Depuis quelques années, l'architecture de paysage appliquée au milieu urbain rend les lieux publics plus conviviaux. Créées par Melissa Mongiat et Mouna Andraos, les balançoires de la Promenade des artistes du Quartier des spectacles en sont un bel exemple, tout comme les signatures lumineuses au moyen de ronds rouges projetés sur les trottoirs du centre-ville de Montréal.

Claude Cormier + Associés a ainsi créé le nuage de boules roses qui décore, l'été, la rue Sainte-Catherine Est dans le Village gai. On lui doit aussi le champ de «marguerites» (petits carrés de plastique jaunes et rouges) apparu cette année sur l'avenue du Musée, près du pavillon Claire et Marc Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal.

Les firmes québécoises d'architecture et d'architecture de paysage collaborent souvent avec des artistes ou des graphistes pour concevoir des concepts artistiques dans leurs projets. Ainsi, Marie-Claude Séguin, architecte paysagiste au Groupe Cardinal Hardy, a collaboré avec l'artiste Linda Covit pour réaliser, près de l'entrée Peel du parc du Mont-Royal, une oeuvre de dalles calcaires intitulée Give Peace a Chance.

Version & Vlan Paysages a aussi créé, rue Chabanel en 2009, des passages piétonniers colorés, artistiques et efficaces pour la sécurité des piétons.

«On nous demande souvent de réfléchir à l'espace public en formant des équipes multidisciplinaires, dit Micheline Clouard, cofondatrice de Vlan Paysages. Nous l'avions fait par exemple en 2001 pour un jardin public à Lyon, en France, avec l'artiste Michel Goulet et l'architecte Réal Lestage.»

Vlan Paysages a adopté la même approche lors de l'aménagement d'un terrain de soccer intérieur dans le parc Chauveau à Québec, en 2010. À la suite d'un concours, le sculpteur André Fournelle a travaillé avec des architectes et architectes paysagistes avant la finalisation des plans et devis pour que son oeuvre s'intègre bien au projet. Et c'est le cas. Ses arcs s'intègrent avec harmonie à la courbure du bâtiment principal.

L'artiste Pascale Archambault a aussi travaillé avec la firme WAA lors d'un aménagement au cimetière du Mont-Royal, y insérant son oeuvre Danse. Au jardin Domtar, au centre-ville de Montréal, Michel Saulnier a donné du cachet au projet paysager avec sa sculpture en bois, Écho.

«On voulait un élément relié à la forêt et Michel Saulnier, qui travaille le bois, a fait une oeuvre représentant un ours», explique Malaka Ackaoui, cofondatrice de WAA.

À Gatineau, le centre sportif a été intégré dans un espace paysager défini par NIP Paysage. L'artiste Francine Larivée qui a remporté un concours national, y a réalisé une sculpture en plusieurs éléments qui s'intègrent à la topographie faite de buttes gazonnées.

«Pour légitimer mon intervention, il fallait qu'elle ait un sens et la sculpture est comme une partie de la peau de ce paysage qui ressemble à des pyramides tronquées», dit Francine Larivée, satisfaite de constater qu'on se soucie maintenant davantage d'inclure de l'art dans l'architecture de paysage.

«Il y a une maturité à ce propos, dit-elle. C'est la Ville de Montréal qui a commencé ça, sans parler bien sûr de la politique québécoise du 1%. L'architecture de paysage, il s'en fait de plus en plus, car il y a plus de gros projets. Et certains architectes ont plus le geste artistique, comme Dan Hanganu.»

Si les architectes paysagistes travaillent souvent avec des artistes pour embellir les lieux publics, on remarque aussi une hybridation des disciplines, estime Bernard St-Denis, professeur agrégé à l'École d'architecture de paysage de l'Université de Montréal.

«Le festival des Jardins de Métis est le lieu d'expériences de conceptions paysagères qui tendent vers une convergence du côté des arts visuels ou des arts d'installation, dit-il. Des oeuvres extrêmement intéressantes ont été produites non seulement par des architectes paysagistes, mais aussi par des architectes et des artistes.»

Qu'est-ce que l'architecture de paysage?

Les Romains avaient déjà conscience de la notion d'architecture de paysage, mais c'est à la Renaissance qu'elle a pris véritablement forme. Souvent greffée à la notion de design dès le XXe siècle, l'architecture de paysage appliquée au milieu urbain consiste aujourd'hui en l'art d'aménager les espaces, notamment les parcs et les espaces de loisirs, en se souciant de l'esthétisme et du développement durable, mais aussi de leur préservation.