Du 5 au 23 avril, le festival Vue sur la relève propose une quarantaine de spectacles en musique, danse, théâtre, conte et multimédias dans une demi douzaine de salles incluant le Rialto, La Tulipe, le Mai, le Lion d'or et le Divan Orange. La Presse s'est entretenue avec trois artistes de la relève, tous au début de la trentaine, qui n'en sont pas à leurs premières armes, mais qui n'ont pas encore tout à fait percé leurs milieux respectifs. Rencontre avec des artistes d'aujourd'hui: Alecka, Mélanie Thibault et Benoît Lortie.

Musique

Alecka

Son premier album, qui sortira le 9 mai, est une affaire de famille. Les 11 chansons de ce disque éponyme appelé Alecka ont été coécrites avec sa mère, l'écrivaine d'origine libanaise Abla Farhoud, et le projet de disque réalisé par son frère Chafiik, des Loco Locass. La musique, elle dit l'avoir dans le sang. Normal, avec un père percussionniste (Vincent Dionne) et un frère musicien, la jeune femme a eu le temps de se faire une tête sur la chose.

Pourtant, au début de la vingtaine, elle se destinait plutôt à une carrière d'actrice. Elle a même participé à deux épisodes de Jasmine en 1995. Mais à 26 ans, elle a fait le saut. Et gagné les honneurs à Petite-Vallée en 2007, avec sa chanson Choukran (merci en arabe). Chantée avec sa voix rauque qui la distingue d'entre toutes. «Vous savez, j'ai dû m'ajuster, confie-t-elle. Je trouvais que ma voix était mon point faible. Je voulais faire des aiguës comme toutes les autres filles. Il a fallu que je m'adapte, que je trouve mon son.»

Le 14 avril, à la Tulipe, elle présentera le contenu de cet album de chansons francophones, qui puise autant dans le folk que le reggae, l'électro et le rap. Avec des rythmes arabisants qui témoignent bien de son métissage. Elle y explore des thèmes très personnels qui tournent notamment autour de la renaissance, du printemps et de la place de la femme dans la société. Il y a quelques semaines, elle a fait la première partie de Ben l'Oncle Soul et, selon notre espionne, elle a réussi à capter l'attention de l'auditoire venu voir le chanteur français.

Les clips disponibles sur YouTube révèlent une artiste manifestement à son aise sur scène. La jeune femme de 31 ans, qui a appris à jouer de la guitare en composant ses chansons, se définit comme un mélange de «Brel, Jean Leloup et Supertramp» ! Pas banal comme croisement.

On ne sort jamais un premier album avant d'avoir le contenu de son deuxième, dit-on. Est-ce son cas? «Oui, répond Alecka. J'ai écrit plusieurs nouvelles chansons. Mais aucune n'a encore été enregistrée. Chaque chose en son temps. La sortie de ce premier disque sera suivie d'une tournée, et on verra pour la suite.»





 

 





Danse

Mélanie Thibault

Touche-à-tout, autant par besoin que nécessité, Mélanie Thibault a commencé son parcours en arts de la scène il y a une dizaine d'années au Cégep de Saint-Hyacinthe. Elle a poursuivi ses études en France, à l'école internationale de mime de Paris (école Marcel-Marceau), puis à la Sorbonne, où elle a obtenu une maîtrise en arts de la scène.

Après avoir participé à des festivals des arts de rue, comme clown et comme mime, elle s'est tournée vers la danse contemporaine. «J'aime le mélange des genres, nous dit-elle en entrevue. La grande force de la danse, je crois, est de pouvoir côtoyer d'autres disciplines artistiques, qu'il s'agisse du théâtre, du mime, de la vidéo, des arts visuels, les possibilités sont immenses.»

Son retour à Montréal, après un séjour de six ans à Paris, n'a pas été de tout repos puisqu'il lui a fallu renouer avec le milieu montréalais de la création. La jeune femme de 32 ans a enseigné le théâtre au collège Brébeuf, et même suivi des cours de journalisme. Eh oui! car Mélanie Thibault publie des critiques de spectacles sur son site internet. «Je suis une boulimique de shows, je le fais bénévolement, parce que ça me nourrit.»

Pour Vue sur la relève, elle présente sa pièce Comment ceci devient cela, de Dimitri Rekatchevski, un spectacle solo qu'elle a créé en France en 2005, qui a été adapté en court métrage et présenté au festival du Luxembourg. Dans cette pièce sur la quête amoureuse et la solitude, Mélanie Thibault interprète une jeune fille en audition, guidée par une voix hors champ qui lui donne des consignes de jeu. «C'est une pièce assez ludique, qui explore les différentes identités de cette jeune fille qui se projette dans ses rêves, ses fantasmes, et qui se laisse emporter par cette voix off.»

Bien qu'elle cumule plusieurs petits jobs (aux communications de Ballet Jazz et au Journal de Saint-François à Salaberry-de-Valleyfield), Mélanie Thibault continue de travailler sur des projets multidisciplinaires. Après la présentation de Comment ceci devient cela (le 5 avril au Rialto), elle se concentrera sur la création d'une pièce sur l'errance qui mêlera danse et photographies.

 

 

Photo: Alain Roberge, La Presse

Mélanie Thibault

Théâtre

Benoît Lortie

 

Benoît Lortie a, lui aussi, un parcours éclectique. Diplômé en scénographie au collège Lionel-Groulx, le jeune homme de 32 ans a fait des études en littérature et en philosophie, avant de travailler comme concepteur, peintre, régisseur, etc. Mais c'est finalement vers l'écriture qu'il s'est concentré en fondant sa compagnie Théâtre Modus Ponem l'an dernier.

Les 20 et 21 avril, il présentera sa pièce Sex Random au Lion d'or et au Gymnase. Un concept intéressant qui tourne autour du théâtre à épisodes. «Le texte a été divisé en deux épisodes présentés sur deux jours. Ça fait longtemps que je travaille sur ce projet, nous dit-il. Mais la pièce va finalement voir le jour. C'est le cofondateur de Modus Ponem, Nicolas Berzi, qui signe la mise en scène en utilisant la métaphore du jeu de société. Sex Random, qui parle des relations humaines et amoureuses, met en vedette un personnage appelé Samugo, un garçon à l'orientation sexuelle ambiguë. Il fréquente une fille, mais en même temps, il est attiré par un garçon... qui s'avère être le chum de la meilleure amie de sa blonde. Genre Les amours imaginaires. «Les personnages n'osent pas aborder des questions de front, il y a donc beaucoup de malentendus et aussi de sous-entendus.»

Le troisième mousquetaire de Modus Ponem, Marie-Lou Bujold, fait également partie de l'équipe. «On aimerait beaucoup pousser ce concept de séries de théâtre encore plus loin. On pense que ça pourrait créer des habitudes de consommation différentes en théâtre. On verra ce que ça donne.»





 

Photo: Alain Roberge, La Presse

Benoît Lortie