Le Berkshire Choral Festival n'est pas effectivement un festival. La meilleure définition qu'on pourrait en donner est celle-ci: un intensif programme de chant choral qui, créé il y a 30 ans à Sheffield, dans le Massachusetts, rassemble chaque année des choristes des États-Unis et de partout au monde pour sept semaines englobant du travail collectif quotidien, la préparation d'oeuvres de différentes époques et l'exécution de celles-ci en tournée.

Cette année, le programme réunit quelque 1000 choristes et comporte des stages et concerts d'abord à Montréal, ensuite à Sheffield même (quatre concerts dirigés par autant de chefs) et finalement en Italie, à Scheggino et à Spoleto.

La première étape de la saison 2010 du BCF comprenait une semaine de répétition sur le campus de McGill et la présentation du célèbre oratorio Die Schöpfung - La Création - de Haydn vendredi soir à l'Église Saint-Jean-Baptiste par 150 choristes et l'Orchestre de chambre McGill augmenté à plus de 40 musiciens, le tout sous la direction de la réputée maestra britannique Jane Glover.

L'auditoire n'était pas considérable. Il se peut que la chaleur soit en cause, ou encore le fait que La Création est loin d'être une nouveauté ici. Nous l'avons entendue plusieurs fois à Saint-Jean-Baptiste même et le Festival de Lanaudière l'a déjà programmée pour sa soirée de clôture, le 7 août.

Le concert totalisait deux heures, entracte compris. Divisée en trois parties -on pourrait même dire en trois actes-, l'oeuvre raconte, dans l'esprit des enseignements bibliques, la création du monde et l'apparition du premier couple d'humains. Le récit est mené par les trois archanges Gabriel (soprano), Uriel (ténor) et Raphaël (basse ou baryton). Étant donné que Gabriel et Raphaël sont absents de la dernière partie et qu'Ève et Adam ne figurent que dans cet épisode final (avec Uriel commentant leur bonheur), l'usage veut que la soprano chante Gabriel et Ève et que la basse chante Raphaël et Adam (bien qu'au disque et même au concert, on se paie parfois le luxe de cinq solistes différents pour les cinq personnages).

Les trois solistes réunis vendredi soir, tous trois des États-Unis, furent pleinement satisfaisants. Lisa Saffer possède le soprano léger et clair requis par les deux rôles, le ténor John McVeigh se distingue par sa sobriété et son style, et il faut considérer comme un bienfait le remplacement, par une basse, du baryton annoncé et déclaré indisposé. Les personnages de Raphaël et d'Adam demandent une authentique voix grave comme, justement, celle de Jason Hardy entendu vendredi soir.

Très attentive à tout ce qui se déroulait devant elle, tant au choeur et à l'orchestre que chez les voix solistes, Jane Glover signa là une prestation d'une grande cohésion et mettant bien en relief toutes les situations décrites par le texte.

Concernant le texte, une remarque s'impose ici. Personne ne connaît par coeur toutes les paroles de La Création. Il était donc très utile de les retrouver dans le programme: en allemand (la langue dans laquelle elles étaient chantées), en anglais et en français. Encore eût-il fallu un éclairage adéquat. Bien au contraire, un responsable dut se rendre trois fois à l'arrière pour demander qu'on mette un peu de lumière dans l'église.

DIE SCHÖPFUNG («La Création»), oratorio en trois parties pour voix solistes, choeur mixte et orchestre, texte allemand du baron Gottfried van Swieten d'après le poème biblique Paradise Lost, de John Milton, musique de Joseph Haydn, Hob. XXI:2 (1795-98).

Berkshire Choral Festival et Orchestre de chambre McGill. Solistes: Lisa Saffer, soprano, John McVeigh, ténor, et Jason Hardy, basse. Dir. Jane Glover. Vendredi soir, Église Saint-Jean-Baptiste.