Tenue exceptionnellement du 12 janvier au 19 février prochains, l'édition spéciale 375e (anniversaire de Montréal) de l'Igloofest sera l'occasion de marquer l'expansion du fameux festival où l'on danse au-dessous de zéro, à travers moult activités et aménagements supplémentaires.

«Le 11e Igloofest demeure le fer de lance de toutes nos activités en 2017», affirme avec enthousiasme Nicolas Cournoyer, producteur exécutif et cofondateur de l'Igloofest et du Piknic Électronik - qui relèvent de la même organisation, comme on le sait.

«Deux soirées de concerts gratuits, rappelle-t-il, seront présentées sur notre site, soit les samedis 11 et 18 février suivant la programmation payante de l'Igloofest - échelonnée, comme on le sait, sur quatre fins de semaine consécutives. Le contenu de ces soirées sera précisé très bientôt, nous compterons essentiellement sur les artistes locaux pour ce faire.»

Ces mêmes samedis de gratuité, l'Igloofest organisera des jeux nordiques plutôt déjantés et servis à la sauce montréalaise, nous apprend-il en outre. L'organisation inclura même la place Jacques-Cartier à son terrain de jeu. «Une glissoire y sera construite et sera à la disposition des gens pendant les six mêmes semaines. Nous avons voulu évoquer la glissoire qui fut aménagée sur la même place il y a un siècle. En 2017, elle devrait gagner en verticalité, sans toutefois présenter le moindre risque pour ses utilisateurs.»

En périphérie de l'aire payante de l'Igloofest, un village nordique accessible gratuitement émergera pour ces six semaines de festivités: «Nous avons invité des firmes visionnaires en design et en architecture à créer des habitations et abris hivernaux qui constitueront ce village. Des structures proposées seront carrément ludiques, d'autres, écoénergétiques, certaines relèveront de concepts plus intellos», indique le producteur.

Expérience améliorée

En ce qui a trait à la programmation payante de ce 11e Igloofest, des modifications ont été apportées dans l'aire clôturée.

«Nous avons effectué un gros travail de scénographie. Pour 2017, nous avons amélioré les propriétés immersives de la scène principale - Sapporo. Ainsi, nous avons érigé des monolithes de conteneurs autour de la piste de danse, ce qui permettra de projeter des images sur les flancs de cet espace devenu un grand V relativement fermé par deux monolithes au fond.»

Par voie de conséquence, cette réorganisation de l'espace permettra de réunir le village d'activités (bars, jeux, structures de glace, etc.), scindé en deux l'an dernier.

«Il n'y aura donc qu'un seul lieu déambulatoire, ce qui améliorera l'expérience des festivaliers, car ils seront plus à l'aise dans la foule. Avec la collaboration du Cirque du Soleil qui a courtoisement retardé les opérations de pieutage de son chapiteau, d'ailleurs, on a gagné en surface, y compris pour les espaces VIP.»

Quant à l'affluence globale de l'Igloofest Édition spéciale 375e, ses organisateurs souhaitent entre 90 000 et 100 000 personnes, compte tenu des deux samedis supplémentaires.

«Le record d'affluence avait été battu en 2014 avec 85 000 entrées... Or, en 2015, l'hiver glacial avait fait chuter l'affluence à 73 000 personnes. L'an dernier, un peu moins de 79 000 spectateurs ont assisté à l'Igloofest ; c'était mieux mais, cette fois, on a manqué de neige, vu le temps anormalement doux. Il faut faire avec les bouleversements climatiques... pas le choix.»

Quoi qu'il advienne de la météo, l'année 2017 sera marquée par l'expansion de l'Igloofest, mais aussi du Piknic Élektronic et autres activités connexes qu'envisage leur organisation. L'arrivée d'un nouvel investisseur dans le portrait, soit le «collectif expérientiel» Mishmash, piloté par la société de placement XPND Capital que met de l'avant l'homme d'affaires tous azimuts Alexandre Taillefer, permettra d'en accélérer le développement.

Des exemples?

«Au cours des années qui viennent, prévoit Nicolas Cournoyer, le rayonnement de l'Igloofest sera plus considérable dans le Vieux-Port. Nous travaillons aussi sur un autre projet de festival tenu dans ce même secteur l'été prochain, mais je ne peux en dire davantage. Sur l'île Sainte-Hélène, le Piknic Électronik connaîtra aussi une vraie croissance dans le contexte de la transition occasionnée par les travaux de réaménagement du parc Jean-Drapeau. L'exportation de nos événements à l'étranger sera également à l'agenda.»

