D'aujourd'hui à dimanche, la Grande Rencontre prend le relais de la chaîne festivalière montréalaise. Consacré aux musiques de patrimoine, l'événement mettra cette fois l'accent sur l'Irlande.

«L'an dernier, j'ai été invité là-bas (en Irlande), j'y ai rencontré des artistes et des organisateurs culturels dont la pratique ressemble à la mienne», raconte Gilles Garand, fondateur de la Grande Rencontre et toujours son principal animateur et directeur artistique. Musicien, militant, ex-syndicaliste, cet homme de passion s'applique à élever son événement par la présentation d'un volet international de plus en plus étoffé.

Cette année, la musique de l'Irlande est à l'honneur. Celle de son île et celle de sa diaspora. Gilles Garand fait observer que l'Irlande est l'une des sources de notre folklore, et cette source est illustrée à travers la programmation de la Grande Rencontre.

«Prenez Martin Hayes, dit-il, un des plus grands violoneux irlandais de l'univers connu, établi au Connecticut. Il y a deux ans, je l'ai rencontré à New York, je lui ai fait part de mon désir de le recevoir, et j'ai enfin trouvé le financement pour le faire, par l'entremise d'une organisation américaine. J'ai fait de même avec une organisation irlandaise, afin d'inviter neuf artistes d'Irlande. Notamment le superbe trio Fidil, les maîtres des Uilleann pipes Paddy Keenan et Mick O'Brien, la flûtiste virtuose Emer Mayock ou encore Liz Doherty, qui a longuement réfléchi sur la présence des femmes dans la musique irlandaise. Des contenus diversifiés qui dépassent le premier niveau de perception.»

À cette prochaine Grande Rencontre, force est de constater que l'Irlande ne se limite pas à... l'Irlande. Gilles Garand cite cet exemple: «Établi à Toronto, le Français Patrick Ourceau est l'un des plus grands transmetteurs du patrimoine irlandais. Dans tous les grands festivals de notre type, il transmet son savoir.»

Au-delà de la thématique «irish», une cohorte importante de groupes ou artistes québécois a été sélectionnée à l'événement, souligne son grand patron. Il résume:

«Le groupe Genticorum y lance son nouvel album jeudi (aujourd'hui). Raz de Marée, un groupe de danse et musique traditionnelle qui se produit dans plusieurs festivals américains, sera parmi nous vendredi. Ainsi que Tarcolen, trio montréalais issu de la celtitude québécoise et irlandaise; le duo Duval-Boulanger; le trio du flûtiste Dave Gossage, qui offre de très bonnes sessions dans les happenings irlandais de Montréal; le Latino-Gaspésien Juan Sebastian Larobina; et le Siamsa Montréal Ceili Band, qui sera au coeur de la soirée de danse irlandaise. On clôturera dimanche avec les Charbonniers de l'enfer, précédés de Martin Hayes et Dennis Cahill. Pour moi, ça s'annonce exceptionnel.»

Festival relativement modeste, la Grande Rencontre fait tout de même preuve de réelles avancées. Son volet international n'est pas étranger à cette progression sur l'échiquier des festivals montréalais.

«Nos bailleurs de fonds, explique Gilles Garand, nous ont suggéré de nous inscrire dans la dynamique de la place des Festivals en accentuant notre démarche d'internationalisation. Au fil des ans, il faut dire que nous avons multiplié les contacts avec l'Irlande, la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Finlande, les Pays-Bas, l'Écosse, l'Angleterre ou l'Espagne. Ainsi, nous travaillons ensemble à créer des réciprocités culturelles. À l'échelle internationale, cette réciprocité implique une structuration du milieu, une gouvernance collective.»

Fait à noter, la Grande Rencontre élit domicile au Coeur des sciences de l'UQAM, qui jouxte la Place des Arts et le Quartier des spectacles. Le directeur artistique s'en réjouit.

«C'est à l'UQAM que d'importants rassemblements ont relancé la musique traditionnelle dans les années 70, grâce entre autres à André Gladu qu'on honorera cette année. Hormis les salles de spectacle, l'UQAM met à notre disposition des locaux propices à la transmission des savoirs - plusieurs ateliers de musique et de danse sont offerts. L'an prochain, on souhaite y présenter des spectacles sur une scène extérieure.»

Pour info supplémentaire: https://granderencontre.com