Claude Beausoleil est le premier «Poète de la Cité», titre qu'il a reçu l'été dernier après un concours du Conseil des arts de Montréal (CAM). Avec le titre vient le mandat de faire rayonner la poésie et, comme il s'agit d'un nouveau «poste», la priorité d'en «implanter l'image».

Une image s'impose d'abord par la présence et c'est ainsi que Claude Beausoleil, Poète de la Cité, compte parmi les invités d'honneur du 34e Salon du livre de Montréal qui, c'est clair, aurait parfaitement pu l'inviter à titre personnel. Il y a deux semaines, le Poète de la Cité - il a dirigé la rédaction de l'anthologie Montréal est une ville de poèmes, vous savez (L'Hexagone, 1992) - a fait sa première sortie officielle à la remise des Prix de Montréal du CAM au Musée des beaux-arts où un constat s'est imposé: quand Claude Beausoleil se présente au lutrin pour lire un poème, la Cité écoute. Présence...

«La poésie, ça existe! Et mon rôle est de la faire découvrir.» Avec son perfecto écarlate et ses cheveux blonds aux épaules, Claude Beausoleil pourrait passer pour un rocker des années 70. Ou pour un poète. Implanter cette image n'est pas pour lui une grosse affaire... «Que les gens ne connaissent pas la poésie ne veut pas dire qu'ils ne l'aiment pas», lance l'ancien professeur du cégep Édouard-Montpetit qui n'a jamais enseigné que la poésie de base, celui qui «fait découvrir» et peut lancer les jeunes gens «à la découverte d'eux-mêmes».

Issu d'une famille de St-Henri - sa mère tenait le Rita Snack Bar -, Claude Beausoleil a découvert à l'adolescence Baudelaire et Nelligan, qu'il fera plus tard traduire en espagnol, en italien et en portugais. Il s'est vite mis à l'écriture et, depuis 1972, n'a jamais cessé de publier: De plus loin que le vent, qui vient de sortir aux Écrits des Forges, est son 65e recueil. Claude Beausoleil a été l'élève d'Hubert Aquin au Collège Sainte-Marie et il a fréquenté Gaston Miron, qui en a fait son successeur à l'Académie Mallarmé, comme unique représentant québécois et comme défenseur et promoteur de la poésie québécoise.

«Gaston disait tout le temps: «Mon gars, si tu veux en parler, lis-les!»» Et Claude Beausoleil a lu toute la poésie québécoise, puis française et s'est fait un spécialiste de la poésie mexicaine dont il a préparé une anthologie au Seuil en 2009. Avec le Suédois Tomas Transtörmer, Nobel de littérature 2011, Beausoleil l'explorateur se lance maintenant dans la poésie des pays nordiques avec lesquels nous avons en partage les saisons et les longs hivers. Outre cette dimension climatique, le poète anthologiste dira que la poésie québécoise est autant narrative qu'abstraite et qu'«elle n'a pas peur d'aborder les grandes questions».

Local-universel, ici-partout... Dans cet esprit, le «plan Beausoleil» du Poète de la Cité s'articule autour de l'événement «21 poètes pour le XXIe siècle» qui, le printemps prochain, mettra les stations de métro au service de la poésie. On connaît la «signature» de la station Mont-Royal qui débouche sur la place Gérald-Godin, dont le poème Tango est inscrit sur le mur du 4433 rue Rivard. «La station Sherbrooke, continue Claude Beausoleil, c'est le carré Saint-Louis et Nelligan; la station Jean-Talon nous amène à la Maison de la Poésie (Casa d'Italia). Quant à la station Crémazie, c'est la seule du réseau qui porte le nom d'un poète...» Octave Crémazie (1827-1879), «symbole littéraire par excellence de l'aliénation canadienne-française», écrit Réjean Robidoux de l'Université Laval dans biographi.ca, était un libraire de Québec qui s'est adonné aux lettres en «rimeur sincère» mais qu'à cela ne tienne: à quand un «Poète de la Capitale» ? Ottawa a déjà le sien...

Ici entre-temps, Claude Beausoleil le «Métropoète» est partout à la fois, pour dire la cité qui l'a toujours inspiré: désinvolte Montréal/tu t'inventes facilement/une sorte d'éternité.

«La poésie est un secret qu'il ne faut pas garder...»

Claude Beausoleil dédicacera son nouveau recueil au stand des Écrits des Forges (304) aujourd'hui, demain et dimanche.