Nos six suggestions

PREMIER WEEK-END

Apparat - Allemagne, 12 janvier, scène Sapporo

On l'avait vu émerger à travers des projets partagés avec la pionnière Ellen Allien. Ce Berlinois de 38 ans a couvert énormément de territoire depuis ses débuts au tournant du millénaire. Sascha Ring est aujourd'hui un incontournable de l'électro sous différentes déclinaisons: techno, house, IDM, ambient, mais aussi synthpop, pop psychédélique, dream pop et autres sous-tendances impliquant la forme chanson. Apparat a également connu ses heures de gloire en oeuvrant auprès de Modeselektor sous la bannière Moderat, qui a enregistré trois albums et marqué la vie nocturne des technoïdes montréalais. Apparat vient cette fois à titre de DJ et compte interagir avec la plus grosse piste de danse hivernale qui soit.

Carl Cox - Royaume-Uni, 13 janvier, scène Sapporo

Natif de la Barbade, Carl Cox est considéré comme une légende de l'électro britannique. Ayant absorbé très jeune le Philadelphia Sound de la disco, puis la techno de Detroit et la house de Chicago, sans compter la soul et le funk dont il raffole toujours, cet épicurien a progressivement mis au point un mélange explosif de tech house. Actif depuis les années 80, il a été l'une des vedettes de l'âge d'or des raves et s'est imposé comme l'un des principaux architectes de la musique électronique à l'européenne au cours des années 90. Les programmateurs de l'Igloofest le décrivent comme un des artistes les plus attachants de la communauté des DJ, compositeurs et réalisateurs.

Joris Voorn - Pays-Bas, 14 janvier, scène Sapporo

Ce bientôt quadragénaire d'Amsterdam a un impressionnant parcours. Fils d'un compositeur, Joris Voorn a reçu une formation d'instrumentiste et s'est découvert un talent de DJ parallèlement à ses études en architecture. Lorsque des pointures de la techno ont reconnu son talent - on pense à Carl Craig, Derrick May et Laurent Garnier -, sa carrière internationale était lancée. Après avoir développé un intérêt particulier pour les styles house et techno, Joris a fait évoluer sa musique en approfondissant sa connaissance du MC-303 Groovebox qui permet la conception de rythmes et textures de synthèse. Son dernier passage à l'Igloofest remonte à 2012. Avec Edwin Oosterwal, il a naguère fondé des labels importants: Rejected et Green.

SECOND WEEK-END

MK - États-Unis, 19 janvier, scène Sapporo

À 44 ans, le DJ, remixeur et réalisateur Marc Kinchen (d'où le sigle MK) est fort respecté par la communauté internationale des DJ, réalisateurs et compositeurs électros. Originaire de Detroit et résidant de Los Angeles depuis 2001, il a connu plusieurs phases esthétiques: le fondement était techno - Michigan oblige -, mais la suite a été house, hip-hop, R & B ou carrément pop. En 1994, par exemple, il a connu un franc succès avec son remix de Misled de Céline Dion. Depuis un quart de siècle, en fait, MK fréquente les palmarès consacrés aux pistes de danse. D'autres artistes pop d'horizons très différents ont vu leur tubes rhabillés par lui: Enrique Iglesias, Tricky, Pet Shop Boys ou Lana Del Rey. Voilà un autre exemple de longévité dans un art que d'aucuns croient encore éphémère.

Josh Wink b2b Steve Bug - États-Unis/Allemagne, 20 janvier, scène Sapporo

Actif depuis plus de 25 ans, cet artiste originaire de Philadelphie est un autre pionnier de l'électro. Fondateur du label Ovum, Josh Wink fait dans la house, la techno et l'acid house; il a aussi traversé des phases plus expérimentales et fréquenté le style drum'n'bass. Son travail auprès d'Ursula Rucker et Trent Reznor a également fait mousser sa réputation. Rien de plus naturel pour Josh Wink que de faire équipe avec son collègue Steve Bug, féru comme lui de techno et d'acid house teintée de funk. Cofondateur du label Poker Flat, Stefan Brügesch a investi le circuit international dans les années 90 et a connu une trajectoire toute allemande malgré ses influences américaines, soit en frayant aussi du côté de la techno minimale.

Mind Against - Italie, 20 janvier, scène Sapporo

La musique des frères Alessandro et Federico Fognini s'inscrit dans la lignée d'artistes associés à l'excellent label Life and Death, y compris le maître Stephan Bodzin, un des grands architectes technoïdes de sa génération. L'esthétique du tandem italien (établi à Berlin) consiste en un kick drum très appuyé (sur le temps fort du rythme binaire) et des basses fréquences très costaudes. Cette lourdeur s'oppose à des mélodies synthétiques étrangement légères, volatiles et des ambiances quasi hallucinogènes. Servies à la manière d'un mantra avec variations ou encore d'un récit sonore avec introduction, développement, montée dramatique et conclusion, les musiques de Mind Against captivent le danseur ou même le méditant enclin à un nouvel âge encore plus neuf.

Photo fournie par l’Igloofest

Apparat