Dire que René Bonenfant est un homme du Livre ne le renvoie pas à la Bible ou à quelque autre source de sagesse. Non. René Bonenfant est plutôt l'homme de sagesse du livre, du livre profane qui s'écrit, se compose, s'imprime, se distribue, se vend et se lit.

Il est l'homme du livre savant des Presses de l'Université de Montréal, où il s'est initié à l'édition il y a 40 ans, et l'homme du livre populaire qu'il a plus tard vendu pour les Éditions de l'Homme et Beauchemin. Il est l'homme des beaux recueils de poésie des Éditions du Noroît, qu'il a fondées et dirigées pendant 20 ans avant de devenir l'homme des subventions au livre au Conseil des Arts du Canada.

René Bonenfant est encore, et surtout, l'homme du Salon du livre de Montréal (SLM), dont il préside le conseil depuis 2005. «Le Salon est un formidable lieu de rencontre et de concertation», nous dira M. Bonenfant, âge de 72 ans, un bel âge pour passer le flambeau, ce qu'il fera à la prochaine assemblée annuelle de la Corporation du SLM, en février. «J'aurais pu rester: les membres du conseil m'appuient, mais il faut savoir partir...»

Durant le septennat de M. Bonenfant, période de consolidation et de consensus, le SLM est d'abord passé de cinq à six jours. L'ajout du mercredi, explique le président, a permis de porter de deux à trois le nombre de matinées scolaires au cours desquelles le Salon accueille, bon an, mal an, entre 15 000 et 18 000 écoliers, une «opération un peu perturbante» qui n'en dessert pas moins le lectorat de demain. Avec les matinées scolaires programmées les mercredi, jeudi et lundi, le Salon peut consacrer son vendredi aux professionnels... et aux aînés, qui ne risquent pas de se faire renverser par des hordes de préados survoltés. L'autre héritage logistique de la présidence Bonenfant est l'ouverture aux exposants - des éditeurs jeunesse pour la plupart - des espaces intermédiaires entre l'accueil et le Grand Hall d'exposition de Place Bonaventure. «Bien sûr, ce n'est pas la grande salle: le plafond est plus bas et le passage, étroit, mais tous les visiteurs du Salon doivent obligatoirement passer devant ces stands.» Et deux fois plutôt qu'une: 150 000 x 2...

De Guadalajara à Francfort, René Bonenfant a visité pas mal tous les salons et foires du livre depuis 35 ans et il connaît le statut de chacun. «Au Canada anglais et aux États-Unis, les éditeurs favorisent les relations avec les intermédiaires. Notre Salon y fait des jaloux à cause du contact direct que l'on préconise ici entre les auteurs et le public. À cet égard, les salons du livre du Québec sont uniques.»

René Bonenfant sait que son successeur devra présider à la recherche d'approches novatrices pour tenir compte des nouvelles plates-formes du livre. Pour l'heure, reste une organisation efficiente dont René Bonenfant a orienté les destinées en bon père de famille.

De la belle ouvrage.