Actuellement en mission en Chine, le maire Denis Coderre et Jacques-André Dupont, directeur général de l'Équipe Spectra, venaient à peine de signer les documents avec les officiels chinois quand on a annoncé au Club Soda que Shenzhen allait être la «grande ville à l'honneur» au 17e festival Montréal en lumière.

Shenzhen? Oui, la ville adjacente à Hong Kong dans le Sud, la plus jeune ville d'un pays maintes fois millénaire, «le symbole de l'ouverture et de la modernité de la Chine», a souligné hier Mme Zhao Jiangping, consule générale de la République populaire de Chine à Montréal. «Shenzhen est aussi ville de design et, comme Montréal, une ville diversifiée. Nous sommes honorés de cette invitation et de l'occasion de faire découvrir aux Montréalais des pans de notre culture, de notre musique et de notre gastronomie.»

Montréal en lumière a annoncé hier sa programmation artistique, qui se déroulera du 18 février au 5 mars dans plus de 20 salles montréalaises, du Centre Segal au Lion d'or, de la SAT à la TOHU, mais toujours avec son centre nerveux autour de la place des Festivals, le coeur du Quartier des spectacles.

Volonté commune

Laurent Saulnier, VP programmation de Spectra, qui produit Montréal en lumière, parle mal le cantonais et connaît peu les coutumes chinoises, mais qu'à cela ne tienne. «Oui, avec les Chinois, les codes sont différents, mais il y a une volonté commune de faire arriver les choses.»

Et parmi les choses qui vont arriver en février, il y a l'Orchestre symphonique de Shenzhen au grand complet, avec son chef Muhai Tang (il est aussi chef du Philharmonique de Belgrade), pour un soir seulement à la Maison symphonique. Avec, comme soliste invité, le violoniste Dan Zhu, un des musiciens chinois les plus demandés dans le monde.

Pour le reste, Montréal en lumière reste un «intégrateur» de programmation, incluant dans son programme des dizaines de spectacles qui auraient eu lieu de toute façon mais pas nécessairement.

«Ça fait partie de notre mission», répète Laurent Saulnier en soulignant la vastitude et la richesse de l'offre montréalaise en ce temps sombre de l'année nordique.

Têtes d'affiche

Le retour à Montréal de Charles Dutoit, dans cette Maison symphonique dont il a tant souhaité l'avènement, représente le clou de la programmation classique du festival. Charles Dutoit, 80 ans, dirigera l'OSM - «son» OSM, dont il a été le chef attitré pendant 24 ans - dans deux concerts où l'Orchestre aura comme invitée la pianiste suisse d'origine argentine Martha Argerich, ancienne épouse de M. Dutoit.

Montréal en lumière se fait une spécialité de présenter les rentrées hivernales d'artistes québécois, parmi lesquels Will Driving West, le duo d'explorateurs Thus Owls et le rockeur beauceron Rémi Chassé.

Par ailleurs, la Française Lou Doillon nous ramènera son blues folk cinématographique (au Club Soda) tandis que ses compatriotes d'AaRON vont se faire beaucoup d'amis au Métropolis.

D'ailleurs sur la mappemonde musicale: Angélique Ionatos (Grèce), Rodrigo Amarante (Brésil), Mouse on the Keys (Japon) et la chanteuse inuite Tanya Tagak qui accompagnera en direct le film Nanook of the North de Robert Flaherty (1922).

Jazz et voisins...

Outre les nombreux «revenants» des récents Festivals de jazz - Elliott Maginot, Calum Graham, Thomas Enhco, Emily & Ogden - , Montréal en lumière présente Martin Levac, interprète acclamé de la musique de Genesis, dans son nouveau spectacle A Visible Jazz Touch of Genesis; Jean Félix Mailloux et Cordâme dans leur relecture des musiques d'Éric Satie dont on souligne le 150e anniversaire de la naissance; et le saxophoniste Yannick Rieu et son concert Da Li où se rencontrent les instruments traditionnels chinois et ceux du jazz contemporain.

La SAT propose quant à elle une expérience immersive unique avec le pianiste Roman Zavada en dialogue avec des aurores boréales filmées en 360o. Sidérant.

Danse et théâtre

Du flamenco en février pour réchauffer la métropole nordique, oui, et pas n'importe quoi: le Ballet Flamenco de Andalucía avec la chorégraphe Rafaela Carrasco qui, à l'occasion du 20e anniversaire de la troupe, a remporté en 2014 le prix du meilleur spectacle de la Biennale de flamenco de Venise (Imagines).

Enfin, pour la première nord-américaine de Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, deuxième de sa série de six textes sur les religions, le romancier et dramaturge Éric-Emmanuel Schmitt jouera lui-même le rôle de Momo sur la scène de la salle Pierre-Mercure. Parlons de grande visite.

Infos: montrealenlumiere.com