Auteure de Yukonnaise, des trilogies à succès Les dames de Beauchêne (dont le tome 1 lui a valu le Prix Robert-Cliche) et Lily Klondike, Mylène Gilbert-Dumas est l'une des rares auteures québécoises à vivre de sa plume.

Q: À l'ère du vedettariat instantané, l'écrivain doit-il être médiatique pour être lu?

Il se publie environ 6000 livres au Québec chaque année. À cela s'ajoute ce qui vient de France, des États-Unis et d'ailleurs. Il faut faire connaître ces livres. C'est là le rôle crucial des médias. Sans un minimum d'exposition, la plupart de ces romans ne rejoindront jamais leur public. Il existe certes le bouche à oreille, qui fonctionne bien dans des cercles plus restreints, comme en science-fiction ou en fantasy. Mais en règle générale, si on ne parle pas de votre livre dans la sphère publique, il sombrera dans l'oubli. Heureusement, de nos jours, grâce à l'internet et aux blogues de lecture, plein de romans se démarquent dans le cyberespace. Facebook exerce aussi une influence parce qu'il permet à l'information de circuler à vitesse grand V. De là à dire que l'auteur doit être médiatique, il y a une marge. Mais disons qu'aujourd'hui, l'auteur peut prendre une plus grande place dans les médias électroniques, ce qui permet de sortir de l'ombre des livres qui seraient autrefois passés inaperçus.

Q: Les écrivains ont-ils le choix de composer avec les médias sociaux - Facebook, Twitter, blogue et autres?

Je ne suis pas sur Twitter, je n'ai pas de blogue et j'ai longtemps résisté à Facebook, même si mon éditeur et mon attachée de presse me poussaient dans le dos. Aujourd'hui, je suis contente qu'ils aient tant insisté. J'ai fait de Facebook mon principal outil de communication avec mon lectorat. J'y parle de livres (de ceux que j'écris, de ceux que je lis et de nouvelles publications québécoises), mais aussi de sujets qui me tiennent à coeur.

Q: Avez-vous l'impression que les médias mettent trop l'accent sur la personnalité de l'auteur et pas assez sur le livre?

La question ne s'était jamais posée pour moi jusqu'à la sortie de Yukonnaise. Avec Yukonnaise, à cause du Yukon sans doute, les journalistes s'intéressaient beaucoup à mon expérience personnelle. J'ai dû souvent réorienter la conversation pour m'assurer qu'on parle du roman. Mais, vous savez, je suis une ancienne prof de secondaire. Ramener les gens à l'ordre, c'est une seconde nature, chez moi.

Q: Quel rôle les salons du livre jouent-ils dans votre carrière?

C'est un moyen privilégié pour rencontrer mon public. Mais ça n'a pas toujours été le cas. À mon premier Salon du livre de Montréal, personne ne s'arrêtait devant mon stand et j'ai vendu trois livres en deux jours de signatures. C'est avec la publication du tome 2 des Dames de Beauchêne que j'ai commencé à rencontrer mes lectrices. Certaines reviennent, depuis, chaque année. Je sais que je suis privilégiée.

Q: Pourquoi écrivez-vous?

J'ai commencé à écrire des histoires à l'âge de 12 ans. Je n'ai pas cessé depuis. Je suppose que j'écris parce que j'ai plein de choses à dire.

Q: Avez-vous une anecdote de salon du livre à nous raconter?

L'incident qui m'a le plus émue s'est déroulé au Salon du livre de l'Outaouais, il y a quelques années. Une lectrice est venue me parler en compagnie de son conjoint et de leur fils de 2 ans. À voir sa bedaine, j'ai deviné qu'elle était encore enceinte. Comme elle avait déjà lu tous mes romans, elle ne venait pas pour acheter. Elle m'a simplement présenté son fils en me disant que s'il avait été une fille, elle l'aurait baptisée Odélie, comme le personnage principal des Dames de Beauchêne. Puis, elle a mis sa main sur son ventre et m'a dit: «Celui-là, c'est une fille. Et elle s'appellera Odélie.» Cette année, elle est venue me la présenter. J'en avais les larmes aux yeux.

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> Danielle Vaillancourt reçoit Mylène Gilbert-Dumas pour Mort suspecte au Yukon, mercredi, 11h, au Carrefour Desjardins.

> Gilles Archambault la rencontre pour Yukonnaise, dimanche, 14h, au Carrefour Desjardins.

> Table ronde Réinventer sa vie, mercredi, 19h30, sur la Grande Place.