On l'a taxée de superficielle. On l'a accusée d'être facile, prévisible et un peu bête. Les critiques dits sérieux l'ignorent ou en parlent du bout des lèvres. Pour eux, la «chick lit» (littérature pour filles ou «chicks» en anglais) est tout simplement de la «sous-littérature».

Lectrice avide du genre, devenue à son tour une auteure à succès (La vie épicée de Charlotte Lavigne, éditions Libre Expression), Nathalie Roy déplore ces préjugés tenaces.

Vrai que la chick lit se lit bien. On la consomme pour se divertir, pour sourire et parce qu'on aime la recette. Une jeune trentenaire, urbaine et célibataire comble ses angoisses existentielles par le magasinage et la bonne bouffe. Elle cherche le grand amour, mais heureusement, il y aura toujours les copines, aussi fofolles qu'elle.

Déjà vu? Sûrement.

Mais au-delà des clichés, la chick lit peut combler de véritables besoins. «Il y a moyen de faire ça intelligemment, lance l'écrivaine, qui vient de lancer Cabernet sauvignon et shortcake aux fraises, le troisième tome de sa série. Si avec mon personnage, je peux donner confiance et envie à mes lectrices de se dépasser, j'aurai atteint mon but, autant que l'intello qui a écrit une grosse brique théorique.»

Même son de cloche chez Élisabeth Locas, qui signe Désirs, vertiges et autres folies aux Intouchables. Après avoir longuement réfléchi sur la chick lit - pour, au final, en écrire à son tour -, la comédienne a constaté que le genre avait un potentiel insoupçonné.

Certes, il y aura toujours des Bridget Jones et des Sophie Kinsella. Mais la formule, dit-elle, ne se limite plus aux ingrédients de base.

«Il me semble qu'en 2012, on est rendus ailleurs. En tant que jeunes femmes, nos questionnements et nos préoccupations dépassent largement le magasinage et la quête de la beauté extérieure. On n'est plus dans une culture de victimisation. Je vois même tout le contraire.»

On en déduira que le meilleur est à venir pour ce genre en évolution. Mais attention, prévient Elisabeth Locas, de ne pas alimenter les mauvaises langues. La chick lit est «vaste et pleine de possibilités», pourvu qu'on évite les stéréotypes qui lui collent aux baskets.

«Ce genre-là, au lieu de le tuer avec des préjugés, pourquoi ne pas l'exploiter?, conclut la jeune femme. Il y a un vaste lectorat pour ça. Faisons-lui confiance!»

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> Mythes et légendes des trentenaires d'aujourd'hui, avec Rafaële Germain et Nathalie Roy, vendredi, 16h30, au Carrefour Desjardins.

> Élisabeth Locas anime Désirs, vertiges et autres folies (L'écriture de la chick lit, s'éloigner des clichés et de la superficialité), jeudi, 18h15, à l'Agora.