Plongeant la tête la première dans le grand bain Osheaga, nos journalistes ont passé la journée de vendredi à courir les concerts, grands et petits, donnés un peu partout dans le parc Jean-Drapeau. Ils partagent avec vous leurs impressions sur quelques-uns de ces spectacles.

Foster The People: du soleil en musique

Avec sa musique électro-pop ensoleillée, Foster The People s'invite parfaitement dans un festival à l'heure du souper. Le trio californien, accompagné de trois musiciens inspirés, vendredi, a lancé un deuxième album moins savoureux que l'excellent Torches. Or, justement, il a surtout enfilé ses premiers tubes (Helena Beat, Houdini), vendredi. De nouvelles chansons comme Coming of Age ont néanmoins fait applaudir la foule. Avec son look à la James Dean, Mark Foster dansait, chantait et s'attelait à tous les instruments avec fougue. Avec le soleil qui se préparait à se coucher, il n'y avait aucune raison de se plaindre. Tout répondait à la définition d'« agréable ».

- Émilie Côté

Childish Gambino: peu vêtu, très accompagné

La chemise tropicale aura tôt fait d'être déboutonnée par son propriétaire. Retirée, lancée par terre, abandonnée sur la scène de la Montagne. Le short, lui, descendra progressivement jusqu'aux genoux. À la fin, ne restera que le slip, recouvrant la zone critique. À vrai dire, rien de particulièrement érotique chez Childish Gambino. Concluons plutôt à la performance athlétique d'un excellent MC. On aura droit essentiellement à la matière de son plus récent album, Because The Internet, saupoudrée d'older stuff tiré d'enregistrements à peine plus âgés (Black Faces, par exemple). Claviers, instruments électroniques, batterie, guitare et basse sont au service d'un hip-hop ouvert à la performance instrumentale que traversent la soul, le funk, le jazz et l'électro.

- Alain Brunet

Shlohmo: impressionniste et délicat

Couronnée de peintures foraines, sertie d'éclairages hi-tech, la scène Piknic Électronik se profile dans la lumière d'un soleil aveuglant... en pleine possession de ses moyens! Il est 16 h, il fait un temps splendide. Shlohmo suggère quelques rayons complémentaires. Électro, pop, surtout soul et hip-hop. Rythmes lents, brinquebalants, reflet direct des conditions atmosphériques. À la mi-temps, le rythme s'accélère un tantinet, quelques séquences spasmodiques échauffent les troupes, on a tôt fait de revenir au petit trot. Nous sommes au domaine de l'ambiance chic. Donné par le beatmaker californien, ce set impressionniste et délicat est un joli préambule pour trois dizaines d'heures à Osheaga.

- Alain Brunet

London Grammar: d'abord une voix

Sur le coup de 18 h, Hannah Reid s'amène sur la scène Verte rejoindre ses jeunes copains guitariste et claviériste-batteur-percussioniste, et se plante derrière son micro, les mains croisées, comme la sage écolière anglaise qu'elle était sans doute il n'y a pas si longtemps. Puis elle ouvre la bouche et sa voix s'envole, emportant avec elle des spectateurs happés. À son premier festival en Amérique du Nord, London Grammar a rallié le public en écourtant les intros atmosphériques des chansons électro-pop de son premier album pour en accentuer le rythme. On aura surtout découvert une voix sur laquelle il faudra compter.

- Alain de Repentigny

Mac DeMarco: cool DeMarco

Pendant qu'Outkast clôturait la première journée d'Osheaga du côté des scènes principales, Mac DeMarco est monté sur la sympathique scène nichée entre les arbres du bois du parc Jean-Drapeau. Une contre-proposition seventies décalée qui a rempli bien plus que le champ gauche du parterre. Mac DeMarco mérite le buzz qu'il suscite. Derrière ses bouffonneries de slacker, le crooner folk est le digne successeur de Lou Reed. Ses chansons douces-amères de vagabond saoulent l'esprit. Entre deux blagues sur Skrillex et Sheryl Crow, il tire la langue avant d'interpréter sa grande chanson Passing Out Pieces. Et il n'en veut même pas à son claviériste de bousiller le premier extrait de son plus récent album. Avec Mac, pas de stress.

- Émilie Côté