Michel Faubert délaisse, pour un soir, ses Charbonniers de l'enfer pour le groupe Voivoid en proposant un spectacle où se mêleront le conte, la complainte... et le heavy métal! Faubert en mode «spoken métal» ? On est bien curieux d'entendre ça.

L'homme a révolutionné la chanson traditionnelle québécoise, mais il aimerait bien qu'on se souvienne que dans les années 90, il avait croisé le rock expérimental et la complainte dans un mouvement d'inspiration. D'ailleurs, son album La fin du monde a été réalisé par Jérôme Minière, prouvant par là son ouverture à d'autres univers que le sien.

Le 10e Festival Voix d'Amériques, qui lui a demandé d'être invité d'honneur avec Melissa Auf der Maur, lui a offert sur un plateau d'argent une soirée à son goût - c'est le privilège qui vient avec l'honneur... «Ça fait longtemps que Michel Langevin, le batteur de Voivoid, me parle d'une soirée de conte métal, explique-t-il. Je me suis dit que si je ne la faisais pas bientôt, je ne la ferais jamais.»

Il est tentant de faire le lien entre le conte et la musique métal par la figure du diable, très présente dans nos histoires, alors que le métal est associé depuis longtemps à l'expression «Devil!». Le spectacle de Michel Faubert s'ouvrira d'ailleurs sur un conte le mettant en vedette, mais là s'arrête l'apport du grand Satan. «Pour moi, il s'agit plus de visions de l'inconscient, du monde de l'irréel et des fantômes. L'univers de Voivoid est beaucoup plus près du fantastique et de la science-fiction. Je pense que l'intensité de cette musique sert bien le type d'histoires que je vais raconter.»

Subversion de la parole et du conte

Michel Faubert est un habitué du FVA. Que sa directrice artistique, D.Kimm, lui demande d'être invité d'honneur pour le dixième anniversaire de l'événement, consacré à la poésie, au spoken word et à la performance vocale, le touche beaucoup. «Pour moi, c'est comme une reconnaissance de quelqu'un qui vient d'un milieu assez marginal, dit-il. De me retrouver dans un grand festival de la parole, je suis content. D.Kimm a souvent souligné le côté rock de ma démarche, ça me donne le goût d'y aller de nouveau.»

En plus de son spectacle Spoken Métal, il participera pour la deuxième fois au Combat contre la langue de bois, l'un des concepts les plus populaires du FVA, où plusieurs invités montent sur scène comme dans un ring pour démolir à leur façon les discours préfabriqués. «C'est probablement la fois où j'ai ressenti le plus de peur et d'émotion avant de monter sur scène, avoue-t-il. C'est là que je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose de fort dans ce concept-là. C'est très particulier, à cette époque où on se demande pourquoi parler publiquement, si on a quelque chose à dire. On n'aime pas trop affirmer nos convictions. Avec le Combat, on n'a pas le choix.»

Plus qu'un habitué, Faubert est un fan du FVA. «J'aurais aimé être un poète, mais je ne le suis pas, croit-il. Ce que j'aime de ce festival, c'est de faire se rencontrer différents arts de la parole, le côté anglo et franco. C'est une urgence, cette prise de parole, cette implication politique, avec la poésie, le conte. Cela a un côté subversif. C'est drôle, au moment où plein de gens font du conte, c'est encore le conte traditionnel qui, à mon avis, est le moins politiquement correct. C'est un répertoire qui parle de haine, de colère, d'amour, et pas toujours d'un point de vue humaniste. Quand je livre mes contes, ce n'est pas toujours pour dire qu'il faut s'aimer les uns les autres. Il y a dans le conte traditionnel quelque chose d'extrême, et on peut faire un rapport avec le métal.»

On verra ce que ça donne ce soir, à la Sala Rossa, où Michel Faubert sera entouré de Michel Langevin, Dan Mongrain, Jean-Yves Thériault et DJ Ram.

Spoken Métal de Michel Faubert, avec Voivoid et DJ Ram, dans le cadre du Festival Voix d'Amériques. Ce soir, 20h, à la Sala Rossa.