«La voiture, c'est le lieu de tous les possibles», s'emballe Marie-Josée Bastien, à propos de Transcanadienne, pièce née d'une collaboration avec Stéphan Allard. La scène d'Espace Libre sera transformée en temple de la tôle, pour recevoir Jean Baudet (Luc Senay), un garagiste qui ressent les émotions des bagnoles. S'ensuivra une suite de sketchs déclinant le «char» dans tous ses états...

«On dit que c'est par le lit que nous entrons dans le monde. Mais nous on dit que non: c'est par le char!» avance Marie-Josée Bastien, amoureuse de la route et habituée de la «20.»

 

«Je fais le trajet Québec-Montréal une fois par semaine, je n'ai aucun problème avec ça. Ce sont deux heures qui m'appartiennent: dans la voiture, je fais des listes dans ma tête, j'écris des sketchs, je ne suis dérangée par rien.»

Transcanadienne est la deuxième collaboration de Marie-Josée Bastien avec le Nouveau Théâtre Expérimental. La comédienne était de la distribution de Rabelais (d'Olivier Kemeid), mise en scène par Kemeid, Alexis Martin et Patrick Drolet.

«J'ai demandé à Stéphan (Allard) s'il voulait travailler avec moi. Parce que c'est un bon ami, un bon créateur et un bon auteur. Comme on avait besoin d'un troisième comédien, nous avons demandé à Luc Senay de se joindre à nous. Ça lui tentait de recommencer à jouer ici. On fait un beau trio inusité!»

Sur la route

Stéphan Allard ajoute que l'écriture de Transcanadienne lui a permis de se rendre compte de la place immense que tient l'automobile dans nos vies. «Il y a beaucoup de souvenirs liés à la voiture: la route, les vacances, les chicanes avec les frères et soeurs, le temps passé dans l'autobus scolaire. Nous traînons un bagage à l'endroit des voitures qui ont marqué notre vie», dit le jeune auteur et comédien.

Les sketchs qui composent Transcanadienne sont tous greffés au destin de Jean Baudet, le garagiste sensible qui se branche aux émotions des voitures qu'il «soigne.» On rencontrera ainsi un couple gai qui, après une séparation, a convenu d'une garde partagée pour la voiture chérie. Il y a aussi une réflexion sur le deuil des personnes âgées qui perdent leur permis de conduire. Une prostituée qui accuse son client d'être moins loquace que sa bagnole...

«Ce n'est pas un show qui a été difficile à écrire. Nous avions tellement d'anecdotes à dire sur le sujet», concède Stéphan Allard, qui estime qu'une certaine nostalgie entoure le sujet de la voiture.

«La mort de GM nous renvoie à quelque chose de nostalgique. Stéphane Laporte, dernièrement, parlait de la belle époque où l'on prenait l'auto pour aller à l'Orange Julep. Les collectionneurs de vieilles voitures touchent aussi à cette corde nostalgique. L'image de la liberté associée à l'automobile fait partie de notre passé.»

Coût de l'essence, réchauffement climatique, embouteillages... La voiture a perdu de son lustre de la douce époque où elle était associée à la liberté. Si les portières avaient des oreilles, elles en auraient sûrement long à raconter. Les garagistes sauront vous le dire...

Transcanadienne, texte et mise en scène de Stéphan Allard et Marie-Josée Bastien, du 5 au 23 mai à Espace Libre.