sala Rossa

Le hip-hop, la nusoul et la poésie de Princess Nokia constituent un concept encore souterrain, mené par la New-Yorkaise Destiny Frasqueri, dont le EP 1992 a été porté aux nues. Les identités ici défendues sont multiples: queer, autochtone, nuyoricaine, féministe. Princess Nokia incarne une nouvelle génération de rap conceptuel et engagé, et suscite la plus grande demande au Suoni cette année - de retour au Club Soda le 28 août prochain. Dans la même optique, le programme du 8 juin comprendra Strange Froots, trio montréalais de rappeuses, productrices et chanteuses. Les DJ et productrices montréalaises Aïsha Vertus (Gayance) et Debby Friday compléteront ce programme au féminin.

Julius Eastman joué par Novarumori, Nicole Lizée

13 juin, 20 h, Sala Rossa

L'oeuvre du compositeur post-minimaliste Julius Eastman (1940-1990) fait actuellement l'objet d'un regain d'intérêt dans les cercles de la musique contemporaine. Emporté prématurément par le sida, ce créateur était afro-américain et gai à une époque très difficile pour ces deux conditions spécifiques. Voilà ce qui explique la reconnaissance tardive de son oeuvre. Mieux vaut tard que jamais, plusieurs festivaliers montréalais en feront la découverte avec l'exécution de The Holy Presence of Joan of Arc par l'ensemble Novarumori. Au même programme, on aura aussi droit à des oeuvres des Montréalaises Myriam Bleau et Nicole Lizée, qui présente la pièce Sasktronica.

Moor Mother, Aye Nako, Blankets, Markus Floats

15 juin, 20 h 30, Casa del Popolo

Moor Mother, de Philadelphie, est mené par l'artiste et militante Camae Dennis. Moor Mother se veut un concept afro-futuriste; on y croise noise, hip-hop et punk rock. On y clame, on y invective, on y cherche également la rédemption, l'émancipation, la libération. Camae Davis partagera le programme avec le groupe new-yorkais Aye Nako, d'allégeances punk rock et queer, dont le récent album a été lancé sous étiquette Don Giovanni. Au même menu, Blankets suggérera une électro expérimentale aux pointes noise. Enfin, l'approche de Markus Floats sera électroacoustique, à la fois mélodieuse et incongrue.

Photo fournie par Suoni Per Il Popolo

Marielle Groven

Anthony Braxton Sextet, Fred Bazil

16 juin, 20 h 30, Sala Rossa

Jadis associé au jazz d'avant-garde, le septuagénaire Anthony Braxton a construit un édifice musical beaucoup plus vaste. Son oeuvre déborde largement le cadre de la musique improvisée afro-américaine, sa contribution aux corpus des musiques instrumentales écrites et des musiques électroacoustiques est considérable, mais elle reste indissociable de son approche jazzistique. Pour son premier concert au Suoni Per Il Popolo, il sera accompagné par Taylor Ho Bynum (cuivres), Dan Peck (tuba), Adam Matlock (accordéon), Jacqueline Kerrod et Shelley Burgon (harpes). Il sera précédé du saxophoniste montréalais Fred Bazil.

Les Filles de Illighadad

19 juin, 20 h 30, Sala Rossa

Après Tinariwen, Terakaft, Bombino, Etran Finatawa et tous ces bluesmen touaregs, voici les blueswomen du désert! Ces Filles de Illighadad sont menées par la guitariste Fatou Seidi Ghali et la chanteuse Alamnou Akrouni, issues carrément d'Illighadad, un village du Niger. Grosso modo, elles génèrent le même groove, les mêmes motifs, le même blues originel, mais avec une sensibilité et une exécution féminines à l'avant-plan. Ce même soir, on entendra la formation montréalaise Macrocouleurs, inspirée par la culture gnawa qui côtoie celle des touaregs dans la vaste zone saharienne.

Haram et Kaze

20 juin, 20 h, Sala Rossa

De Vancouver, Haram est un grand ensemble qui se consacre à l'exploration de musiques égyptiennes et irakiennes. Mené par le compositeur, guitariste et oudiste Gordon Grdina, cet orchestre sera constitué d'excellents musiciens britanno-colombiens associés aux musiques exploratoires: JP Carter, Jesse Zubot (directeur musical de Tanya Tagaq), François Houle, Chris Kelly, Liam MacDonald, Emad Armoush, Tommy Babin et Kenton Loewen. De retour au Québec, le quatuor franco-japonais Kaze partagera ce programme. On y trouve l'excellente pianiste Satoko Fujii, le trompettiste Natsuki Tamura, le trompettiste Christian Pruvost et le batteur Peter Orins.

http://suoniperilpopolo.org/fr/

Photo fournie par Suoni Per Il Popolo

House Lords