L'affiche du prochain Festival TransAmériques compte quelques noms établis parmi ses invités - la Schaubühne de Berlin, Marie Brassard, Alain Platel, Daniel Danis, Israel Galvan -, mais fera surtout une grande place aux jeunes créateurs et aux découvertes. «La majorité des artistes invités ont moins de 40 ans», souligne Marie-Hélène Falcon, directrice artistique de l'événement. Elle n'hésite d'ailleurs pas à parler de l'édition 2011, qui se déroulera du 26 mai au 11 juin, d'un festival de «nouveaux visages».

«C'est un désir très fort (du FTA) de présenter une autre génération. Il y a une jeunesse talentueuse qui peine à trouver les lieux de diffusion et des occasions de se présenter», juge Mme Falcon. Elle dit avoir constaté une volonté semblable dans d'autres festivals consacrés aux arts de la scène ailleurs dans le monde.

Ce coup de jeunesse se traduit par une présence accrue des oeuvres hybrides. Trust, production de la Schaubühne présentée en ouverture, mêle danse et théâtre pour creuser la notion de confiance sur fond de crise du couple et de débâcle boursière. Dans les deux créations auxquelles participe le compositeur Martin Messier (Hit and Fall, Derrière le rideau il fait peut-être nuit), le théâtre et la danse prennent pied sur la musique. Photog, An Imaginary Look at the Uncompromising Life of Thomas Smith, s'appuie sur la photo et la vidéo pour raconter la réalité vue et vécue par des photographes de guerre.

«Ça reflète le travail des artistes d'aujourd'hui. Au-delà de leurs spécificités esthétiques, ils prennent tous les moyens possibles pour s'exprimer, estime Mme Falcon. Je pense que ce n'est pas conjoncturel et que les artistes vont développer tous ces langages simultanément à partir de leur discipline d'origine.»

Des oeuvres du Québec

La foisonnante programmation, partagée à parts égales entre danse et théâtre, fait la part belle à des oeuvres québécoises qui, coïncidence intéressante, travaillent le point de vue du spectateur. Ainsi, dans Behind: une danse dont vous êtes le héros, la chorégraphe Marie Béland ne donne accès qu'à une partie du corps des interprètes et laisse le spectateur imaginer le mouvement qu'il y a derrière le rideau. Sylvain Bélanger, qui met en scène L'enclos de l'éléphant d'Étienne Lepage, a choisi d'enfermer les spectateurs dans des cabines autour de l'aire de jeu. Dans Octobre 70, pièce que Martin Genest a tirée du scénario de Pierre Falardeau, les acteurs sont cernés par des échafaudages dans lesquels prennent place les spectateurs.

Impossible de passer sous silence la présence de Moi qui me parle à moi-même dans le futur, autofiction multimédia que Marie Brassard a présentée à Ottawa avant Noël et de la nouvelle création de Daniel Danis (Mille anonymes). En danse, signalons le retour de Sylvain Émard avec un Continental XL sur la place des Festivals, de nouvelles oeuvres de Chanti Wadge (O Deer!), Estelle Clareton (S'envoler) et une oeuvre apparemment décapante cosignée Dave St-Pierre et Brigitte Poupart (What's Next?).

Japon actuel

Deux spectacles de facture très actuelle venus du Japon attirent d'emblée l'attention dans ce programme qui, sur papier et en capsules vidéos, recèle de propositions étonnantes: Hot Pepper, Air Conditioner and the Farewell Speech de Toshiki Okada et surtout Yume No Shiro de Daisuke Miura. «Le théâtre japonais est extrêmement dynamique, assure Mme Falcon.

«Ce qui est intéressant de cette génération, c'est la façon dont elle se regarde et décrit sa société. Ces deux oeuvres mettent en scène une génération perdue à qui on avait promis de meilleurs jours.» Les capsules vidéos et la description détaillée de la programmation du prochain FTA sont disponibles sur son site internet (www.fta.qc.ca).