Multi-instrumentiste d'origine bulgare, Dimitar Gougov le dit à qui veut l'entendre: «Le terme barbare provient du grec ancien et désignait jadis tout le «blabla» incompris des usagers de la langue dominante».

Alors, pourquoi les Violons barbares? Réponse: pour désamorcer le sens originel du terme, puisque la musique est une langue universelle dont tout le monde peut s'imprégner.

Gougov fait équipe avec Dandarvaanchig Enkhjargal, chanteur principal et instrumentiste mongol, et avec le percussionniste français Fabien Guyot. Instruments traditionnels des Balkans ou d'Asie centrale, instruments à archets, percussions insolites, chants de gorge, chant de corps, chants de tête, convergence métisse, puissant flot d'énergie. Attitude rock en prime, si on se fie à la relecture vivifiante de Purple Haze que proposent les Violons barbares dans leur premier album.

Pourquoi se produire au Festival du monde arabe?

«À la blague, on se demandait: qui est donc l'Arabe dans le groupe? Non, nous ne faisons pas de musique arabe, mais il faut reconnaître que nos instruments proviennent de l'Orient», explique Dimitar Gougov, joint en France.

«Il y a des liens de parenté entre les musiques orientales, les musiques balkaniques et la musique arabe. Nos instruments traditionnels s'en approchent. Le morin khur, un des instruments mongols les plus anciens, compte deux cordes en crin de cheval. Dans les Balkans, soit en Bulgarie et en Serbie, la gusla ressemble beaucoup au morin khur. Les instruments à archets sont arrivés en Europe vers le Xe siècle. Ces instruments sont venus d'Asie, quelque part au nord de l'Inde.»

«Jouer fort, mais en finesse»

Dimitar Gougov vit en France depuis l'an 2000. En 2006, il a fait la connaissance du percussionniste Fabien Guyot, à Strasbourg, et celle de Dandarvaanchig Enkhjargal, en Allemagne, dans le cadre d'un projet intitulé La route de la soie.

«J'ai alors découvert le chant diphonique mongol, le chant de gorge, le morin khur, dit-il. J'avais très envie qu'on fasse de la musique avec Dandarvaanchig, sans avoir à justifier nos origines. La tradition existe en nous, impossible de ne pas y faire référence, mais notre volonté est d'en faire autre chose. Ainsi, nous cherchons à ne pas employer nos instruments de manière traditionnelle. Nous essayons d'en extirper beaucoup de sonorité. Nous avons tous développé des techniques de jeu que nous ne connaissions pas auparavant. Jouer fort, mais en finesse.»

Musiques transculturelles avec attitude rock, donc. «N'ayant pas le même rapport à la tradition, notre collègue Fabien Guyot a envie d'une musique énergique qui se rapproche de l'esprit rock, ajoute Dimitar Gougov. Nous aussi. Nous provenons de cultures traditionnelles, mais nous avons aussi écouté Jimi Hendrix et Metallica.»

___________________________________________________________________________

Les Violons barbares se produisent ce soir, à 20h, à la Cinquième salle de la PDA.