Le numérique et ses enjeux sont encore cette année au coeur des débats. Et il sera possible pour les visiteurs de s'initier à cette nouvelle manière de lire et d'apprendre.

Depuis que Denis-Martin Chabot vend ses livres en format numérique, il a accès à un public beaucoup plus large. Mais il a découvert qu'il doit multiplier ses efforts de promotion.

«Quand on écrit pour une niche comme moi, c'est plus difficile de percer dans les grandes surfaces», explique le romancier, qui est aussi journaliste à Radio-Canada. «Mais avec le livre numérique, on a accès à la même niche partout dans le monde. Il y a aussi des avantages pour certains lecteurs: quand on est en Afrique du Nord, il peut être risqué de se promener en public avec un livre qui traite d'homosexualité. Mais avec un livre numérique, c'est anonyme. Comme auteur, je dois par contre mettre beaucoup plus de travail dans les réseaux sociaux. Je vais sur Facebook, sur les groupes francophones LGBT. Je dois demander la permission d'y écrire pour parler de mon livre. C'est un travail très long. On gagne quelque part, mais on perd ailleurs.»

Un autre défaut, selon M. Chabot: la démocratisation de la publication a multiplié les livres bancals. «Les grands éditeurs n'ont pas abaissé la barre, mais les petits, oui. J'ai fait partie de comités de lecture ayant refusé des livres qui ont par après été publiés par des éditeurs plus petits. Et il y a la publication à compte d'auteur, qui est beaucoup moins coûteuse avec le numérique.»

La francophonie est en retard sur le numérique. Aux États-Unis, sa part de marché est de 27 % des ventes totales de 1,47 milliard US, selon l'Association des éditeurs américains. En France, elle est de 2,4 %, selon le Syndicat national de l'édition (il n'y a pas de données fiables pour le Québec). «Mais on s'en va vers ça, dit M. Chabot. J'achète à peu près la moitié de mes livres en format numérique, et j'ai commencé à jeter des livres de ma bibliothèque qui sont disponibles gratuitement en numérique, des classiques. Je pense que les seuls domaines où je préfère nettement le livre en papier, c'est le grand livre avec des photos et la bande dessinée. L'écran est trop petit pour pouvoir distinguer les mots tout en voyant la page complète et je n'aime pas voir seulement une partie de la page.»

La liseuse de l'éditeur

L'an dernier, les Éditions Dédicaces ont lancé leur liseuse au Salon du livre. Une deuxième version, à écran tactile, a été introduite immédiatement après. Selon Guy Boulianne, PDG des Éditions Dédicaces, c'est la première fois qu'un éditeur - par opposition à une librairie - lance une liseuse. À tout le moins sur les marchés francophone et anglophone. La liseuse vient avec 100 livres, d'une valeur de 1000 $, mais est vendue 140 $. Seulement 200 liseuses ont été vendues, mais selon M. Boulianne, c'est une manière de faire la promotion de plusieurs auteurs en même temps. La liseuse de Dédicaces, qui peut aussi lire des livres vendus ailleurs, est fabriquée en Chine.

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La table ronde sur les enjeux du numérique, avec entre autres Denis-Martin Chabot et Guy Boulianne des Éditions Dédicaces, aura lieu samedi à 10 h 45 à l'Agora.

Une conférence sur le livre numérique pour les néophytes est présentée par Archambault vendredi à 19 h et samedi à 14 h 30 à l'Espace Archambault.

Des ateliers spéciaux sur l'utilisation du livre numérique à l'école auront lieu de 9 h à 15 h mercredi, jeudi, vendredi et lundi, au stand 275-Pearson ERPI