Au stand de Robert Laffont, au coin le plus achalandé du Salon, Armel Job écrit une longue dédicace à l'intention d'une jeune femme d'une grande beauté. Elle est peut-être turque, comme cette Derya qui apparaît sur la couverture de Loin des mosquées, roman «drôle et profond» dans lequel quatre narrateurs racontent les tribulations d'un mariage arrangé.

«Les gens n'hésitent pas à me parler de toutes sortes de problématiques complexes», nous dira le romancier belge et invité d'honneur du Salon, ajoutant, l'oeil souriant, que «le contact est plus simple qu'à Bruxelles ou à Paris...» L'auteur de La femme manquée (Laffont, 2008) préfère d'ailleurs l'échange avec le lecteur/la lectrice à la dédicace en série.

Une problématique illustrant des événements récents, souligne M. Job, a été abordée plus souvent que d'autres. «Plusieurs m'ont parlé de cette histoire de crime d'honneur dont il a beaucoup été question ici dans les médias.» L'auteur faisait bien sûr référence au procès des Shafia, famille d'origine afghane établie à Kingston et dont le père, la mère et le fils viennent d'être condamnés pour un quadruple meurtre commis au nom de l'honneur.

«Cette histoire, je l'ai senti, a beaucoup touché les gens. Et provoqué une réflexion sur certaines caractéristiques culturelles qui nous apparaissent surprenantes, choquantes même...» Une réflexion plus profonde que drôle.

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Pour Le mal du pays, recueil de ses chroniques parues dans Le Devoir de 2007 à 2010 et publié aux éditions Lux, Lise Payette a reçu hier le prix Pierre-Vadeboncoeur, attribué depuis deux ans par la CSN. Doté de 5000$, ce prix veut honorer la mémoire du militant syndical et essayiste (La clé de voûte) mort en 2010.

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Pour son 10e anniversaire, en 2013, Mémoire d'encrier organise un événement qui la définit et la transcende comme maison d'édition. À l'initiative de l'auteur et éditeur Rodney Saint-Éloi, Les Rencontres québécoises en Haïti se tiendront à Port-au-Prince et dans trois autres départements haïtiens du 30 avril au 6 mai, sous la présidence d'honneur d'Henri-Paul Normandin, ambassadeur du Canada en Haïti, et du romancier Dany Laferrière qui, au-delà de la littérature, incarne les liens profonds entre les deux francophonies d'Amérique du Nord.

Le thème: «La démocratie a besoin de citoyens et de lecteurs». L'objectif: incorporer la culture dans la coopération Québec-Haïti en favorisant la circulation des livres québécois dans les milieux défavorisés de la république antillaise. Ont confirmé leur participation à cette importante mission culturelle, les auteurs Élise Turcotte, Nicolas Dickner, Louise Dupré, Robert Lalonde, Louis Hamelin, Monique LaRue, Joël Des Rosiers.

Pour amasser les fonds nécessaires au transport des livres et des écrivains, et en collaboration avec l'organisme Lire et vivre, les Rencontres ont lancé samedi au Salon une campagne de financement dont l'objectif, bien humble il nous semble, est de 15 000$ (voir www.memoiredencrier.com pour faire un don).

Le nouvel ambassadeur d'Haïti au Canada, Frantz Liautaud, était au stand de Mémoire d'encrier pour l'annonce officielle de cet événement hors du commun. «Le nombre de jeunes que je vois ici, jeunes auteurs et jeunes lecteurs, me fait dire que la littérature et le livre ont un brillant avenir», nous a dit l'ancien président de la Chambre de commerce canado-haïtienne. L'idéal serait qu'il en soit de même là-bas.