Le comédien Chaske Spencer, qu'on a pu voir dans les films Twilight, sera à Montréal en compagnie des réalisateurs Alex et Andrew Smith pour présenter Winter in the Blood, film de clôture du festival Présence autochtone.

De loup-garou à alcoolo, Chaske Spencer a dû transformer son corps plusieurs fois pour les besoins du métier.

Les adolescentes du monde entier ont admiré les pectoraux parfaits de la bande de loups des films Twilight dans lesquels il joue Sam - un rôle qu'on lui rappelle sans cesse, compte tenu du succès de cette série. «Après ce tournage, j'ai voulu faire un film à l'opposé de Twilight pour m'en éloigner le plus possible», confie-t-il.

C'est pendant le tournage de Twilight qu'il a été pressenti pour l'adaptation de Winter in the Blood, roman majeur dans la littérature des Premières Nations écrit par James Welch en 1974. L'écrit raconte l'errance éthylique d'un jeune Blackfoot du Montana qui peine à mater ses démons.

Pour ce rôle, Chaske Spencer a pris du poids. «Je voulais apporter un aspect physique à ce rôle; que le personnage ait l'apparence d'un gars qui boit trop.»

Bukowski amérindien

Dans le roman, le personnage n'est jamais nommé, mais, dans le film, on lui a donné le nom de Virgil. C'est un personnage tragique, hanté par ses morts, qui n'est pas sans humour, comme une sorte de Bukowski amérindien.

Une histoire toute en intériorité qui constituait un défi pour l'acteur. «Je le vois comme une personne brisée qui cherche à se réparer. Je ne voulais pas trahir ce personnage. Seulement montrer son histoire, la façon dont il doit traverser tout ça pour s'en sortir vivant. Ce que j'aime du roman, c'est que le personnage est tellement dans sa tête. C'est beau sur papier; je me demandais ce que cela allait donner à l'écran.»

Ce que cela donne? Chaske Spencer porte littéralement le film sur ses épaules. De beuveries en bagarres, de baises en délires, nous regardons Virgil traverser son enfer personnel avec fascination et compassion. Aura-t-il un avenir? «J'aime penser qu'il est devenu une personne comme moi», dit l'acteur.

Comme le personnage, Chaske Spencer a grandi dans le Montana. «J'ai grandi dans cette atmosphère, j'ai connu des gens qui auraient pu être des personnages de ce roman...»

Lakota d'origine, Chaske Spencer a été inspiré par des comédiens comme Val Kilmer, Jeff Bridges, Denzel Washington et Dennis Hopper - «des gars différents, qui travaillent différemment», dit-il. Le jeune homme a commencé à contempler sérieusement une carrière d'acteur vers l'âge de 20 ans.

Il l'admet, ce n'est pas facile de faire carrière aux États-Unis lorsqu'on est autochtone. Mais, de toute évidence, Winter in the Blood sera l'un des importants jalons de son parcours tant il s'est dévoué au rôle. On pourra le voir bientôt dans Desert Cathedral de Duran Palouse.

Winter in the Blood sera présenté demain à 13h et à 18h30 à la Cinémathèque québécoise, en présence des réalisateurs et de l'acteur.