Jason Moran. Ten. Blue Note       Le pianiste Jason Moran n'est plus parmi les musiciens à découvrir, à nous maintenant de découvrir l'édifice d'une oeuvre exceptionnelle, et dont cet album est à mon sens la plus belle pierre. Composé également du batteur Nasheet Waits et du contrebassiste Tarus Mateen, le trio de Jason Moran peut difficilement faire mieux aux chapitre de la singularité du jeu ou de l'équilibre entre tradition jazzistique, présent et avenir de la forme.

Dave Douglas Keystone. Spark of Being. Greenleaf

Inspiré d'une relecture audiovisuelle du film Frankenstein, démarche menée de concert avec le cinéaste Bill Morrison, le trompettiste Dave Douglas a créé un triptyque, c'est-à-dire trois albums autour du même concept. Voilà à mon sens les albums les plus concluants sur le territoire des lutheries hybrides: acoustique, analogique, numérique. Voilà un espace de création où le jazz a longtemps piétiné et dont Dave Douglas explore de nouveaux recoins.

John Escreet. Don't Fight The Inevitable. Mythology Records

Parmi les pianistes, compositeurs et leaders émergents, le Britannique John Escreet remporte la palme de 2010, du moins en ce qui me concerne. Virtuosité, vision, multiplicité des références, leadership, entourage. Tout sourit à cet excellent musicien dont les choix compositionnels illustrent parfaitement la nature du jazz contemporain. Un jazz capable de fédérer les mélomanes parce qu'il est suffisamment balisé, mais bien assez audacieux et exigeant pour les bousculer.

Nik Bärtch's Ronin. Llyria. ECM

Peu connu en Amérique du Nord, ce pianiste et compositeur suisse investit un monde sonore au confluent du jazz contemporain et de la musique écrite de tradition européenne. Le quintette de Nik Bärtsch improvise de manière succincte voire minimaliste, concentre ses énergies à l'élaboration d'un langage inédit, langage fondé sur de brillantes propositions polyrythmiques. On peut dire de ce quintette qu'il est visionnaire et qu'il gagnera beaucoup d'adeptes au cours des années qui viennent.

Christine Jensen Jazz Orchestra. Treelines. Justin Time

Le jazz montréalais a produit plusieurs albums de haute tenue en 2010, dont ceux de Pierre Labbé et de la formation Jazzlab. Je choisis celui du Christine Jensen Jazz Orchestra car ce big band s'inscrit parmi les meilleures formations du genre. Dans la lignée de Maria Schneider et de Gil Evans, notre Christine Jensen peut se targuer d'avoir créé sa propre facture, des choix harmoniques, des ponctuations, des couleurs orchestrales et un lyrisme qui lui sont propres.