Si vous connaissez Kid Paddle, Léa Olivier, L'agent Jean et Billy Stuart, vous avez probablement un enfant qui fréquente l'école primaire. Ils étaient des milliers de jeunes lecteurs hier à participer aux journées scolaires du Salon du livre de Montréal pour rencontrer leurs idoles, auteurs et illustrateurs qui ont créé ces personnages qui meublent leur imaginaire.

Nous avons plongé dans cette cohue bruyante et enthousiaste pendant quatre heures en suivant quelques auteurs-vedettes.

MIDAM

Il est 8h45 et nous avons rendez-vous avec le Belge Midam, qui commencera sa séance de dédicaces à 9h.

L'auteur de la série Kid Paddle et autres Game Over est un habitué et connaît toujours autant de succès auprès des enfants: il signe des autographes quatre heures par jour pendant toute la durée du Salon. À trois minutes par signature (dessin compris), il a donc vu hier à peu près 80 personnes.

Comment se sent-il quand c'est terminé? «Pendant une heure, un peu comme dans Walking Dead, rigole-t-il. Mine de rien, chaque personne prend un petit quelque chose de moi. J'ai besoin de me refaire après.»

Ce qui ne l'empêche pas de revenir sur le plancher du Salon plus tard. «Hier [mercredi], je suis revenu signer pendant encore deux heures, de 17 h à 19 h.» Pas pour rien que les jeunes l'aiment autant.

CATHERINE GIRARD-AUDET

Il est 9h45, et tout à coup il y a plein d'agitation au stand de la maison d'édition Les Malins. «Elle est là, elle est là!», lancent les jeunes filles qui voient Catherine Girard-Audet arriver par l'arrière elles n'auraient pas été moins excitées devant les gars de One Direction.

Catherine Girard-Audet, c'est la nouvelle India Desjardins, l'idole des préadolescentes, auteure, entre autres, de la très populaire série La vie compliquée de Léa Olivier et de l'ABC des filles. Enceinte de six mois, elle s'apprête à entamer une séance de signature de 90 minutes.

«Avant, on étirait toujours la séance, mais là, il faut lui faire attention», dit son frère Marc-André, éditeur et fondateur de la maison, en regardant sa petite soeur d'un air protecteur.

Avec chaque lectrice, l'auteure de 35 ans prend le temps de parler, d'écrire un petit mot et d'apposer un tampon encreur. «Elle devrait avoir le temps d'en voir une centaine ce matin», dit-il.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Catherine Girard-Audet

ALEX A.

Il est 10h10, et Alex A. n'est toujours pas arrivé alors que sa séance devait démarrer à 10h. «Ça fait une demi-heure qu'on attend, une dame nous a dit qu'il est en retard et qu'il arrivera bientôt, racontent Maxime et sa bande, qui sont les premiers dans la file.

À 10h15, Alex A. arrive enfin, sorte de croisement entre Fred Pellerin et Jean Leloup avec sa tuque bleue et ses pantalons à carreaux. Il se met aussitôt à apposer sa signature il le fera jusqu'à 11h45, puis reprendra l'exercice en après-midi , entouré d'une horde d'admirateurs qui sont venus au Salon juste pour lui.

Sa BD L'agent Jean, lancée en 2011 et dont le septième tome est sorti cet automne, est le succès-surprise de l'édition québécoise des dernières années.

«C'est fou, confirme son éditrice au groupe Modus, Marie-Ève Labelle. À chaque nouveau tome, il est en tête des palmarès des ventes.»

Maxime, lui, vient nous montrer sa dédicace. «Ça valait la peine d'attendre!» Pour lui, c'est mission accomplie, il pourra maintenant se promener tranquillement dans le Salon avec ses amis.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Alex A.

ALAIN M. BERGERON

Il est 11h30 et Alain M. Bergeron est en grande conversation avec Lucas Blanchard, 9 ans, qui lui aussi aimerait bien devenir auteur.

«Est-ce que c'est payant?» l'interroge-t-il. L'omniprésent auteur jeunesse qui, avec ces huitièmes aventures de Billy Stuart, en est à son 200e livre (!), lui explique comment fonctionnent les droits d'auteur.

«Je gagne bien ma vie, ne t'inquiète pas», dit-il en souriant, lui livrant déjà le titre des deux prochains tomes, et même une partie de l'intrigue.

Alain M. Bergeron n'est pas ce qu'on peut appeler une star, mais sa constante présence en fait un auteur aimé des jeunes. Ils étaient une bonne dizaine à attendre pour lui parler au moment de notre passage. Comme avec Lucas, qu'il a même invité à venir s'asseoir avec lui pendant quelques minutes, il accordera à chacun temps, sourire et bonne humeur contagieuse.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Alain M. Bergeron

ADAM

Il est 13h et Midam termine ses quatre heures de signature en passant le flambeau à Adam, coauteur de l'avatar de Kid Paddle, Game Over, et qui signera des dédicaces jusqu'à 17h!

«Comme ça, on ne ferme pas la file de la journée», dit le généreux Midam, les yeux rougis et les mains tachées.

Après avoir engouffré quelques pâtisseries et avoir accepté de se faire prendre en photo «Je reste habillé par contre!» , il part se reposer, et nous quittons le Salon encore bondé de jeunes.

Mais la journée achève et dehors, devant la Place Bonaventure, plusieurs groupes sont déjà sur le point de monter dans leurs autobus. Enfin de l'air frais. Mais pour les auteurs, c'est loin d'être fini!

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Midam et Adam

AMBIANCE

Il est 12h30 et il y a des enfants partout, de tous les âges, dans tous les coins du Salon, en grappes en train de faire la queue ou assis par terre en train de lire.

Trois journées sont consacrées aux écoles pendant l'événement, soit le mercredi, le jeudi et le lundi; 18 000 écoliers sont inscrits aux journées scolaires, ce qui donne une moyenne d'environ 6000 jeunes par jour. On peut imaginer le nombre de décibels...

«Moi, en vieillissant, je trouve ça de plus en plus difficile, confie Midam, qui a 51 ans. Le niveau de bruit est vraiment une épreuve et à chaque début de Salon, c'est violent. J'oublie la force de cet événement d'une fois à l'autre...»

Photo: Martin Chamberland, La Presse