Denis Plante voulait un prétexte pour jouer les plus beaux tangos du monde en un seul spectacle. Le bandonéoniste de Tango Boréal n'a eu aucun mal à trouver ce prétexte en puisant dans la riche histoire de l'Argentine. Cela a donné Evita, diva du tango, un opéra bouffe en français présenté le 21 juillet au Festival de Lanaudière.

« Les tangos les plus connus ont connu leur développement orchestral dans les années 30, raconte le musicien. Durant cette période, il s'est passé bien des événements importants en Argentine. Ce qui sert de justification dramatique au spectacle, c'est la rencontre d'un couple mythique, Juan et Evita Perón, et la mort du chanteur et compositeur de tango Carlos Gardel. On se retrouve à Buenos Aires en plein âge d'or du tango en 1935, au moment où Gardel vient de disparaître dans un écrasement d'avion, tandis qu'Evita Perón arrive en ville avec ses valises dans le but de devenir une star. »

La soprano québécoise Pascale Racine et le baryton Marc Boucher tiennent les rôles principaux, dans une mise en scène avec décors et costumes.

« C'est un opéra-comique, avec les plus beaux tangos argentins en première partie, où il est question d'un spectacle qui se prépare, dit Denis Plante. Ce spectacle tient lieu de deuxième partie, et c'est l'occasion pour nous de montrer ce que nous savons faire avec notre propre répertoire, soit du tango actuel, à la fois festif et virtuose. »

Le répertoire de Tango Boréal est avant tout l'oeuvre de Denis Plante, aussi compositeur. Après avoir passé une dizaine d'années à se consacrer au tango argentin, il a fondé l'ensemble musical afin d'en faire un laboratoire pour ses créations originales.

« Je trouvais que le répertoire traditionnel avait déjà été très exploité; ce qui m'intéressait vraiment, c'était de sortir de ce cadre et de créer du nouveau tango. Je me suis donc entouré du guitariste David Jacques et du contrebassiste Ian Simpson pour former Tango Boréal. »

En 2011, leur disque Tango Boréal a obtenu un bon succès critique et une diffusion assez importante qui leur a permis d'aller jouer dans le reste du Canada, aux États-Unis, en Inde, en Pologne et en Russie. L'album a été en nomination à l'ADISQ et a remporté un prix Opus dans la catégorie musique du monde.

« Depuis un an et demi, nous travaillons à développer le répertoire du prochain, qui sera enregistré à Buenos Aires avec des musiciens de là-bas. »

Bandonéon

Denis Plante, seul bandonéoniste québécois, a d'abord fait des études en hautbois classique et en guitare jazz. « Mes parents ont fondé l'Ensemble Claude-Gervaise, voué à la musique de la Renaissance. J'ai grandi au milieu d'une collection d'instruments anciens et j'ai commencé jeune à apprendre la musique. À 15 ans, je faisais des tournées avec mes parents. »

Ce n'est qu'à 26 ans qu'il a découvert le tango en prenant des leçons de danse, ce qui lui a donné envie d'apprendre le bandonéon.

Aujourd'hui, cet instrument essentiel du tango argentin est devenu presque impossible à trouver, d'autant plus que l'Argentine vient d'en interdire l'exportation.

« Le dernier atelier qui les fabriquait était situé en Allemagne. Quand le tango a perdu de sa popularité en Argentine avec la montée du jazz et de la musique pop, le marché s'est effondré et l'atelier a fermé ses portes. Aujourd'hui, les bandonéonistes jouent donc, comme moi, sur des antiquités. »

Evita, diva du tango, au Domaine Forget, le 20 juillet, 20h, et au Festival de Lanaudière, le 21 juillet, 14h.