Les 14es Suoni Per Il Popolo, célébration internationale de l'éclectisme dans le champ gauche musical, offrent deux ou trois programmes quotidiens répartis sur 17 jours et dans de nombreuses salles montréalaises, ce qui totalise plus de 80 performances et mobilisera environ 10 000 sièges payants d'ici la fin du mois de juin.

Steve Guimond, directeur artistique de la programmation, résume la courtepointe: «Un mélange de rock, de pop expérimentale, de punk, de musique électronique, free jazz, world et musique contemporaine, très belle photographie de notre esprit musical: éclectique, éclaté, multigénérationnel.»

Y a-t-il lieu de cerner une orientation? Nenni. Sauf l'évitement systématique des sentiers battus, ce petit festival international ne préfère aucun style. «Chaque année, explique Steve Guimond, on ne part pas avec un plan. On recense plutôt ce qui est disponible, on passe en revue les propositions qui nous sont faites, on choisit ce qu'on juge meilleur. Pour y parvenir, une vingtaine de partenaires de programmation nous aident à élargir notre palette. Notre festival est à la fois international et local, puisqu'il fait aussi place à environ 200 artistes d'ici. Cette année, tout ce monde s'inscrit dans un plus grand nombre de séries, dont celles présentées aux Breakglass Studios et à l'Université McGill.»

Le travail collectif est préconisé aux Suoni, festival mis sur pied par le musicien Mauro Pezzente (membre de Godspeed You! Black Emperor) et sa compagne Kiva Stimac, qui gèrent la Sala Rossa et la Casa del Popolo l'année durant. Saluons au passage le travail de Steve Guimond, qui en est à sa dernière année à la direction de la programmation et qui déménage à Québec avec femme et enfants - sa compagne y devient professeure permanente à l'Université Laval. La relève sera assurée par l'équipe de programmation des Suoni, bientôt coordonnée par Daniel Pélissier.

Pop expérimentale, rock expérimental

tUnE-yArDs

Merril Garbus et ses collègues de tUnE-yArDs viennent nous balancer un furieux mélange d'indie pop expérimentale, d'électro, de folklores occidentaux ou africains, soit la matière du nouvel album Nikki.Nak. Il faut certes aimer la haute densité musicale pour admettre les propositions archivitaminées de ces hyperactifs. À La Tulipe, le 18 juin.

Ought

Pour un premier album, Tim Beeler et ses collègues montréalais du jeune groupe Ought ont frappé dans le mille: jeu subtil de références (punk, post-rock, new wave, avant-rock, soupçon de David Byrne ou de Gordon Gano), arrangements imaginatifs, chants à fleur de peau. Fervents, fébriles, indignés, troublés: à l'évidence, ces mecs sont habités! À la Casa del Popolo, le 13 juin.

Drone, bruitisme, post-rock

Swans

Très influent depuis les années 80, le New-Yorkais Michael Gira est un pionnier de cette expression composite, ancêtre du post-rock: effets de bourdon, fréquences saturées, incantations, bruitisme, blues, gospel et autres musiques indigènes d'Amérique produisent une tension inquiétante entre profane et sacré, entre magie noire et magie blanche. Au National, le 18 juin.

Aaron Dilloway

Cofondateur et ex-membre du groupe bruitiste Wolf Eyes, à la barre de l'étiquette Hanson Records, Aaron Dilloway est un pionnier de la scène bruitiste américaine. En solo, il compte exorciser ses démons, produire ordre et désordre à l'aide d'un assortiment de microphones contacts, cassettes huit pistes, bidules électroniques, voix étranges... À la Casa del Popolo, le 10 juin.

Photo: fournie par Suoni Per Il Popolo

Swans

Free jazz

Die Like A Dog

Le projet Die Like A Dog réunit trois figures marquantes du free jazz, toutes époques confondues. Le saxophoniste allemand Peter Brötzmann se joint ici à une section rythmique afro-américaine, incontournable à l'improvisation libre: le contrebassiste William Parker et le batteur Hamid Drake. Tempête à l'horizon! À la Sala Rossa, le 10 juin.

Boneshaker

«Meilleur batteur au monde» selon le programmateur Steve Guimond, le Norvégien Paal Nilssen-Love s'amène aux Suoni avec son tout nouveau trio «améropéen»: Bonsehaker est constitué du saxophoniste Mars Williams, de Chicago, et du bassiste Kent Kessler, résidant de Cape Cod. Secousses en perspective! À la Casa Del Popolo, le 15 juin.

Photo: Marek Lazarsk, fournie par Suoni Per Il Popolo

Boneshaker

Électronique

Philip Jeck, Michaela Grill, Karl Lemieux

Vidéaste d'art, l'Autrichienne Michaela Grill se trouvera sur scène avec le réalisateur québécois Karl Lemieux et le platiniste britannique Philip Jeck pour une improvisation audiovisuelle. Au même programme, les propositions minimalistes et contemplatives des multi-instrumentistes anglais Richard Skelton et Autumn Richardson. À la Sala Rossa, le 12 juin.

Jerusalem in my Heart

Pour la première fois à Montréal, Radwan Ghazi Moumneh présente son nouveau spectacle: Jerusalem in my Heart est expérience audiovisuelle au confluent de l'électro et de la culture arabo-libanaise. En première partie, il ne faut pas louper la collaboration entre l'artiste électronique berlinois Morphosis et le claviériste américain Charles Cohen. À l'Usine C, le 21 juin.

Photo: fournie par Suoni Per Il Popolo

Jerusalem in my Heart

Rock psychédélique, punk rock

Bardo Pond

Space-rock, shoegaze, rock psychédélique, torrent de distorsion, épais brouillard de guitares. Il n'y a pas lieu de s'étonner que ces mecs de Philadelphie soient en bonne partie inspirés de leur consommation... stupéfiante. Plus d'un quart de siècle d'activités intenses, une dizaine d'albums... après ça, on dira que la drogue tue! À la Sala Rossa, le 14 juin.

Perfect Pussy

Issu de la communauté punk-hardcore de Syracuse, Perfect Pussy a séduit l'équipe de programmation des Suoni par l'intensité de sa proposition punk, ses fréquences abrasives, sans compter les rimes directes, parfois brutales, de la chanteuse Meredith Grave. Sorti au début de l'année, son maxi I Have Lost All Desire For Feeling n'est pas passé inaperçu. À la Sala Rossa, le 19 juin.

Photo: Drew Reynolds, fournie par Suoni Per Il Popolo

Perfect Pussy