Ceux qui croyaient que la saison festivalière montréalaise était saturée seront confondus: notre été s'enrichit dès ce soir d'un nouvel événement à caractère musical. Développé par l'organisation du Festival du Monde arabe, voici Orientalys, trois jours de programmation gratuite de musique du Maghreb qui fait du joli théâtre de Verdure du parc Lafontaine son port d'attache.

«Lorsqu'on a commencé le Festival du Monde arabe, on tombait toujours dans la période du ramadan», rappelle Béata Ginel, chargée des communications du Festival du Monde arabe. Drôle de hasard, alors, que ce deuxième événement consacré aux musiques du Nord africain et du Moyen et du Proche-Orient soit inauguré pendant la période sacrée. C'est sans doute déjà gage de réussite, puisqu'une fois le soleil tombé, ce sera la fête!

«Mais il y a des chansons que je ne peux pas jouer pendant le ramadan», spécifie le musicien invité Hassan Hakmoun, spécialiste du sintir - un luth basse à trois cordes aux sonorités bien rondes - et ardent représentant de la culture et des musiques gnawa.

«C'est moi-même qui fabrique tous mes instruments, le sintir comme les percussions», insiste le Marocain d'origine qui a fait des États-Unis sa terre d'accueil.

Né à Marrakech d'une famille de musiciens, il a traversé l'océan à la fin des années 80 pour faire découvrir la musique de transe gnaoui à un nouveau public. Il est tombé dans de bonnes oreilles, puisque Peter Gabriel l'a recruté sur son label Real World en 1993, après avoir entendu l'excellent Gift of the Gnawa, album de fusion des rythmes et chants traditionnels marocains avec le jazz contemporain, mettant en vedette le trompettiste Don Cherry et le percussionniste Adam Rudolph.

«Aujourd'hui, la musique gnawa est beaucoup mieux connue que lorsque je suis arrivé aux États-Unis», dit-il fièrement en s'attribuant un peu du mérite.

Depuis son retour à New York, après avoir longtemps séjourné en Californie, Hakmoun a retrouvé l'inspiration - son dernier enregistrement remonte à 2002. Les contacts avec les collègues l'inspirent, comme toujours. «À Montréal vendredi, avec [l'oudiste] Hassan El-Hadi, nous allons visiter nos répertoires respectifs; ce sera spontané, avec beaucoup d'improvisation», promet-il. Le groupe montréalais Maroc N'Reel sera également de la partie.

Hakmoun n'est que l'un des invités de marque de cette riche première édition d'Orientalys, qui sert de nouvelle vitrine autant pour la culture arabe dans la métropole - «Un Orient pour tous, fleuri de lys, au coeur de Montréal», résument élégamment les organisateurs - qu'au Festival du Monde arabe, lequel profitait du dévoilement de ces trois jours de programmation au parc La Fontaine pour annoncer quelques concerts de sa 12e édition.

Ainsi, sur le plan des créations spéciales pour Orientalys, en plus de la soirée mettant en vedette Hakmoun, on a eu la judicieuse idée d'inviter l'oudiste montréalais Sam Shalabi à développer le projet Vox Musika, pour lequel il se produira en trio avec ses comparses des labels Constellation et Alien8 Thierry Amar (Thee Silver Mount Zion, godspeed you! black emperor) et Will Eizlini.

Ce soir, en plus des projets d'Hakmoun, on pourra réentendre le travail du trio Sokoun, dont l'album Zanneh a valu à cette formation aux racines musicales tunisiennes le prix du groupe de l'année (musique du monde) lors de la remise des Prix de musique folk canadienne.

Ailleurs, c'est le projet du percussionniste Patrick Graham (Percussions universelles à 20h15, ce soir), l'orchestre Tarab de Beyrouth (demain, 20h15), les spectacles Mystique Montréal (avec Ensemble Burdah, dimanche, 19h) ou encore le Gnawa El Jazz réunissant sur scène 10 musiciens (20h15), suivi d'une finale aux airs de flamenco, avec la chanteuse montréalaise d'origine marocaine Sabah Lachgar et ses invités.

Détails et programmation: festivalarabe.com