Son premier livre, L'écrivain de la famille, lui avait valu un enviable succès d'estime. Avec La liste de mes envies, c'est le coeur de milliers de lecteurs et de lectrices qu'il a conquis.

Q: À l'ère du vedettariat instantané, l'écrivain doit-il être médiatique pour être lu?

Non. Je crois que les gens lisent d'abord des livres. Pas des écrivains. Ils lisent des écrivains lorsqu'ils n'aiment plus les livres.

Q: Les écrivains ont-ils le choix de composer avec les médias sociaux - Facebook, Twitter, blogue et autres?

Rien ne les y oblige. Cela dit, c'est un outil formidable pour contacter un auteur.

Q: Avez-vous l'impression que les médias mettent trop l'accent sur la personnalité de l'auteur et pas assez sur le livre?

Je ne sais pas. Je sais juste que, pour les médias, 12 secondes sur un type sont parfois plus «efficaces» que les 9000 secondes nécessaires pour lire les 250 pages qu'il a écrites.

Q: Quel rôle les salons du livre jouent-ils dans votre carrière?

Ce sont des rencontres exceptionnelles. Comme un chanteur dans une salle pleine (sauf qu'il y a parfois 200, 300 chanteurs). Les salons ne jouent pas tant dans "ma carrière" que dans la beauté de ce qu'ils permettent de vivre. Ce sont des moments rares où les gens viennent voir ce qu'ils imaginent nous différencier et la grâce est de faire en sorte qu'il n'y ait rien. Nous sommes pareils. Nous sommes frères. Amis. Couples. La dédicace (quand elle est personnelle/personnalisée) est la preuve que ce miracle a eu lieu. Cette fraternité.

Q: Pourquoi écrivez-vous?

Sérieusement, pour avoir la joie d'enfin venir au Canada. Plus sérieusement encore, pour ne pas mourir.

Q: Avez-vous une anecdote de salon du livre à nous raconter?

Nous sommes au salon de Limoges (premier salon, premier roman) et j'ai un peu de mal à «vendre» mon livre. Alors que tout le monde quitte le chapiteau à l'heure du déjeuner, je décide de rester, m'imaginant que cette heure vide sera celle des timides, des pudiques. De ceux qui pensent que la «fraternité» n'est pas évidente. Je suis donc seul à mon stand, debout. Une jeune femme rode, traîne, hésite. Je lui souris. Elle s'approche. Regarde les livres. Dont celui de ma voisine, une certaine Leslie Bedos (oui, oui, la fille de..., lui précisé-je). J'essaye de lui vendre le livre de Leslie. Elle hésite. Je lui présente alors le mien, L'écrivain de la famille. Elle sourit. Dit oui, je le prends. Elle paye. Demande un sac. Je suis ravi. Elle s'éloigne sous l'immense chapiteau vide. Mais la voilà qui revient. Le sac de papier serré contre sa poitrine. Je me dis: «Merde, elle vient rendre le livre.» Mais non. Sa voix timide demande: «Est-ce que je pourrais avoir un petit gri-gri, une petite signature?» J'opine. Signe. Elle s'éloigne à nouveau. Souriante. Cette fois, je m'en vais rejoindre les autres au restaurant. Mais la voilà de nouveau soudain, face à moi. Ses yeux dans les miens, graves. «J'ai une question, dit-elle. Est-ce vous qui avez écrit ce livre?» Depuis ce jour de 2011, je n'ai jamais oublié qu'un salon du livre permettait ce rêve. Et cette humilité.

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> Gilles Archambault reçoit Grégoire Delacourt, jeudi, 19h, au Carrefour Desjardins.

> Table ronde Osez le couple, dimanche, 12h30, à la Grande Place.

> Table ronde Réinventez sa vie?, mercredi, 19h30, à la Grande Place.