Avec la puissante tempête de sable qui est venue fouetter le spectacle des Red Hot Chili Peppers, dimanche soir, Coachella a dit au revoir aux festivaliers en leur rappelant à quel point son événement planté dans le décor du désert est unique.

La nature est partie prenante de l'expérience du festival. Pratiquement tous les artistes britanniques à l'affiche durant le week-end ont parlé de la météo ensoleillée, qui contraste avec le temps gris et maussade du Royaume-Uni.

Le décor paradisiaque est un avantage de taille pour le festival Coachella par rapport aux différents rassemblements nord-américains musicaux qui commencent à lui faire une rude compétition sur le plan de la programmation.

Le lieu de Coachella est également bien organisé : les deux scènes principales sont séparées par la zone où il est possible de consommer de l'alcool. Les deux scènes secondaires sont sous un toit surélevé, ce qui permet aux festivaliers d'être à l'ombre le jour et d'être dans une ambiance intimiste le soir.

Quant à la tente électro, c'est plutôt un énorme hangar avec un dispositif scénique et des systèmes d'éclairage dernier cri, qui mettent en valeur la console de DJ. Le public de Coachella raffole de la musique électro. La marée humaine qui dansait pendant le DJ set réunissant Skrillex et Boys Noize avec leur projet Dog Blood était impressionnante - et presque effrayante - à voir. Il y avait de l'énergie au mètre carré.

Il faut dire que les festivaliers de Coachella boivent davantage de Red Bull que d'alcool. C'est impossible d'en consommer sur les lieux du festival, sauf dans certaines zones réservées situées près des scènes principales. Un peu étrange pour un Montréalais, un Australien ou un Britannique, qui aime bien boire une bière devant son groupe préféré.

Cette politique du festival était peut-être une bonne chose pour Lindsay Lohan, qui était parmi les vedettes vues le week-end dernier à Coachella. Robert Pattinson et Kristen Stewart se baladaient aussi main dans la main sur les lieux. À défaut de les avoir croisés, on peut aussi se vanter d'avoir respiré le même air que Leonardo DiCaprio, Alexander Skarsgard, Diane Kruger et Jared Leto.

Mais revenons à l'essentiel : la musique. Si la programmation de Coachella a eu quelques critiques, elle nous a comblée. Un festival doit avoir des valeurs ajoutées aux spectacles de tournée qui passent par le Centre Bell ou le Métropolis. L'importance de Coachella et son statut de premier festival de la saison lui permettent d'avoir les premières de groupes qui font des retours (Blur, Violent Femmes, Postal Service, The Stone RosesNew Order). Coachella invite également des vétérans hautement respectés (Dinosaur Jr., Wu-Tang Clan), des formations de l'heure (Divine Fits, Metric, Grimes, Tame Impala, Grizzly Bear, Yeah Yeah Yeahs) et des trésors insoupçonnés comme Rodriguez (voir un résumé de son spectacle au www.lapresse.ca).

À Coachella, les gens en ont pour leur argent avec des spectacles qui commencent à midi et qui se poursuivent après 1h. Comme tout festival de musique générique, Coachella est une sorte de parc d'attractions, dont l'événement a parfois le dessus sur la programmation. La foule est toutefois très curieuse des groupes à l'affiche. Si nous avons pu entendre des jeunes festivaliers dire que «Blur allait être big», mieux vaut tard que jamais pour qu'ils découvrent le brit-pop.

Le phénomène douchster

L'indie-rock et sa mode vestimentaire sont de plus en plus mainstream. Aux États-Unis, on commence même à parler du phénomène de «douchster», soit «les douchbags qui veulent avoir le look d'un hispter».

Nos observations mode du week-end confirment l'existence du phénomène, mais les gens qui critiquent les soi-disant «douchsters» sont contradictoires. N'ont-ils pas milité pendant des années pour que la musique indépendante trouve un plus grand public?

La musique est très identitaire, peut-on en conclure, surtout quand on fait du tourisme musical. Elle nous ramène à l'endroit d'où on vient, à où nous en sommes dans nos vies. Découvrir Joy Division à 20 ans à Montréal en 2002 donne une perspective différente de celle d'un baby-boomer britannique qui a vu le groupe à Manchester en 1979.

Voilà ce qui est beau dans un grand festival international comme Coachella: tout le monde communie ensemble à travers ses différences au son de la même musique.