Des suggestions de pièces à ne pas manquer pour cette saison théâtrale.

Nature morte dansun fossé, Espace libre (du 11 au 22 janvier)

Ce «polar théâtral» créé à Québec en 2009 et mis en scène par le directeur artistique du Théâtre Péril, Christian Lapointe, a été écrit en 2001 par le jeune dramaturge italien Fausto Paravidino. Nature morte dans un fossé fait le récit d'un meurtre, celui d'une étudiante retrouvée dans un fossé. Se côtoient sur scène, notamment, un policier désabusé, une prostituée yougoslave, un pusher et une ex-militante de Mai 68. Il s'agit de la troisième mise en scène de l'auteur de Trans (e), Douleurs fantômes et Limbes, toutes trois présentées l'an dernier. En mars, Christian Lapointe interprétera un monologue de Lars Norén, dans une mise en scène de Brigitte Haentjens.

En attendant Gaudreault et Ta yeule Kathleen, Théâtre d'Aujourd'hui,  Salle Jean-Claude-Germain (du 11 au 29 janvier)

Écrites et mises en scène par Sébastien David, qu'on a vu au Quat'Sous dans Chambre (s) d'Éric Jean, ces deux courtes formes sont interprétées par Frédéric Côté, Marie-Hélène Gosselin et Sébastien David. La première pièce, construite sur le thème de l'attente, fait évidemment référence à la pièce de Beckett. En attendant Gaudreault met en scène trois personnages à la fois naïfs et solitaires, qui vivent de l'espoir d'un monde un peu meilleur. Ta yeule Kathleen aborde le quotidien d'une jeune mère seule, qui ne supporte plus les pleurs de son bébé. Ce qui lie les deux pièces? La prise de parole de petites gens.

La belle et la bête, TNM (du 18 janvier au 12 février)

Michel Lemieux et Victor Pilon retournent au TNM pour présenter une version contemporaine du mythe de La belle et la bête. Avec ces deux maîtres des illusions, il faut s'attendre à des projections et des tours de magie. Bénédicte Décary joue la belle, qui est une artiste rebelle, François Papineau incarne la bête, un homme meurtri par l'amour, et Andrée Lachapelle s'ajoute au tandem dans le rôle d'une fée marraine manipulatrice. Pierre-Yves Lemieux signe les dialogues de ce conte pour adultes où les acteurs en chair et en os partageront la scène avec des personnages virtuels.

Projet Andromaque, Espace GO (du 18 janvier au 12 février)

Après avoir revisité Goldoni à l'automne avec une version agréablement décadente de Il Campiello, Serge Denoncourt se frotte à Jean Racine, en adaptant sa pièce Andromaque. Les huit comédiens menés par Anne Dorval et Jean-François Casabonne recréent cette tragédie écrite en alexandrins au XVIIe siècle, dont l'action se situe au lendemain de la guerre de Troie. La pièce de Racine y décrit «une chaîne amoureuse à sens unique, où Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque».

Moribonds, Théâtre de l'Esquisse(20 au 29 janvier)

Le chorégraphe Dave St-Pierre met en scène un nouveau texte de Sarah Berthiaume (Le déluge après). Moribonds raconte les obsèques d'un père de famille qui s'était effacé derrière l'unique rôle de sa vie: le clown Ronald. Le dernier hommage est aussi l'occasion d'un saccage à la mémoire d'un homme que ses propres enfants ne pleurent pas. Marie-France Marcotte et Gaétan Nadeau font partie de la distribution de cette première création du Tilt.Théâtre. La toute jeune compagnie veut provoquer la rencontre d'artistes établis et de jeunes de la relève dans un théâtre contemporain qui raconte des histoires qui «tiltent.

In extremis, Rideau Vert (du 8 février au 12 mars)

C'est l'occasion de voir la comédienne Karine Vanasse, qui, malgré ses nombreux rôles au cinéma, foulera les planches pour son premier rôle au théâtre. Écrite par l'Américain William Mastrosimone, In extremis raconte l'histoire d'une agression qui se retourne contre l'agresseur, interprété par Sébastien Gauthier. Karine Vanasse, dans le rôle de l'agressée (un rôle défendu au théâtre par Susan Sarandon lors de la création en 1982 et plus tard par Farah Fawcett), prendra le dessus de la situation au point de devenir elle-même le bourreau de ce garçon mal intentionné. Jean-Guy Legault signe la mise en scène de la pièce, qui met aussi en vedette Julie Perreault et Geneviève Bélisle.

