Se faire valoir... Encore faut-il savoir s'y prendre. Les écrivains s'y connaissent, eux qui doivent, après des mois ou des années d'écriture et de réécriture, et après de longs moments de réflexion, remettre leur manuscrit à tel ou tel éditeur, qu'il leur faut d'abord choisir, s'ils n'ont pas déjà de contrat.

C'est un peu de tout cela qu'il sera question à la table ronde joliment nommée L'art de déposer un manuscrit et animée par l'auteure Marie Hélène Poitras et Jean Bernier, directeur de l'édition chez Boréal.

En entrevue, Marie Hélène évoque un peu l'idée de «magasiner» pour son éditeur. «C'est un processus très concret, choisir un éditeur. Il faut envisager plusieurs choix. On ne se fait pas nécessairement dire oui tout de suite. Les manuscrits sont soumis à des comités de lecture, et il n'y en a pas beaucoup qui sont retenus.»

On se demande souvent si ces comités, ces «lecteurs professionnels», se donnent vraiment la peine de lire les textes dans leur entièreté. Poitras explique: «L'éditeur cherche un auteur qui a une voix, qui fait vraiment de la littérature, qui ne propose pas seulement un témoignage sur sa rupture amoureuse ou un long récit de voyage», ajoutant que beaucoup d'écrivains en herbe s'imaginent trop vite qu'ils seront forcément publiés puisque leur récit et leur écriture sont sincères.

L'écriture solitaire n'est que le début de l'ouvrage, selon Poitras. «Il y a beaucoup de travail à faire quand un manuscrit est accepté. Il faut être ouvert à retravailler le texte, à suivre les conseils, sans être non plus trop mou ou intimidé.» Dit autrement, on peut écrire avec la meilleure volonté et la plus grande honnêteté, il faut tout de même se remettre au travail si on veut être publié par une maison d'édition idéalement respectée. À moins, évidemment, de publier «à compte d'auteur» et de courir le risque de passer très loin des radars médiatiques.

Poitras a mis quelques années pour venir à bout de son premier roman, Soudain le Minotaure (paru en 2002 chez Tryptique) et avait proposé son manuscrit à quatre maisons d'édition: trois étaient preneuses. Elle a dû cogiter et choisir. Vaut-il mieux rester fidèle à un seul éditeur, comme l'ont fait Beckett ou Duras, poulains des Éditions de Minuit ou, au contraire, vaut-il mieux être volage et papillonner d'une maison à l'autre? On ne sait pas. Vaut-il mieux proposer un manuscrit imprimé ou envoyer un CD-ROM? On ne sait pas non plus. Venez entendre discuter des gens qui s'y connaissent.

________________________________________________________________________________

L'art de déposer un manuscrit à 17 h 30 au Carrefour Desjardins.