La musique traditionnelle québécoise est une véritable affaire de famille pour les de Grosbois-Garand, qui organisent depuis 22 ans La Grande Rencontre, le festival de musique et danse traditionnelles qui se déroule à compter de ce soir au Gesù. C'est aussi une belle occasion pour la seconde génération de lancer son premier disque, intitulé Mélisande [Électrotrad].

Alexandre de Grosbois-Garand et sa conjointe, la chanteuse Mélisande, se sont rencontrés grâce à leurs amis communs du milieu musical. Elle s'adonnait au rock progressif, lui faisait du trad avec son groupe de l'époque, Perdu le Nord. Elle l'a recruté comme bassiste. C'était en 2006. Huit ans plus tard, ils sont parents de deux jeunes enfants et d'un autre «bébé», leur disque nouveau-né.

«J'ai grandi avec cette musique, il y avait des jams chez nous régulièrement, jusqu'à deux heures du matin», dit Alexandre de Grosbois-Garand.

C'est son père, Gilles Garand, qui a lancé le festival en 1992. Sa mère, Louise de Grosbois, en est la coordonnatrice. «On se retrouve souvent, tous les quatre, à passer des soirées familiales pour parler du festival.»

Un passage des générations représentatif du pouvoir unificateur de la musique traditionnelle.

«La tranche d'âge des amateurs de trad est très large, ça va des jeunes aux aînés. C'est en marge des courants commerciaux, mais il y a toujours des jeunes qui s'y intéressent et de nouveaux groupes qui émergent.»

La tradition se poursuit, puisque le couple ammène régulièrement ses enfants aux soirées de danse traditionnelle.

«Les veillées de danse organisées une fois par mois à Montréal par la Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise sont remplies de jeunes, dit Mélisande. C'est ouvert à tous et ça existe depuis des années, mais le grand public semble l'ignorer.»

Pourtant, ceux qui ne connaissent pas cette musique ne devraient pas avoir peur de s'aventurer, croit Alexandre de Grosbois-Garand.

«La musique traditionnelle de différents pays est un milieu très inclusif et c'est ce qui m'a charmé quand j'ai commencé à fréquenter les festivals, dit Alexandre. Je suis allé dans un grand festival de trad à Saint-Chartier, en France. Il y avait des Allemands, des Anglais, des Français. Ils ne parlaient pas la même langue, mais ils pouvaient jouer ensemble pendant des heures. Il y a des festivals comme ça partout, en Europe, en Australie, aux États-Unis. C'est comme un monde parallèle qui gagne à être connu.»

Un monde qui évolue, aussi, et qui peut intégrer différents courants musicaux, même l'électro, comme on peut le constater sur ce premier disque de Mélisande, nom de la chanteuse, mais aussi du groupe et du projet.

«Il y a une tendance en ce moment de mélanger un peu d'électro avec le traditionnel, dit Mélisande. On est dans un cycle où les gens ont le goût de créer et d'inventer du nouveau à partir de la tradition.»

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La Grande Rencontre, jusqu'au 11 mai.