Le boss est mort, Quat'Sous (du 15 février au 5 mars)

Spectacle solo très attendu avec Benoît Brière, qui interprétera le «gars de la shop», personnage récurrent que l'on retrouve dans plusieurs des monologues de l'humoriste Yvon Deschamps. Créé pour la première fois en 1968 (au Quat'Sous) pour son monologue Les unions, qu'ossa donne, ce personnage «démuni intellectuellement» verra sa vie basculer lorsqu'il apprendra la mort de son patron. Dominic Champagne et Michel Crête, qui signent la mise en scène et la scénographie, ont réécouté les 10 heures d'enregistrements de celui qui se fait appeler «Chose» ou «Toé» pour en extraire environ deux heures. Avec la bénédiction du principal intéressé, Yvon Deschamps, à l'origine de ce projet qu'il voulait absolument mener avec Benoît Brière. Mais non, il n'y a pas de pression pour le comédien...

Histoires d'hommes, Prospero (15 février au 5 mars)

Parfois, les titres induisent en erreur. Histoire d'hommes est une pièce construite sur des monologues destinés à des actrices. Le dramaturge français Xavier Durringer parle donc des hommes à travers le regard des femmes. Proposition singulière qui permet à Miguel Doucet (Théâtre Globe Bulle Rouge) de conclure sa trilogie «trois femmes» amorcée avec Trois histoires de mers (2008) et Je m'appelle Marilyn (2009). Pénélope Jolicoeur, Debbie Lynch-White et Véronique Pascal se partagent les fragments choisis.

Elling, Duceppe (16 février au 26 mars)

Elling est ce qu'on pourrait appeler un «p'tit gars à maman». Il a d'ailleurs vécu avec la sienne jusqu'à ce qu'elle meure. Grand anxieux, il est placé dans une institution psychiatrique ou il se lie d'amitié avec un autre pensionnaire. Tous deux servent bientôt de cobaye à un programme de désinstutionnalisation et sont transférés dans un appartement où ils doivent apprendre à vivre en société, avec le moins de soutien possible. Puisque les comiques Guy Jodoin et Stéphane Bellevance campent les deux amis, on pressent que ce drame donnera lieu à un spectacle au ton léger.

The Dragon fly of Chicoutimi, Espace Go (22 février au 19 mars)

L'adaptation pour cinq acteurs que Claude Poissant a faite de la pièce de Larry Tremblay fut l'un des événements du dernier Festival TransAmériques. «Daniel Parent, Étienne Pilon, Dany Boudreault, Patrice Dubois et Mani Soleymanlou se passent le témoin avec beaucoup d'adresse. Quand l'un d'entre eux prend la parole, les autres magnifient les mots de Gaston, grâce à un jeu très bien chorégraphié, tout en mouvements, parfois en choeur, avec effets de bruitages en sus», écrivait Jean Siag, en juin dernier, en plus de souligner le caractère humoristique de la mise en scène. Un pari réussi.

À toi pour toujours ta Marie-Lou, TNM (3 au 28 mai)

Gill Champagne s'est déjà mesuré à Marie-Lou. Il avait alors imaginé les personnages enlisés dans un marécage mémoriel. L'appartement de Manon était entouré d'eau. Le directeur artistique du Trident, à Québec, reprend ce concept et le peaufinera afin de marquer les 40 ans de cette grande tragédie familiale de Michel Tremblay. Marie Michaud, Denis Bernard, Kathleen Fortin et Dominique Quesnel forment la distribution.

(...), Théâtre d'Aujourd'hui (du 19 avril au 22 mai)

L'hiver dernier, au moment de dévoiler la programmation du Théâtre français du Centre national des arts, Wajdi Mouawad disait n'avoir aucune idée de ce que serait sa prochaine création. Il affirmait vouloir entrer en salle de répétition les mains vides et imaginer, écrire et monter le spectacle directement dans l'atelier, avec les acteurs et les autres concepteurs. Ces deux parenthèses et les points de suspension qui servent de titre de travail à ce nouveau spectacle symbolisent ce saut vers l'inconnu. Le spectacle sera inauguré à Québec le 8 mars et passera par Ottawa avant d'être présenté à Montréal.