«Nous venons d'un pays où il pleut et il fait froid. Vous êtes chanceux de vivre ici», a lancé Damon Albarn, en rappelant à la foule à quel point le temps gris et maussade de l'Angleterre a inspiré les chansons de Blur.

Vendredi soir, c'est au festival Coachella que le mythique groupe brit-pop faisait son premier retour sur scène en Amérique du Nord depuis la réunion de ses membres.

La nonchalance typiquement britannique de Blur contrastait avec la flamboyance californienne de beaucoup de festivaliers. Avec ses yeux bleus qui illuminaient les écrans géants, Albarn chantait avec son regard mélancolique habituel. Les fans de longue date de Blur étaient facilement identifiables dans la foule, ravis de s'enivrer au son des chansons Girls & Boys, There's No Other Way, Tracy Jacks, Coffee & TV, Tender et Parklife, servie avec l'introduction originale de l'acteur Phil Daniels qui avait fait le voyage avec le groupe.

Une invasion rock britannique marquait la première journée de Coachella, de la plus vieille à la jeune génération. En début de journée, la foule a pu découvrir le chanteur Jake Bugg, dont le visage traduit parfaitement son jeune âge de 19 ans. Quel contraste avec ses chansons qui portent la signature d'une vieille âme à la Johnny Cash ou Bob Dylan. À voir la réaction de la foule à l'écoute du premier extrait de son album, Two Fingers, cela deviendra un tube aux États-Unis après avoir fait les palmarès en Europe.

Johnny Marr, le guitariste de The Smiths, se produisait également en après-midi. Il a interprété des titres de son ancien groupe, mais il n'a malheureusement pas la voix de Morrissey... Passons.

À l'inverse, notre coup de coeur pour Palma Violets s'est confirmé en spectacle. Le groupe carbure - tout en sueur et en énergie - à son rock garage juvénile et écorché. Écoutez le premier album du quatuor qui se produira au Club Lambi, le 4 mai. Une injection dans les veines de jeunesse et d'insouciance.

L'invasion britannique s'est poursuivie jusqu'à minuit avec The Stone Roses, qui se produisait devant une foule malheureusement plus ou moins intéressée et au fait de son répertoire.

Plus tôt dans la journée, nous avons également savouré le rock de Divine Fits, le super groupe formé de Britt Daniel (Spoon), de l'ex-Montréalais Dan Boeckner. Quelle prestation inspirée, fougueuse et généreuse.

Divine Fits était heureux de se produire à Coachella, remerciant chaleureusement la foule. On ne peut pas en dire autant de Modest Mouse. Le chanteur Isaac Brock - réputé pour ses sautes d'humeur - aurait manifestement préféré rester dans son monde vendredi soir. Les spectateurs ont eu droit à quelques succès, dont Float On, mais pour le reste, Brock parlait de façon erratique à la foule, sans aucun intérêt. Malaise. Déception. Tristesse. Surtout que le spectacle de Modest Mouse que nous avons vu à New York l'été dernier était à la hauteur.

Heureusement que la chanteuse Karen O était en grande forme avec les Yeah Yeah Yeahs. L'ouverture était flamboyante avec la chanson Sacrilege (premier extrait du nouvel album Mosquito qui sort mardi) et la présence d'une chorale gospel. Puis pendant une heure, le trio a enfilé les nombreuses pièces phares de son répertoire : Maps, Gold Lion, Zero, etc.

À Coachella, les gens en ont pour leur argent avec des spectacles qui débutent à midi et qui se poursuivent après une heure du matin. Une chance que le temps chaud est sec. Les Californiens en ont l'habitude et s'habillent en conséquence...

À notre arrivée sur le site, nous avons été estomaqués de voir le nombre de jeunes arborant fièrement un look «douchster», définition donnée à «un douchbag qui veut avoir le look d'un hispter.» Fausses couronnes de fleurs dans les cheveux, un amalgame de cordes servant de culotte de bikini et des décolletés qui ne laissent aucune place à l'imagination: c'était hautement divertissant à regarder. Une sorte d'expérience anthropologique.

Le festival se poursuit samedi à notre plus grand bonheur. À suivre dimanche.

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Moment Factory à Coachella

Il fallait patienter jusqu'à minuit vendredi soir pour voir le travail de la boîte montréalaise Moment Factory avec le spectacle d'How To Destroy Angels, groupe mené par Trent Reznor (Nine Inch Nails) et sa femme Mariqueen Maandig. C'était très fort visuellement: une sorte de filtre multilignes transparent se fermait et s'ouvrait devant le public au son des chansons à la fois vaporeuses et abrasives du groupe. Cela permettait de multiples projections géométriques et de créer des ombres fanstamoriques autour des musiciens. «Ce sont des tubes médicaux qui captent les lumières des projecteurs et qui créent des effets de profondeur, a expliqué à La Presse Sakchin Bessette, fondateur de Moment Factory. Pour Trent Reznor, c'est avant tout un projet d'art.» Malheureusement, le spectacle sera présenté à Toronto, mais pas à Montréal.