Avec le Prix du grand public Salon du livre/La Presse qu'elle a remporté samedi avec Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier complète un des plus beaux parcours de l'histoire récente de l'édition québécoise. Ce prix du public, attribué par un vote mené à partir d'une liste des meilleurs vendeurs en librairie, est le sixième que remporte Mme Saucier pour son roman historique sur le Grand feu de Matheson, au début du 20e siècle en Ontario.

«Moi, avant, c'était «profession: finaliste»», nous dira l'auteure de la maison XYZ. «J'ai écrit quatre romans en trente ans et je n'ai jamais rien gagné, mais le premier prix que j'ai remporté avec Il pleuvait des oiseaux était un prix international, le Prix des cinq continents de la francophonie.» Depuis un an, Mme Saucier a aussi gagné le Prix littéraire des collégiens, le prix des lecteurs de Radio-Canada, le prestigieux Ringuet de l'Académie des lettres du Québec et le Prix littéraire France-Québec.

Après les oiseaux, il pleut des prix, avec rafales occasionnelles de dollars, 2000 dans le présent cas. «Cette accolade du public, a déclaré Jocelyne Saucier dans son discours d'acceptation, je me la garde en réserve pour les périodes de doute et d'angoisse comme en connaissent tous les romanciers.» Ce cycle terminé, Jocelyne Saucier remonte dans ses terres abitibiennes pour s'attaquer à son prochain roman. À moins que ce ne soit lui qui ne s'attaque à elle...

Ajouté au prix Marcel-Couture remporté mercredi par Louis Émond et Philippe Béha pour Le monde de Théo, le Prix du grand public SLM/La Presse vient compléter un joli doublé pour la maison Hurtubise-HMH dont fait désormais partie XYZ.

Dans la catégorie Vie pratique/Essai, le public a choisi À la di Stasio 3, de Josée di Stasio, publié chez Flammarion Québec. «Tout ça se mêle au gré de réelles rencontres», a dit la star de Télé-Québec, déjà lauréate de maints Gémeaux pour son travail à la télévision.

À La Presse qui lui demandait d'expliquer cet extraordinaire engouement pour la chose culinaire, Mme di Stasio évoquera la grande curiosité des Québécois. «Est-ce qu'on a besoin d'un autre macaroni? Je ne crois pas, mais les gens continuent de s'intéresser aux saveurs nouvelles et aux produits du terroir. Il reste encore beaucoup de richesses à découvrir et à exploiter...»

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Le Salon du livre ne dure que six jours, mais il représente une composante importante du star système québécois autre que littéraire. Bon... Certains fans ont attendu une heure et demie devant la table d'India Desjardins et celle de Kathy Reichs, pour se faire dédicacer Le journal intime de Marie-Cool ou Substance secrète. Marie Laberge arrêterait d'écrire demain qu'elle signerait encore des dédicaces chez Boréal dans dix ans...

À côté, il y a les stars que l'on pourrait appeler des médias. Comme Denise Bombardier dont nous apprenons, au moment où elle est au Salon avec son roman autobiographique L'Anglais, qu'elle quitte Le Devoir pour se joindre au Journal de Montréal. Des heures supplémentaires de plaisir pour les humoristes patentés comme pour les vulgaires comiques de Salon...

Dans la même catégorie (médias, s'entend), citons Véronique Cloutier, venue appuyer la promotion de Belles -- Outils et astuces pour un maquillage réussi, écrit en collaboration avec son maquilleur Bruno Rhéaume. Durant les quelques minutes qu'on a passées au stand de Québec Amérique, il ne s'est vendu aucun exemplaire de Belles, mais la belle Véro s'est fait prendre une dizaine de fois en photo avec des fans empressés, en plus d'autographier autant de signets. Patience d'ange, la jeune dame, qui est tombée dedans (le star système) quand elle était toute petite. Les Québécoises suivent-elles les canons américains quand il est question de la beauté, avons-nous demandé à M. Rhéaume? «Un peu, oui, à cause de la proximité géographique et de l'influence des médias, mais la Québécoise reste une femme libre de ses choix esthétiques.»

Une nouvelle galaxie sort tout droit de la cuisine, des étoiles qui nous sont souvent révélées par la télé. Comme Josée di Stasio, citée plus haut, et Ricardo avec qui tout le monde voulait se faire photographier, samedi au stand des Éditions La Presse... où il a aussi vendu plusieurs exemplaires de La mijoteuse. De quoi lui parlent les gens? «De leurs histoires personnelles d'abord, ensuite des recettes. Une fois, une jeune anorexique m'a confié qu'elle avait repris goût à la vie en écoutant mon émission. Elle m'a dit: «Là, je fais tes recettes pour les gens de ma famille, mais bientôt, je vais commencer à y goûter». J'étais ému aux larmes...»

Il y a les stars de la politique, comme Lucien Bouchard qui dédicaçait samedi chez VLB ses Lettres à un jeune politicien. «Les gens veulent du changement politique. Et ils veulent que ce soit les jeunes qui le réalisent», nous a expliqué l'ancien premier ministre du Québec, entre deux rencontres. Question: qu'est-ce qu'on va faire avec les députés de plus de 30 ans et plus ?

Finalement, voyons ces stars du showbiz, celles autour desquelles on remarque toujours le plus grand brouhaha. Les Éditions La Presse ont dû déménager la séance de signature de Simple Plan à la mezzanine du Grand Hall à cause de l'affluence à la table du rock band. Tout pour plaire à l'auteur de Simple Plan, notre collègue Kathleen Lavoie du Soleil. Beaucoup de monde aussi, mais d'un âge plus respectable, pour Louise Forestier qui vient de signer Forestier selon Louise.

Au coin du grand stand de Michel Lafon, Marie Fugain a des étoiles sur les paupières et beaucoup de douceur dans la voix. De la peine aussi. Il y a dix ans, elle a perdu sa soeur, emportée par la leucémie à 22 ans. Laurette était dans les bras de Marie quand elle a rendu son dernier souffle. Après, Michel Fugain et sa femme Stéphanie ont exprimé dans les médias leur peine de parents, mais sans tenir compte de celle qui était toujours là, elle aussi meurtrie à jamais, mais oubliée parce que «rien n'est pire que perdre un enfant»...

Pour se libérer, Marie Fugain a écrit un livre au titre hyper-réaliste: Moi, on ne m'a jamais demandé comment j'allais... «Quand j'ai eu fini, j'ai montré le livre à mes parents», nous a raconté la comédienne qui vit maintenant au Québec avec son compagnon, le chanteur Richard Charest, et leurs deux enfants. «Je leur ai montré pas pour qu'ils me disent ce qu'ils en pensent, mais pour qu'ils sachent comment moi, je me sentais...

«Dans ces circonstances, dira encore Marie Fugain, les frères et les soeurs sont souvent oubliés. Les gens ont beaucoup réagi lorsque j'ai donné en France des conférences sur le deuil et la fratrie.

«Il n'y a pas de hiérarchie dans la douleur...»