Le cirque québécois domine le monde et va le dominer encore longtemps, selon Pascal Jacob, historien des arts du cirque. Le Cirque du Soleil a reproduit ce que Philip Astley avait fait à l'origine, soit créer des succursales du cirque hors de son pays.

Cette domination du cirque québécois s'est installée progressivement. L'École nationale de cirque naît en 1981, le Cirque du Soleil en 1984. Depuis 26 ans, la troupe de Guy Laliberté a atteint les sommets, produisant Saltimbanco, Alegria, Quidam, Dralion, Varekai, Corteo, Delirium, Mystère, O, Criss Angel, La Nouba, Zumanity, Kà, Kooza, Ovo, Viva Elvis, Zaia, Wintuk, Zed, Love, Banana Shpeel et Totem.

 

Le dynamisme et l'originalité du Cirque du Soleil ont fait des petits. Ont émergé le Cirque Éloize (1993), le Regroupement national des professionnels des arts du cirque (En Piste), en 1996, Les 7 doigts de la main (2002), la Cité des arts du cirque et la Tohu (2004) et la jeune troupe de Québec Les Confins en 2008.

«Il y a au Québec une quarantaine de compagnies de cirque et une quinzaine de lieux de formation membres d'En Piste, dit Suzanne Samson, directrice générale d'En Piste. Le Cirque Akya, familial, a un chapiteau et une caravane, dans la tradition pure du cirque. L'école de Verdun, créée en 1988, reçoit 15 000 jeunes par année. À Québec, l'école de cirque prend des jeunes dès l'âge de 2 ans.»

Pour Pascal Jacob, le cirque québécois a apporté quelque chose de différent. «Le Cirque du Soleil a une influence claire sur le cirque traditionnel, dit-il. On fait maintenant des spectacles à la manière du Cirque du Soleil. Il y a un phénomène de dépossession par rapport à un cirque traditionnel incapable de se régénérer.»

L'avenir du cirque mondial passe par le cirque québécois, selon Pascal Jacob, qui dit que l'hégémonie pourrait durer au moins jusqu'en 2040. «Il y a une domination de fait du Cirque du Soleil, dit-il. Mais il ne force personne, comme Astley ou les Soviétiques: à un moment donné, on trouve quelque chose qui correspond aux attentes d'un public de plus en plus large. C'est une évolution inévitable. Qu'elle soit dommageable pour certaines formes de créativité? C'est une autre discussion. Qu'elle remette en question des modes de fonctionnement pour certaines compagnies qui n'ont pas su se renouveler? Tant pis pour elles, c'est la vie!»