Parlez du Salon du livre avec Jean-François Nadeau et en un instant, vous verrez l'historien refaire surface. « Les salons du livre existaient déjà au Moyen Âge, lance-t-il avec enthousiasme lorsqu'on lui demande ce qu'il pense de ce genre d'événement. C'est une tradition où l'écrivain se place sous la protection du lecteur. Il y a quelque chose de beau, de grave. On sent la fragilité du livre... »

Il faut dire que le directeur adjoint de l'information du Devoir est un habitué du Salon du livre. Il ne fait pas partie des meubles, mais presque. L'ancien éditeur - il a cofondé la maison Comeau-Nadeau, l'ancêtre de Lux Éditeur - connaît cet événement sous toutes les coutures : il a arpenté les allées des milliers de fois, vidé et rempli des caisses de livres, aménagé des stands... Et ce qui est le plus extraordinaire, c'est qu'il ne semble même pas blasé. « Le Salon du livre est un espace que j'ai investi avec mon corps et mon sang, dit-il avec passion. Aujourd'hui, mon fils le plus vieux y travaille... Je connais tout le monde ici, je suis chez moi. »

Un repaire d'originaux

Le cheminement de Jean-François Nadeau explique sa présence continue au Salon du livre de Montréal. En plus de diriger les pages culturelles du Devoir durant 10 ans, il a publié une dizaine d'ouvrages, dont une excellente biographie de Pierre Bourgault qui lui a valu le prix du grand public La Presse-Salon du livre en 2007. Il a également signé les biographies d'Adrien Arcand, de Robert Rumilly, de Pierre Falardeau, en plus d'un livre d'entretiens avec le peintre et caricaturiste Robert LaPalme.

Cette année, 375e anniversaire de Montréal oblige, c'est pour son livre Les Montréalais (Éditions de l'Homme) que l'historien est un des invités d'honneur du Salon. Dans ce très bel ouvrage richement documenté et illustré, on découvre l'histoire et le quotidien de la métropole à travers de magnifiques photos prises durant une bonne partie du XXe siècle.

Jean-François Nadeau profitera de l'occasion « pour rencontrer les lecteurs et retrouver des gens [qu'il] aime et estime », affirme-t-il. « J'aime les salons pour cette raison, poursuit-il. Ça nous permet de croiser des auteurs qui nous sont importants ou encore de découvrir des livres dans les marges, chez les plus petits éditeurs. Et puis ce sont aussi des lieux où il se passe des choses extraordinaires. Je me souviens d'Yves Thériault suspendu dans une cloche de verre au-dessus du Salon ! C'est définitivement un lieu de bêtes particulières... »

Souvenir de Salon : Un moment unique

« Je me promenais avec Gaston Miron au Salon du livre. En fait, plus précisément, je marchais dans son ombre lorsque nous avons croisé Victor Lévy-Beaulieu qui était en pleine séance de signature. Il était très célèbre à l'époque, il travaillait à la télévision, il était plus présent dans les médias... Quand il nous a vus, il a abandonné son public, s'est précipité sur nous et s'est mis à genoux devant Miron en criant : "Ô maître !" Inutile de dire que Miron était très mal à l'aise, mais c'était vraiment un moment unique. »