Mundial Montréal est à la sono mondiale (musiques du monde, si vous préférez) ce que M pour Montréal est aux variantes indie de la pop émergente: une vitrine internationale pour la production locale, qu'elle soit montréalaise, québécoise ou canadienne.

Mis en branle par le producteur et promoteur montréalais Sébastien Nasra, les deux happenings ne se tiennent pas par hasard durant la même semaine de novembre.

«Nous avons pris cette direction artistique que nous aimons nommer transglobal roots», indique Derek Andrews, directeur artistique et cofondateur de Mundial Montréal. Ainsi, sa programmation accueille des artistes «racines», pendant que d'autres mélangent deux ou plusieurs cultures dans une démarche d'actualisation.

«Racines transmondiales», donc.

«D'une part, nos groupes et artistes traditionnels sont populaires dans les festivals de musiques du monde en Europe, d'où l'importance de les mettre en évidence; cette année, par exemple, nous avons invité Le Vent du Nord et le violoniste Jaron Freeman-Fox. D'autre part, nous comptons plusieurs artistes ou groupes enclins au métissage. La rencontre du guitariste blues Paul Deslauriers et du sitariste Anwar Khrushid en est une belle illustration. D'autres exemples? Odessa/Havana, qui compte le grand pianiste de jazz Hilario Duran ou Elizabeth Shepherd qui a pu compter sur le guitariste béninois Lionel Loueke pour son dernier album. Ces mélanges sont vraiment canadiens!»

Derek Andrews se réjouit en outre de la maturité organisationnelle acquise par Mundial Montréal.

«Nous sommes à devenir le WOMEX d'Amérique du Nord [WOMEX est une plateforme de réseautage très importante en Europe pour la diffusion de la sono mondiale]. Bien sûr, nous sommes encore petits, mais nous offrons de réelles possibilités aux artistes d'ici pour accéder au marché mondial. 

«Par ailleurs, nous présentons des artistes venus de l'étranger: Dakhabrakha d'Ukraine, Chico Antonio du Mozambique, Sofia Rey d'Argentine ou Maya Kamaty de l'île de la Réunion. Ces invitations résultent de notre partenariat avec des promoteurs internationaux. Nos contacts européens ne cessent de croître, notamment en France. Nous prévoyons une ouverture pour la Corée l'an prochain. Notre réseau canadien se bonifie, les occasions de réseautage se multiplient avec les programmateurs, représentants d'artistes, gérants, agents, labels, journalistes.»

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De demain à vendredi, ces occasions se produiront dans le cadre de spectacles-vitrines ouverts au public, présentés au Lion d'Or, au Divan Orange, au Petit Campus, au Balattou, à la Salle Pierre-Mercure, au Club Soda, à L'Astral.

Quelques suggestions

KINNIE STARR

Mercredi, 21 h 30, Petit Campus

Kinnie Starr est originaire de Calgary et réside dans la grande région de Vancouver. Depuis une quinzaine d'années, cette métisse au sang mohawk chante et rappe sur l'amour, le sexe, les médias, l'environnement, l'identité, la vie le jour, la vie la nuit. Rappeuse, chanteuse, auteure, compositrice, beatmaker, réalisatrice, férue de hip-hop, électro, indie folk, elle a remporté un trophée Juno pour l'album Digging Roots «We Are» et s'est produite aux Jeux olympiques de Vancouver. Elle travaille régulièrement avec l'artiste électro et violoncelliste Cris Derksen, qui a déjà accompagné Tanya Tagaq.

LULA ALL STARS

Mercredi, 22 h, Petit Campus

Lula All Stars regroupe 12 musiciens sur scène. On dit de cette formation qu'elle est la crème de la salsa torontoise présentée au Lula Lounge, l'un des principaux clubs se consacrant aux musiques du monde dans la capitale ontarienne. Derek Andrews se fait une fierté de la faire découvrir cette semaine aux professionnels venus d'ailleurs. Les Lula All Stars sont menés par le claviériste Sean Bellaviti et le percussionniste Luisito Orbegoso, et proposent ce qui se fait de mieux en matière de salsa urbaine dans le nord des Amériques.

SAMITO

Jeudi, 21 h 50, Divan Orange

La direction artistique de l'événement met l'accent sur un collègue et ami montréalais de Pierre Kwenders: Samito, originaire du Mozambique, multi-instrumentiste et chanteur s'exprimant en portugais, anglais, français et chitswa. Artiste afroélectro, illustre représentant de la world 2.0 de Montréal, Samito travaille à son premier album avec le réalisateur Ivan Duran, qui a travaillé auprès d'artistes internationaux tels Aurelio Martinez, Andy Palacio ou Kobo Town. L'opus Xico-Xico devrait être lancé au début de l'an prochain.

JASON FREEMAN-FOX

Vendredi 15 h 30, Salle Pierre-Mercure

Le violoniste Jaron Freeman-Fox a collaboré avec de Delhi 2 Dublin, Ben Caplan et autres têtes d'affiche de la sono mondiale. À la fois visionnaire et soucieux de préserver le jeu du violon trad (à cinq cordes dans le cas qui l'occupe), ce brillant musicien mène l'ensemble The Opposite of Everything, qui s'est produit dans plusieurs événements majeurs. À un répertoire celtique traditionnel, ses propositions intègrent le jazz, la musique classique et la musique carnatique d'Inde méridionale.

GYPSY KUMBIA ORCHESTRA ET LEMON BUCKET ORCHESTRA

Vendredi, 21 h, Club Soda

La soirée de clôture de Mundial Montréal réunit le Gypsy Kumbia Orchestra de Montréal et le Lemon Bucket Orchestra de Toronto. Ces grands ensembles intègrent tous deux les musiques d'Europe de l'Est. Ces ingrédients se mêlent à la musique colombienne dans le cas du Gypsy Kumbia Orchestra, constitué de 17 musiciens et danseurs, alors que le Lemon Bucket Orchestra s'en tient à une mixtion ukrainienne et balkanique (roumaine, macédonienne, etc.) et réunit une quinzaine de musiciens et danseurs torontois aux origines diverses.